Chapitre 8

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Jézabel

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Jézabel


Je sens le regard de Sam me brûler la nuque.

_ Il ne s'est pas moqué de vous, très cher, cette bague est somptueuse.
L'homme qui me tient la main, si j'en crois les photos que m'a envoyées Tucker, il s'agit de son patron. Alors, je le laisse tenir ma main plus longtemps que de raison tout en ravalant du mieux que je peux la bille qui remonte mon œsophage.

_ Tucker est un homme exceptionnel, ma voix est langoureuse, pleine de sous-entendus qui je l'espère viendront déstabiliser Sam.

Le revoir est encore plus difficile que je ne l'imaginais, moi qui pensais que le temps avait fait son œuvre, un seul de ses regards me prouve le contraire. Mon faux fiancé vient agripper ma taille me sortant de ma léthargie, me rapprochant de lui avant de glisser une main sur mon postérieur qu'il caresse de façon circulaire. Je souris en évitant de montrer mon mécontentement, mais une chose est sûre, ce soir à l'abri des regards, je la lui arrache.

_ C'est moi qui ai beaucoup de chance de t'avoir. Sa bouche vient s'écraser sur la mienne, je retiens un mouvement de recul et des jurons d'anthologies face à ce contact inattendu et non désiré.

Nos bouches se détachent, il pose son front sur le mien. Me murmurant un « je t'aime » sonore, je lui murmure plus doucement un « Tu es un homme mort ». D'après les, « qu'ils sont beaux » de l'assemblée, j'en conclus qu'ils ne m'ont pas entendu.

_ Oui, très beau couple, reprend une voix rauque. Je me détourne et découvre deux billes magnétiques. Sa voix a tellement changé ainsi que son physique, il fait tellement homme à présent. Déjà adolescent, il était imposant comparé aux autres élèves, mais là, il a pris davantage en muscle et a gagné plusieurs bons centimètres.

Le revoir me fait passer par toutes les émotions, mais celle qui prend le dessus sur toutes les autres, est la haine.

Le responsable de tous mes maux.

_ Jézabel, c'est ça ? Son regard malicieux me fait comprendre qu'il m'a reconnu. Comment pourrait-il en être autrement ? Même si ce que l'on a vécu était court, j'espère toutefois qu'il aurait été marquant autant qu'il l'a été pour moi.

J'acquiesce et l'interroge à mon tour.
_ Monsieur Sanchez ? Son regard glisse sur mon corps avant d'ajouter.

_ Le seul et l'unique.

Il m'envoie un clin d'œil qui me fait rater un battement. Il faut que je sois plus forte face à lui. Je ne suis plus cette gamine de quinze ans ignorante du monde qui l'entoure. Je suis une survivante, une femme forte et indépendante. La peur a trop longtemps pris l'ascendant sur ma vie, c'est terminé et s'il essaye de s'approcher, je lui présenterai la nouvelle moi.

Les discussions reprennent leur cours entre les différents hommes et leurs compagnes.
Tucker ayant toujours la main sur mes fesses, je me dégage d'un mouvement de hanche et sa main retombe instantanément. Il me fixe, interloqué, ainsi qu'un des hommes, alors pour détourner son attention, je m'approche de l'oreille de mon partenaire et lui chuchote à quelques centimètres de l'oreille.

_ Je vais aux toilettes.

_ Tu veux que je vienne avec toi ? Le foudroyant du regard, il lève ses deux mains, je t'attends là mon cœur, se reprend-il.

Je me détourne en exagérant mon roulement de hanches et traverse la pièce. Sous le regard persistant de certains invités, la tête haute, je déambule parmi eux. Abigaïl aurait été morte de peur face à autant de regards, mais Jézabel adore ça. Encore plus que ça, elle s'en délecte. Voilà ce qui fait ma force. C'est ma victoire sur la vie et les démons de mon passé, c'est mon putain de carburant.

Regardez, je suis bel et bien vivante, un phœnix, je renais de mes cendres encore plus fortes. Vous n'avez pas réussi à me détruire, je danse sur vos tombes et voici ma revanche.

Arrivée devant les toilettes pour femmes, je pousse la porte et les découvre vides. La pièce est aussi élégante que la salle de réception avec des murs blancs et du marbre beige au sol, les robinets chromés brillent de mille feux. Je m'avance devant l'évier, m'observe dans le miroir puis récupère ma poudre afin de faire quelques corrections au niveau de mes yeux.
La porte claque dans mon dos suivi du bruit d'un verrou que l'on tourne.
Je n'ai pas besoin de vérifier, car je sais pertinemment qui vient d'entrer. J'aurais presque été étonnée du contraire.

Son parfum boisé, si viril, lui va à ravir. On est loin du Sam adolescent, au vu de ce que je vois à travers le miroir, c'est maintenant un homme droit, fier et sûr de lui que j'ai derrière, moi. Un adversaire de taille.

_ Abigaïl. Sa voix grave résonne dans les sanitaires vides.

Je dépose mon poudrier et attrape mon rouge à lèvres. Je m'en badigeonne les lèvres tout en le fixant à travers le miroir. Une fois fini, je me lave les mains et saisis un papier dans le distributeur.

Je me retourne et le découvre à quelques centimètres de mon corps.

Sa proximité m'est plus supportable que pour la plupart des autres hommes, comme si mon corps se souvenait de lui. Quel traître.

_ Sam. Mon ton est plus sec que je ne l'aurai voulu.

Nos regards s'arriment sans que ni lui ni moi ne parlions. Une vague de chaleur glisse sur mon corps au souvenir du sien, sur le mien. Pendant ce temps-là, lui détaille chaque centimètre de mes chaussures à mes cheveux.

_ Tu as changé. Son intonation est plus une constatation qu'une question, donc je ne réponds rien. Il reprend. Tu es tombée bien bas ma petite Abigaïl, Tucker alors. Mes lèvres se pincent, il les observe, passant la langue sur les siennes. Je le contemple et réponds enfin.

_ Il sera toujours mieux que toi.
Je me décale sur le côté pour m'éloigner le plus possible de lui et de son aura magnétique.

_ Pourtant, c'est moi que tu voulais ! Sa voix est rauque, sa phrase fait remonter trop de mauvais souvenirs.
Rageusement, je me retourne et pointe du doigt avec toute l'aversion que j'éprouve pour cette personne.


_ Et tu m'as laissé tomber. Tentant tant bien que mal de dissimuler mon animosité et ma tristesse, je ne le lâche pas des yeux.

Je jurerai avoir vu un voile de tristesse passer dans ses yeux avant d'être balayé par son éternel regard neutre.

_ Je n'avais rien de bien à t'offrir...
Je m'approche de lui furieuse, le repoussant par le torse.
_ Je n'avais besoin de rien, que de ton amour ! Mon coup le fait à peine chanceler.
Il fronce les sourcils et passe une main sur son crâne.

_ Je ne pouvais pas...


_ Alors, va te faire foutre, comme il y a dix ans, laisse-moi... je m'avance, lui tournant le dos définitivement, déverrouille la porte et agrippe la poignée au point d'en faire blanchir mes articulations. Je suis avec Tucker maintenant, ne m'approche plus.

Je tourne les talons, bien décidée à partir le plus loin possible de lui. C'était une mauvaise idée, je ne suis pas prête pour tout ça.

_ Jézabel ! Tucker approche deux coupes de champagne en main. Je prends les deux et les bois d'un trait l'une après l'autre. Waouh, tu avais soif. Il regarde derrière mon dos et murmure près de mon visage, Sam approche.

Ma main vient crocheter sa nuque le projetant sur mes lèvres. Ses deux mains viennent me presser contre son corps. Sa langue cherche à passer la barrière de mes lèvres que je lui refuse. Je viens mordre sa lèvre inférieure suffisamment fort pour qu'il émette un grognement de douleur.

Nos bouches se détachent, nous haletons, tous les deux manquant d'oxygène. Je tombe alors sur le regard de Sam qui passe devant nous. Et je n'arrive toujours pas à déchiffrer son faciès. Comme à mes quinze ans, il reste une énigme.



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Jézabel (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant