Chapitre 19 : Manipulation.

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Point de vue : Daisy.

Passé, il y a 2 ans.

En sortant du commissariat, mon cœur était lourd, si lourd que je n'arrivais plus à le supporter dans ma poitrine.Je revoyais encore l'expression de l'agent lorsqu'il m'a annoncé qu'un élève s'était suicidé à cause de l'harcèlement qu'il subissait silencieusement de la part du groupe d'amis de Romane.Seul et éloigné de tous, il s'était créé une bulle dans laquelle s'immisçait toutes les remarques négatives auxquels il avait cru, et un beau jour, cette bulle avait explosé, l'apportant loin, là où il avait le droit d'oublier...pour l'éternité.

Je l'enviais.De toute façon, je n'avais personne.
Personne, au point que je pouvais avaler ces maudites pilules sur le champ sans qu'un proche ne me retienne.
Le vide, lui, était la seule chose qui pouvait m'empêcher d'avancer.

Romane avait reçu une amende, qui revenait à ses parents, et comme aucunes preuves n'apparaissait dans l'équation, elle était libre de recommencer.

Je n'avais tellement plus la force qu'elle soit mentale ou physique, que je dus traîner des pieds pour parcourir une courte distance.Mes yeux fixait le sol qui semblait s'affaisser sous mes pas.Lui aussi avait une histoire.Il s'était fait piétiner par tellement de gens qu'il avait fini par s'aplatir.Je pouvais affirmer qu'il me ressembler, dans un sens.

- Daisy ? C'est vraiment toi ? Une voix familière me héla.

Louise.

Je pris un rythme de marche soutenue en l'évitant.Elle avait le culot de m'adresser la parole, je pouvais au moins féliciter son audace.

- Arrête toi, bon sang ! J'aimerais te parler, m'implora t-elle.

Les chemins qui s'offraient à moi me parurent dangereux.Une ruelle sombre, éclairée par un lampadaire douteux ou une route étroite où presque aucune voiture ne passait ?

- Je ne vous connais pas, vous devez vous tromper.

Ma tentative fût définitivement pitoyable, je finis par rire de mon talent d'actrice.Résignée, je m'approchais vers elle pour en finir au plus vite.
Elle portait un manteau taché à certains endroits, ses cernes étaient prononcés et trahissaient son manque d'énergie.La Louise que j'avais un jour connu avait été remplacé par la version d'elle même qu'elle évitait à tout prix, quitte à sacrifier du temps et de l'argent.

Je ne pris pas la peine de la regarder et soupirai de mécontentement.Le froid me clouait sur place.L'hiver serait rude, cette année.

- Je suis désolée, ok ? Je n'ai jamais voulu fréquenter des gens comme ça mais je l'ai fait.Et tu sais pourquoi ? Par amour.Je voulais rendre Sergio fier.

Elle paraissait sincèrement attristée et désolée.En attendant ma réponse, elle se triturait la peau des ongles, nerveuse.Ses cheveux flamboyants avaient perdu de leur éclat.Le sentiment contradictoire que je ressentais me fit hésiter.L'enlacer ou rester neutre ?

- Tu as littéralement traîné avec mes harceleurs, Louise.Je ne peux, non, je ne dois pas tolérer ça pour mon bien.

Le froid s'intensifiait entre nous, resserrant ce fossé qui me alimentait la rupture évidente de notre relation.

- Daisy, c'était des clients importants pour lui.Tu vas te dire que je suis égoïste, mais je ne l'ai pas fait par pur plaisir.C'était forcé.Alors, je t'en supplie, pardonne moi.Je ne veux pas te perdre.Tu es précieuse et je te chérirai jusqu'au bout.

Ses paroles avaient un sens pour moi.Une signification.Et avec de simples mots, elle réussit à me convaincre de piétiner le passé pour le laisser sur le sol.

those things that stalk usOù les histoires vivent. Découvrez maintenant