CHAPITRE 2.

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Mon père, Lyov Rozanov, lève sa main afin de me faire comprendre qu'il est encore occupé, très peu surprenant. C'est un homme important dirigeant un grand empire. Immobilier, import-export... diverses choses parfaitement légales, mais qui ne sont qu'un masque, qu'une couverture pour son autre entreprise. Un business qui n'est pas aussi correct qu'on pourrait le croire. Vente d'armes, trafic de drogue... et d'autres choses dont je n'ai pas encore connaissance.

Tout cet empire sera un jour à moi.

Un jour, je succèderai à mon père et... je ne suis clairement pas prête. Je ne suis pas prête à diriger son business, à faire face à des ennemis plus expérimentés que moi, dont la soif de pouvoir est aussi grande que leur ego. Pour le moment, prendre les rênes d'un empire, dont je ne connais qu'une infime partie, me fait peur.

Je suis pourtant en âge de comprendre, en âge de pouvoir l'aider à diriger toutes ses affaires. Je suis volontaire pour être à ses côtés chaque jour, qu'il s'agisse de ses affaires légales ou bien illégales. Je n'en ai que faire, du moment que je passe du temps avec lui et que j'apprends les ficelles du métier de chef de la Mafia. Clairement, ce ne sont pas des choses qu'on peut apprendre sur le tas. Pas du jour au lendemain. Mais pour mon père, on dirait que les choses sont différentes.

Quand j'avais douze ans, il m'avait dit que l'année qui suivrait, il commencerait à m'apprendre tout ce dont je devrais savoir. Il ne faut pas être un génie pour comprendre qu'il ne l'avait pas fait. Pour mes quatorze ans, il avait promis la même chose et aussi pour mes quinze et seize ans. Rien n'avait changé. J'attendais encore ce jour où il viendrait me trouver et me dire que c'était enfin le moment. Ce n'avait été qu'un nouvel espoir brisé. Peut-être que cette année sera différente. Dans sept mois, j'aurais dix-huit ans. La majorité, la liberté seront bientôt à moi. Peut-être qu'il m'apprendra enfin les ficelles du métier. Je l'espère tellement.

J'ignore toutefois si les hommes, aussi orgueilleux que machistes, puissent obéir aux ordres d'une femme. Cela ne va-t-il pas toucher leur petit ego de voir une femme diriger un si grand réseau ? Eux qui, pour la plupart, estiment que la place d'une femme est dans la cuisine.

Il ne faut pas croire que les hommes travaillant pour mon père restent avec lui parce qu'il est puissant. La grandeur d'un homme et sa puissance n'achètent pas la fidélité des mercenaires, l'argent le fait. Si un autre mafieux venait à offrir plus d'argent aux hommes de mon père, il ne resterait plus grand monde. Ces hommes-là, ne se vendent qu'au plus offrant. Du moins une partie. Fort heureusement pour mon père, certains sont reconnaissant pour ce qu'il a pu faire pour eux et ne s'attachent pas à l'argent.

Toujours occupé sur ses divers papiers étalés sur son bureau, parce que mon paternel n'a pas une confiance aveugle envers la technologie, il ne dit rien. Je le regarde, ses cheveux mi-longs tombent de part et d'autre de son visage. Ses yeux bleus sont focalisés sur une ligne. Il y note quelque chose puis tourne la page avant de lire la suite.

Mon père a toujours été occupé. Je ne l'ai guère vu se prélasser en terrasse, sur une chaise longue au bord de la piscine. Mais bien qu'il coure partout, et fait en sorte d'assurer notre sécurité, il y avait quelques moments où nous passions la soirée ensemble. À vrai dire, il est ma seule famille restante.

Je n'ai aucun souvenir de ma mère, qui a disparu le jour de mes trois ans. Pour mon père, elle est morte. Bien que son corps n'ait jamais été retrouvé. Les quelques photos, qui ornaient les murs de la maison, avaient été enlevées quand je n'avais que six ans. Soit trois ans après sa disparition. De ces photos, je ne garde qu'un souvenir de ses yeux gris clair, c'est tout. Je n'ai pas en mémoire la forme de son visage, ni la couleur de ses cheveux et je ne peux pas demander à mon père de me parler d'elle, il change aussitôt de sujet. Il refuse de me parler de ma mère, comme si son nom n'est que souffrance pour lui. J'ai alors décidé de ne plus l'embêter avec ça, bien que mon cœur meure d'envie d'en savoir davantage.

BLACK CODE | Dark romanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant