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Ce n'était pas le moment pour les rêves intrusifs.

Mais Sidjil s'était réveillé avec un barreau qui ferait pâlir le couple Balkany.

Pour plusieurs raisons, il savait que s'adonner à une sieste était une idée dangereuse. D'abord, les chances pour qu'il arrive en retard chez Billy augmentaient considérablement. Ensuite, il avait remarqué à quel point ses rêves étaient vivides et expressifs ces derniers temps. Son subconscient était bien plus réceptif qu'habituellement aux événements de sa vie.

Cet après-midi, ses songes devaient avoir culminé à un scénario qu'il ne parvenait pas à oublier, même dans les détails les plus minutieux. Il avait ouvert les yeux depuis cinq minutes. Cinq minutes à observer le plafond alors que comme une hallucination, ce rêve s'y projetait dans une brume vague. Cinq minutes à sentir crépiter cette chaleur au fond de son abdomen. Cinq minutes où dans la torpeur de son réveil, il avait oublié la nature compliquée de sa relation avec Maxime.

Son nom qui résonnait dans ses pensées et qui arpentait le bout de sa langue, ce n'était devenu qu'une énième vague de chaleur prolongeant ce rêve moite. Sidjil ouvrait la bouche pour mimer son prénom et les images se reconstruisaient d'elles-mêmes.

Des images qui ressemblaient beaucoup à Maxime et lui posés dans un gigantesque lit, puis une conversation indistinguable qui tourne vite en taquineries loin d'être innocentes, puis Maxime qui le surplombe dans une vision qui faisait bien trop d'effet à Sidjil, puis sans cohérence, une dernière esquisse culminante sur leurs silhouettes entremêlées et nues, alors qu'il agrippait les hanches de Maxime pour calibrer la cadence de ses coups de bassin.

Sidjil s'était réveillé à bout de souffle. Il était tellement dans la merde qu'il préférait cacher son air misérable dans un rire étouffé dans la paume de sa main.

Il aurait pu garder la dimension très douce de ses sentiments. La joie qu'il éprouvait à revoir Maxime ou recevoir un de ses messages, la manière dont il s'inquiétait pour lui d'une manière si différente des autres ou même l'espèce de fixette qu'il faisait depuis quelques jours sur la photo que Maxime lui avait envoyée où il portait son casque, tout ça lui convenait si bien qu'il les prenait comme des détails importants de sa vie. Il les mettait en haut de la liste, avec toutes les autres raisons qui ne faisaient que lui donner tort si un jour il osait encore nier ses sentiments pour Maxime.

Mais plus le temps passait, plus tenter d'ignorer le reste était vain. Il éprouvait un désir insoutenable pour Maxime. Il n'arrivait plus à le regarder sans s'attarder un peu trop longtemps sur les détails qui le constituaient, que ce soient ses lèvres ou ses clavicules couvertes par les cols de ses hauts. Un plaisir qu'il n'assumerait jamais le chatouillait quand il le dévisageait.

Sid repensait souvent au moment où tout était devenu plus profond entre eux. Il repensait à sa main toute innocente posée sur la cuisse de Maxime, et les mains tremblantes de ce dernier. Il repensait à cette curiosité singulière qui lui avait fait découvrir la fin d'une des fanfictions qu'ils avaient lues. Non, il y repensait beaucoup ces derniers temps. Heureusement qu'il arrivait à dormir la nuit parce qu'autrement, il aurait fini par replonger dans certains paragraphes. Et Sidjil était sûr qu'il n'aurait pas eu la même réaction que la première fois, pire : il était sûr qu'il aurait laissé sa main accompagner sa lecture.

Toujours avachi dans les coussins du canapé, Sidjil soupira longtemps, jusqu'à ne plus avoir d'air dans ses poumons. Il baissa ses yeux dépités vers le bas de son corps et en pensant à la suite de la journée, il n'y eut pas la moindre hésitation.

Il fila dans la douche et se déssoûla sous un jet glacé. Il hissa les dents pour retenir des cris aigus, respirant fort pour passer outre la température de l'eau qui lui comprimait le torse, et ce ne fut que lorsqu'il arriva à penser à son précédent rêve sans y perdre à la fois son corps et son esprit, que Sidjil se récompensa d'eau tiède.

point d'interrogation [maxime&djilsi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant