Sam
_ Jessica, s'il vous plaît, apportez-moi une copie du dossier des Juliard.
Je relâche le bouton de l'interphone qui relie mon bureau à celui de la secrétaire, attendant sa réponse qui ne tarde pas.
_ Quand ? Je rectifie mon ancienne secrétaire.
Me redressant de mon siège en cuir, j'envoie mon point fracasser de nouveau l'interphone.
_ Voyez dans mon agenda pour Noël voir cet été !! Tout de suite, bordel de merde.
Monsieur Ravteine m'a collé une véritable plaie sur les bras pour que je cite « Celle-là ne finira pas sur le bureau. » J'ai beau être patient, cette femme me sort par les yeux.
Trois coups sont donnés sur la porte, je hurle un « entrez » tonitruant.
Des ballerines hideuses, un tailleur mal ajusté de petite manufacture, une coupe de cheveux des années quatre-vingt-dix. Non, elle ne finira définitivement pas sur le bureau ni en dessous d'ailleurs.
_ Votre dossier monsieur, si je peux me permettre, l'ironie ce n'est vraiment pas votre truc. Elle retire une peluche imaginaire de son tailleur, cherchant certainement à éviter mon regard noir.
_ Autre chose ? Je demande un sourire factice sur le visage.
_ Oui, je trouve votre façon de me parler assez frigide. Seigneur, elle a dit frigide.
Je croise les bras sur mon bureau, remontant les manches de ma chemise sur mes avant-bras sous son regard scrutateur.
Je la fixe, elle déglutit.
_ Je tâcherai d'être plus doux à l'avenir. Retournez à votre bureau, elle lève un doigt pour me dire que je dépasse de nouveau la limite. S'il vous plaît, j'ajoute alors. Elle me gratifie d'un sourire, se détourne, mais trébuche, se rattrapant de justesse au poignet de la porte. Je me masse les tempes. Seigneur, voilà ce que c'est d'avoir baisé tous les secrétaires potables au mètre carré.
La porte enfin claquée, mon dossier en main, je reprends mon travail dans le calme. Une heure plus tard, deux nouveaux coups sont donnés à la porte, je n'ai même pas le temps de dire entrer que l'intrus entre sans invitation.
_ Coucou, mon mignon, tu viens manger avec nous en salle de pause ? On a commandé des pizzas. Je relève le nez de mon dossier, Tucker et son sourire insolent avancent jusqu'à s'installer sur l'une des chaises en face de mon bureau.
Je jette un coup d'œil sur ma montre, merde quatorze heures déjà.
Je referme la pochette contenant mon dossier en cours puis me redresse, tout mon corps est engourdi à force d'être resté assis de longues heures. Je m'étire et commence à quitter mon bureau, ne voyant pas mon collègue bouger, je me retourne et le surprends le nez sur mes dossiers.
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Jézabel (Terminée)
RomanceAbigaïl voit sa vie partir en fumée pour une erreur. Impardonnable Inacceptable Irremplaçable ... Quatre mois d'horreur avant de voir la lumière au bout du tunnel et puis finalement peut-être pas. Un monstre après l'autre Abigaïl renaîtra-t-elle de...