Juste un sourire

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Yseult

Assise sur le lit, alors que les premiers rayons du soleil passent par la fenêtre de ma chambre, mes doigts continuent de toucher mes cheveux fraichement coupés. Je ne sais pas ce qui m'a pris au juste d'accepter qu'elle me coupe les cheveux. Car même si le rendu est plutôt pas mal, j'ai l'impression de voir une autre personne dans le miroir. Mais n'est-ce pas le cas ? Je ne suis plus cette jeune fille innocente, depuis bien des années... et je ne parle pas de ce que j'ai fait il y a six mois... Je baisse mon regard sur mes mains, et une fois de plus, mon coeur se serre. Je serre les dents, et j'attrape le joint que Mi-Cha m'a roulé avant de sortir de la chambre. Amenant le briquet pour l'allumer, les larmes de dépits, et de souffrance, commencent à ruisseler comme toujours à ce moment-là.

— Ah, tu es réveillée !

La porte vient de s'ouvrir sans prévenir sur Carlson, qui marche vers moi avec un sourire sur les lèvres. Je le regarde, ahurie, ne comprenant pas ce qu'il fait dans ma chambre. Il n'y vient pourtant jamais... Je tressaille, avant qu'il n'arrive à ma hauteur, et qu'il se baisse pour me regarder étrangement. Je déglutis, me demandant ce qui lui prend... il ne vient quand même pas achever ce que j'ai voulu commencer dans la piscine. Serrant le joint dans ma main droite, et le briquet dans l'autre, mon souffle se coupe en croisant son regard, qui brille d'un vert, qui me paralyse totalement.

— J'admets que cela te va très bien, finit-il par dire en se redressant.

Je me rends compte qu'il parle de mes cheveux à cet instant, et mes mains tombent sur le lit, comme pour montrer mon soulagement, sur le fait qu'il n'est pas venu charruer mon corps... Cette idée me fait à nouveau tressaillir, et je me mords la lèvre un peu plus fort.

— Le déjeuner est prêt. J'espère t'y voir, fait-il en retournant vers la porte, et n'oublie pas ton appareil photo !

Je relève la tête, mais il a déjà disparu dans l'embrasure de la porte qu'un de ces hommes referment derrière lui. Je ne comprends pas pourquoi il semble de si bonne humeur. Mais... depuis quand est-il rentré ? Il m'avait dit qu'il ne serait pas là pendant au moins deux jours... Mais le problème ne se situe pas là... Je vais devoir prendre sur moi, et aller le rejoindre pour déjeuner, si je ne veux pas qu'une autre de ces jeunes filles, ne paient encore pour mon idiotie. Je sors du lit, et tout en trainant les pieds, je fais glisser la nuisette noire que je porte, et j'enfile une robe noire... ma garde-robe n'est pas très colorée et cela me convient. L'idée de porter de la couleur me donnerait encore plus envie de vomir. Cette couleur sombre, représente mon coeur et mon âme... Je ne mérite en aucun cas de porter autre chose...

Encore décontenancée par ce que Carlson a fait tout à l'heure, je rejoins la terrasse, où il est déjà attablé, prenant des petits gâteaux de poissons dans son assiette. Je cherche du regard Mi-Cha qui n'est pas présente, et tout en me tenant le bras, de façon ennuyée, je reste debout à côté de la table.

— Mais tu es magnifique ! me lance Carlson de façon enjouée.

Il se lève, et je manque de reculer d'un pas, alors qu'il porte sa main dur le creux de mes reins. Ce geste me fait tressaillir totalement, et mes jambes manquent de défaillir devant sa façon de me traiter à l'instant en m'emmenant vers la place en face de la sienne.

— Assieds-toi. Désires-tu du thé ? me demande-t-il alors que mon corps tremble toujours.

Je n'arrive pas à prononcer un mot, tenant toujours l'appareil photo entre mes doigts crispés, alors que Carlson laisse la jeune fille me servir du thé, et rejoint sa place en sifflotant. Je ne sais pas du tout quoi penser de son humeur, plein de gaieté. Il a dû avoir une bonne affaire, quand il est rentré à Séoul pour se montrer aussi jovial aujourd'hui...

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