Les premières balles transpercent les vitres, qui explosent en divers éclats de verre tranchant, venant percer la peau de mon visage. Instinctivement, mon bras se lève faisant barrages au bris de verre. Une main saisi l'autre et me tire brusquement. Mon corps se plaque violement au sol de la voiture. Mes yeux croisent brièvement ceux de Mattheo et les sons autour de moi me reviennent peu à peu en une cacophonie assourdissante : la pluie intense et tambourinant sur la carrosserie, le tonnerre déchirant l'atmosphère, les hurlements étouffés de Mattheo, des gémissement et les coups de feu qui ne cessent pas. C'est un mélange de chaos terrifiant qui ne fait qu'accroitre mon angoisse et les battements de mon cœur.
Les balles mutilent la carrosserie. Quelques-unes d'elles viennent se loger dans ma cuisse et un cri de douleur arrache mes cordes vocales. Soudain, le silence. Seul la pluie et le tonnerre, mélangé aux battements frénétique de mon cœur, comblent le vide autour de nous. Je reste quelque secondes allongé, attendant la prochaine rafle de balle.
Le moteur vrombit violement et les mouvements de la voiture continuent, zigzaguant dangereusement. Mes doigts effleurent le siège alors que je me redresse brusquement, mes yeux se tournant instinctivement vers ma droite. La voiture ennemie n'est plus là.
La vitre, me séparant du vide qui défile à vive allure, est réduite en mille morceaux, éparpillés à mes pieds et sur moi.
— On les a semés ? demande Chad d'une voix faible.
D'un geste rapide, je me tourne vers lui et constate l'expression d'inconfort qui déforme son visage contracté. Chaque coup de volant le crispe davantage et il émet un gémissement de douleur. Du sang coule abondamment le long de son bras, que je détaille avant de voir la blessure à son épaule.
— Chad, ton épaule ! dis-je en m'approchant de lui.
— Reste couchée.
Chad enchaine difficilement sans poser son regard sur moi. Son visage se tend dans une grimace quand ses bras braquent le volant à gauche. Je suis projeté brusquement contre la portière droite, mais je reviens rapidement près de lui, ignorant son conseil.
— T'as une putain de balle dans l'épaule.
— Irina !
— Faut faire une compression, tu risques de perdre...
— FERME-LA, PUTAIN ! me coupe Mattheo.
Instinctivement, je tourne la tête vers lui, nos visages sont dangereusement proches, à quelques centimètres l'un de l'autre. Ses traits sont fermés, mais ses yeux dégagent autre chose. Son souffle chaud caresse la naissance de mes lèvres et son haleine empestant la cigarette froide chatouille mes narines.
— Tu la fermes et tu fais ce qu'on te dit, poursuit-il. Tu t'allonges et tu y restes jusqu'à ce qu'on te dise le contraire.
J'obéis à contre cœur. Je ne veux pas me planquer simplement aider Chad qui perd beaucoup de sang. Sans aide, sans faire une compression sur la blessure, qui sait ce qu'il peut se passer. Surtout que Chad est au volant, une perte de connaissance et nous finissons dans le décor.
— Ils sont toujours à nos trousses ? demande Chad d'une voix faible.
— Ouais, ils sont sur notre voie, lui répond calmement Mattheo.
— Fais chier ! Je pourrais pas tenir la cadence, faut qu'on échange les places.
— T'es sûr de toi ?
— Mec, je supporte généralement bien la douleur, mais là je peux plus. Faut que tu prennes le volant.
Mes yeux se posent sur Mattheo, sans donner de réponse à Chad, il se dépêche de prendre le volant. Est-ce qu'ils vont vraiment faire ça ? Échanger de place alors que la voiture fonce à toute allure ? Est-ce que ce n'est pas un peu risqué tout ça ?
VOUS LISEZ
BLACK CODE | Dark romance
General FictionSept mois. C'est le temps qu'il reste à Irina avant d'être majeur. Unique fille de Lyov Rozanov, elle attend avec impatience le jour où elle apprendra les rouages du réseau de la mafia de son père. Elle ne s'attendra pas à ce que tout ce qu'elle po...