BLACK CODE | Dark romance

CHAPITRE 20.

Debout devant le lit, mon regard est fixé sur la robe noire soigneusement posée sur ma couette. A mesure que je la contemple, que j'étudie chaque détail de ce vêtement, je réalise la signification de cette journée.

Dans le silence de ma chambre, j'écoute les gouttes de pluie s'écraser sur les vitres, procurant un écho qui reflète parfaitement les émotions qui m'assaillent. Le ciel est gris comme mon âme, la chaleur extérieur est lourde et orageuse comme mon cœur qui bat faiblement. Deux semaines se sont passées depuis le meurtre de mon père, deux semaines maintenant que je vis sous le toit de Mattheo. Nous essayons de nous éviter au maximum depuis cette petite altercation d'il y a une semaine et Dieu seul sait à quel point il est difficile de ne pas se croiser dans une maison. Même si elle est grande, il n'y a jamais assez d'espace pour éviter ce mudak, pour éviter de voir son air hautain et méprisant ou pour entendre ses piques. Je m'efforce de garder en moi la colère et l'incompréhension face à sa réaction d'un gamin de six ans.

Aujourd'hui est le jour fatidique de l'enterrement de mon père, un dernier adieu à cet homme sans qui je ne serai pas sur cette terre. Un homme qui a tout fait pour me protéger du monde et des cruautés de certains être vivant, mais malgré tout les efforts qu'il donné, cela n'a pas empêcher le destin de détruire nos vies. Désormais, mon destin et ma survie dépendent de Tyler Stone, qui a pris en charge cette tragique journée. Je n'étais déjà pas vraiment maitre de ma vie avant, mais depuis deux semaines je ne le suis clairement plus.

Contre mon envie, sans qu'on me demande mon avis, je me suis retrouvée enfermer dans cette maison, et je n'ai pas d'autre choix que de m'y faire. L'espoir et la perspective de voir Stanley revenir à moi, venir me chercher pour me sortir d'ici et m'éloigner de cette famille, deviennent de plus en plus un rêve. Chaque jour qui passe j'accepte le chemin que ma vie emprunte.

Je sais que je dois enfiler cette robe, me préparer pour rejoindre la famille de Mattheo, mais c'est totalement impensable. J'inspire profondément et pose mon regard sur l'extérieur. La pluie ne semble pas s'arrêter et continue de tomber de plus belle, s'intensifiant et cognant de plus en plus à ma vitre. Elles coulent le long du verre tout comme cette larme qui s'échappe de mes yeux. Sa descente me chatouille légèrement en glissant le long de ma joue avant de s'écraser sur ma lèvre. Ma langue passe dessus et le goût salé de cette goutte réveille mes papilles endormis.

— Qu'est-ce que tu fous, bordel ?

La voix de Mattheo parvient à mes oreilles tout comme ce léger grincement que la porte fait en s'ouvrant parfois. Je lui tourne le dos, ne voulant pas qu'il voit les larmes à la naissance de mes paupières, je ne veux pas qu'il voit aussi mon visage triste et les émotions qui peuvent s'y lire. J'ai décidé de cacher mes sentiments à tous. De réprimer chaque douleur, chaque colère ou chaque tristesse au fond de moi. Je ne m'autorise qu'à les laisser éclater lorsque je suis seule dans la chambre ou la salle de bain. Mon monde ne permet pas de laisser une quelconque expression se lire sur mon visage, il ne me permet pas de m'effondrer à la moindre once de tristesse qui s'engouffre en moi.

J'aimerai hurler à Mattheo d'aller se faire foutre, l'insulter ou le frapper de toutes mes forces, mais je garde tout ça en moi. Alors, toujours en lui tournant le dos, j'attrape la robe et me diriges dans la salle de bain sans prononcer un seul mot, sans même un regard en coin.

— Allez, dépêche-toi, plus tôt on termine l'enterrement de ce putain d'enfoiré, mieux c'est pour moi ! crache-t-il de sa voix graveleuse

À quelques centimètres de la porte, je me fige. Ses mots resonnent dans l'air, son ton méprisant et hautain grince dans mes tympans. Sa haine envers mon père est si forte et je ne la comprends pas vraiment. Pourquoi dire que mon père est un meurtrier alors qu'il l'est probablement lui aussi ?