Chapitre 10

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Jézabel

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Jézabel


Flash-back

Je marche jusqu'à la grande porte de sortie de notre colonie, serrant ma robe entre mes poings pour ne pas trébucher dessus. Les portes se referment dans mon dos, comme avec la sensation d'être observé, je jette un coup d'œil au poste de garde. Debout les mains dans son pantalon côtelé, Paul me salue d'un mouvement du menton.

Je baisse la tête beaucoup trop gênée pour lui répondre quoi que ce soit et entreprends de poursuivre mon chemin

_ Abigaïl, me hèle une voix dans mon dos.

Je me retourne et découvre Paul qui approche d'un pas hésitant dans ma direction. Les yeux écarquillés et la bouche devenue sèche, j'attends qu'il me rejoigne.

_ Comment vas-tu ? Son timbre est rauque, mais pas autant que celui de Sam.

Je fixe mes chaussures, incapable d'affronter son regard. Nous n'avons pas pour habitude de discuter avec des hommes étrangers, ce qui est même interdit.

Dans un souffle que je n'avais pas conscience de retenir, je réponds.
_ Très bien, merci.

Il se racle la gorge, mon regard glisse de ses chaussures en cuir à son pantalon marron et sa chemise blanche. Redressent franchement la tête, nos regards s'arriment, ses yeux d'un bleu gris si froid analysent mes traits avec curiosité. Me voyant mal à l'aise, il passe une main dans ses cheveux blonds, se sentant probablement pris sur le fait.

_ Tu vas à l'école chez les pécheurs alors, j'espère que tout va bien pour toi. Je tique à son insulte, j'essaye de ne lui montrer aucune émotion.

_ Oui.

Mon cœur et mon corps hurlent de ne pas l'écouter, que le monde extérieur n'est pas aussi moche, ce que l'on nous a décrit n'est pas forcément la réalité.

_ Je ne vais pas te retenir plus longtemps, tu as de la marche jusqu'au lycée. À bientôt, Abigaïl.

Il me sourit timidement, je le salue d'un signe de la main en retour, puis continue ma route.

Même si nous nous voyons tous les dimanches à la messe ou quand il vient rendre visite à mes frères à la ferme Paul, nous ne nous sommes jamais adressés la parole. J'aurai bien trop peur que l'on nous voie et que les idées ne fusent. En plus d'être strictement interdit, c'est également punissable de plusieurs sanctions, pouvant aller de travail d'intérêt général ou bénévolat pour l'église à la sanction ultime qui serait se voir demander de quitter la communauté. De mon vivant, il n'y a eu que deux femmes dans ce cas, l'une ayant été accusée d'adultère pour l'autre pour avoir fréquenté un homme hors mariage.

Essayant de me souvenir de la moindre chose, je marche jusqu'à repérer la Jeep d'Esmée. À l'approche de la voiture, la portière arrière s'ouvre en dévoilant le grand sourire canaille de Sam, je cours dans sa direction puis monte dans la voiture.

_ Bonjour, je lance d'une voix essoufflée à mes deux camarades.
Je ferme la portière délicatement, toujours aussi intriguée par se toucher de cuir que je peux avoir sous les mains durant quelques instants. Je ne peux m'empêcher de jeter des coups d'œil dans toutes les directions, inquiète à l'idée de m'être fait repérer.

Jézabel (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant