Chapitre 30

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Dalia

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PARIS, 20EME, 12H27

Je suis lessivée quand je sors du boulot. Il est midi et c'est l'heure de la pause. Comme tous les jours, je me rends au MacDo de la ville. J'ai l'impression d'avoir du plomb dans les chaussures tellement mes jambes me semblent lourdes. Je suis crevée magnitude 7 sur l'échelle de la fatigue. Si je n'arrive pas encore à dormir ce soir, c'est qu'il y a un complot. La chaleur étouffante de ce début juillet ne fait rien pour arranger les choses.

Je reprends doucement ma vie, mais sa réalité est tout aussi douloureuse que l'absence de Khalil dans ma vie. Quatre semaines plus tard, j'essaie encore de me convaincre que j'ai pris la bonne décision. Je n'ai pas eu un mot de sa part. Ni d'appel téléphonique. Je passe des soirées d'ailleurs à essayer de ne pas penser à lui. Et jusqu'ici, on ne peut pas dire que j'excelle dans cet exercice.

Pour être honnête, c'est un gros épisode de ma vie que j'ai décidé de laisser derrière-moi. J'ai bloqué les numéros de Christelle, Cameron, Khalil (il y a cinq jours), et toutes ces personnes que j'ai rencontrées là-bas. Sauf Franck.

C'est comme si mon cerveau souhaitait effacer ces dernières semaines, me faisant entrer dans un profond déni. Au final, ça me va, parce que ça fait moins mal. Je fuis toutes questions en rapport avec eux, je suis très brève lorsque je parle de mon voyage, mais surtout, je ne les évoque pas.

Kimia se retourne au moment où la porte s'ouvre et son regard croise le mien. Elle n'est absolument pas crédible dans son uniforme noir et jaune. Je m'avance et m'installe au comptoir, sur l'un des tabourets vides.

— Je veux ce qu'il y a de meilleur au menu.

Elle pose un milkshake qu'elle tient derrière elle.

— Désolée, mais je ne suis pas à la carte aujourd'hui.

— Si toi ce n'est pas possible, alors, un menu Big Mac et un Ice Tea.

— J'envoie ça.

Elle part en cuisine et revient trois minutes plus tard. Ces derniers jours, elle me parle beaucoup de son envie de reprendre les études. Kimia aimerait que son travail ici ne soit qu'une passade, elle veut se réinscrire en école de commerce.

Mais le sujet est encore trop sensible pour elle. Je sais qu'elle espère encore, comme quand elle était enceinte, que tout va s'arranger. Malheureusement plus le temps passe et plus les chances s'amenuisent.

Pour se donner une raison d'abandonner le projet, elle dit toujours qu'elle n'était pas une bonne élève, mais c'était uniquement parce qu'elle devait toujours s'occuper de quelqu'un ou quelque chose.

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