Bongeunsa

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Carlson

Refermant les derniers boutons de ma chemise, cette pute de nouvelle recrue est emmenée hors de mon bureau par mes gars. Je prends ma cigarette qui s'est éteinte dans le cendrier, et j'humidifie mes lèvres avant de la porter à mes lèvres, le regard porté sur la photo de maman sur le meuble. Je plisse mon regard, tirant longuement sur ma cigarette, me demandant ce que Mi-Cha et Yseult font. La soirée et la nuit précédente ont été un peu mouvementées pour ma petite sœur, et il a bien tout fallu pour que je ne cède pas à son corps tremblant contre le mien. Non, pas sexuellement à proprement dit... mais la caresser et lui faire sentir autre chose que la douleur qu'elle ressent à cause de cet enfoiré. Mais je grimace à nouveau, sachant que cette souffrance est causée de mon fait... cependant, je ne changerai pas d'avis en ce qui concerne cet enfoiré... il périra de mes mains un jour. Il arrivera un moment où Yseult me demandera elle-même de mettre fin à sa misérable vie, et je jubilerai... je jouirai littéralement quand ces mots sortiront de sa magnifique bouche, et que mes doigts arracheront, littéralement le cœur de cet enfoiré.

— Tu as l'air de bonne humeur.

La voix de ma sœur Logan retentit dans le bureau, et je me tourne à nonante degrés pour la juger de mon regard le plus perplexe. Bien que je ne l'aie plus vue à la maison depuis ce fameux jour où je l'ai malmenée, je sais qu'elle ne se rabaisserait pas à me tenir loin d'elle. Notre relation a toujours été sincère, tout comme les fois, où nos esprits s'échauffent. Mais elle reste ma sœur, et même si elle différencie totalement d'Yseult, je l'aime de tout mon cœur.

— Nouvelle couleur, fais-je en faisant le tour du bureau pour m'assoir.

— Le blanc n'est pas apprécié en ce moment, sourit-elle avec malice en jouant avec une mèche de ses cheveux ébènes.

— Je te préférais en blonde, affirmé-je en me servant un verre d'alcool.

Jordan esquisse un sourire amusé de ce que je viens de dire, mais elle sait que je ne suis pas dupe du jeu qu'elle tente de jouer. Malheureusement pour elle, je suis effectivement de bonne humeur.

— Il parait que Mi-Cha et Yseult se promènent, fait-elle d'un air détaché qui sonne plus que faux à mes oreilles, tu ne crains pas qu'il en profite.

— Je pense qu'il va regretter s'il tente de la voir, affirmé-je en souriant.

Je porte le verre à mes lèvres, et j'afonne celui-ci en tenant le regard de ma petite sœur, qui comprend que celui qui doit craindre le regard noir d'Yseult n'est plus moi. Le sentiment de l'abandon est une véritable horreur pour elle, et je sais qu'elle le laissera aucune chance de s'expliquer. Mi-Cha est une vraie diablesse quand elle s'y met, et j'avoue que j'aime cela plus que tout...

En tout cas, j'espère que je ne me trompe pas en ce qui concerne leurs liens... si forts soient-ils...

Ji-Chang

Cela fait dix minutes que je suis arrivé au temple Bongeunsa, et que je regarde toutes les personnes et touristes autour de moi, cherchant qui aurait pu m'envoyer ce message. Il serait simple que je demande à King de faire une recherche, mais celui-ci a déjà assez de travail avec les missions du président, que mes confrères règlent. Rebroussant chemin, je porte mes doigts à l'élastique de mon masque, qui protège mon identité et je m'apprête à l'enlever quand mon regard se porte dans celui de Mi-Cha qui se tient devant moi. Celle-ci s'arrête, et ne montre nullement de surprise en me dévisageant de ses petits yeux amandes. Son attitude naturelle devant moi, me confirme une chose à cet instant, et je m'apprête à lui montrer mon portable quand elle s'avance d'un pas élégant vers moi.

— Je te souhaite bonne chance, murmure-t-elle sans s'arrêter.

Je m'apprête à lui attraper le poignet pour qu'elle m'explique ce qu'elle veut de moi, et de cette mascarade de me faire venir ici, quand je me fige. Mon cœur bat à tout rompre à cet instant, le regard porté sur le bas de l'escalier de vieilles pierres qui conduit au temps. Glissant sa main dans ses cheveux noirs coupé entre sa nuque et ses épaules, elle ramène sa main à sa poitrine, comme si elle se sentait suffoquée. Son magnifique visage est baissé sur ses pieds, et elle monte doucement la marche dans une magnifique robe de couleur saumon, qui la rend à mes yeux, tel un ange sorti de mes ténèbres personnelles. Son teint qui était pâle me semble plus que livide, alors que mon regard essaie de ne pas tressaillir devant celle qui m'a tant manquée durant ces mois de convalescence, où je pensais que plus jamais, je ne pourrais la toucher. J'ai cru tant de fois qu'elle ne serait plus qu'une ombre se relevant d'un coin d'une pièce, pour me rappeler à quel point, je n'ai pas assuré cette nuit-là. J'ai fait tant de cauchemars, où elle apparaissait, nue, ses longs cheveux ébènes couvrant le haut de sa poitrine, me disant à quel point elle a souffert de ma faute... et cela avant que la mort ne l'emmène loin de moi.

Save MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant