BLACK CODE | Dark romance

CHAPITRE 6.

Les mots qu'il a prononcés résonnent dans ma tête tandis qu'il lutte pour respirer. Le sang qui s'accumule dans sa gorge l'étouffe lentement, et ses gémissements deviennent plus graves. Je le vois se battre pour inhaler une bouffée d'air, convulsant et crachant le sang qui s'est amassé dans sa gorge. Tétanisée par la peur, je l'observe mourir. Ses yeux se voilent progressivement, me fixant, tandis qu'il serre davantage ma main.

Quelques secondes plus tard, son torse cesse de se soulever, sa main se détache de la mienne, et ses gémissements s'arrêtent. Je me sens impuissante, l'ayant laissé mourir dans une terrible agonie. Il s'est étouffé dans son propre sang, cherchant désespérément un moyen de survivre.

Mes yeux se remplissent de larmes alors que je ne le connaissais pas. Ce n'est... n'était qu'un visage parmi tant d'autres, une personne que je venais à croiser dans de rares moments et maintenant ce n'est plus qu'un corps vide. Un corps dépourvu d'âme et de chaleur. Je reste là, à le regarder quelques instants. Perdu dans mes pensées, je sais que l'image de sa mort me hantera pendant des jours, me rappelant à quel point la vie peut être cruelle et impitoyable.

Une profonde tristesse m'envahit, mais je ne dois pas le pleurer pendant des heures. Le temps est compté. Les mots de ce jeune soldat hantent mon esprit. Mon père est en danger, du moins c'est ce que j'ai compris. Sa phrase n'était pas claire, coupé par ses gémissements. Mon père est-il vraiment en danger ou parlait-il seulement de moi ? Il n'y a qu'un moyen pour le découvrir. Ses hommes, ses intrus qui étaient sorti du bureau de mon père n'y étaient pas pour rien. Il doit s'y passer quelques choses et il n'y a qu'une seule façon de le savoir. Je dois y aller et espionner, faire ma fouine, chose que mon père déteste habituellement. Aujourd'hui, je n'ai pu vraiment le choix.

Après avoir jeté un rapide coup d'œil dans le salon, je me relève, les jambes tremblantes. Je contourne le plan de travail, enjambant les cadavres qui jonchent le sol, eux qui ont sacrifié leur vie pour défendre ma maison. Gardant mon visage droit devant moi et ignorant le théâtre de l'une des pires épreuves de ma vie, je me dirige vers le couloir menant au bureau de mon père. Ces images de morts et de chaos sont gravées à jamais dans ma mémoire, je ne pourrais jamais les effacer.

Face à ce couloir, je suis figée et pourtant, j'avance malgré moi. Les murs froids sont maculés de traînées de sang, et cette vue fait naître en moi une violente image de mon père se faisant traîner. Mon esprit est hanté par différentes visions.

Je le vois, mon père, agonisant dans son propre sang.

Je vois Stanley, mort.

Ou bien mes deux piliers, se faisant torturer.

Je ne peux déterminer laquelle de ces visions est la plus horrible.

Les battements de mon cœur s'accélèrent en voyant quelques trous dans la porte, des impacts de balle ? Et si mon père était mort ?

Pas à pas, calculant chacun de mes gestes, j'approche de la porte prudemment.

Le cœur battant la chamade, je pose délicatement mes mains sur le bois de la porte. Mon souffle est retenu alors que j'observe à travers le trou, à ma hauteur. Je ferme les yeux un instant, me préparant mentalement à ce que je vais peut-être découvrir de l'autre côté – mon père sans vie.

Je ne veux pas voir ça ce soir, ni jamais d'ailleurs. J'ai déjà été témoin de trop de morts récemment, et je ne sais pas si je pourrais supporter d'en voir un de plus, surtout si c'est lui. Cet homme qui est à l'origine de ma vie, celui qui s'est battu sans relâche pour m'offrir la meilleure existence possible, avec amour et protection.