Prologue

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Chadrack

Quelques années auparavant

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Quelques années auparavant...


Je regarde au loin Ruth dans la véranda qui s'occupe de ses fleurs. Par instants, elle me jette des coups d'œil et je sens qu'elle se doute que quelque chose ne va pas. Mon visage parle pour moi, je ne sais pas cacher mes émotions, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Je décide d'attendre que la domestique s'en aille pour la confronter.

Je ne peux pas parler en sa présence, elle pourrait tenter de minimiser les choses, de prendre sa défense et même me dire que Ruth est innocente. Elle a horreur de me voir m'emporter contre elle, car elle trouve cela moche un homme qui s'énerve sur sa femme. Mais c'est ainsi, c'est elle qui paye souvent le prix de nos batailles.

En revanche, aujourd'hui si elle doit s'en mêler, j'ai un argument de taille qui prouve qu'elle n'est pas, une fois de plus, une victime. Je lui révèlerai ses mensonges et la faute de Ruth qui, sans s'en douter, vient de tirer une croix sur nous. Je lui montrerai qu'elle n'est pas la femme aussi bien qu'elle affirme, qu'elle sait user d'hypocrisie et de sournoiserie.

Il faut qu'elle voie qu'elle n'a pas pensé à sa famille lorsqu'elle est partie, à plusieurs reprises, coucher avec un autre homme. Et tout ça dans mes propres terrains. Cette sensation que la domestique la couvrait me mets hors de moi. Comme si elle ne voulait pas brusquer son petit quotidien d'infidèle. Avant que je ne la renvoie, elle devra tout m'expliquer et je ne lâcherai rien tant que la vérité ne sortira pas de sa bouche !

Quant à Ruth...

Je respire profondément afin de retrouver mon calme et ma sérénité, bien que cela est impossible. J'avale une gorgée de brandy pour me donner de la contenance mais je les enchaîne assez rapidement. Je ne cesse de repenser à ces vidéos et à l'amoralité de mon épouse. Je lève la tête et je la vois qui sort de la véranda et qui, doucement, s'avance vers moi. Son sourire disparaît, elle sent que quelque chose cloche.

Elle me fixe et soutient mon regard. Elle voit et lit ma colère, elle devine que je peux déraper à tout instant. Ruth me connaît par cœur et n'a besoin de mots pour me décoder.

— Mon amour, débute-t-elle prudemment, quelque chose ne va pas au travail ? Tu as la tête des mauvais jours...

Rachel, la domestique surgit de nulle part et nous demande si nous désirons du thé. D'un signe de la main je lui exige de nous laisser seuls.

— Tu oses encore m'appeler ainsi ? dis-je, une pointe d'amertume dans la voix.

— Chadrack, tu peux me dire ce qu'il se passe ?

— Depuis quand est-ce que tu me trompes ?

Elle fait mine de ne pas comprendre.

— Ne me mens pas, reprends-je.

— Comment penses-tu que je sois capable de commettre une telle chose, Chadrack ? s'agite-t-elle. Après vingt ans de mariage tu doutes encore de ma fidélité ?

— Une nouvelle fois, tu t'obstines à me mentir. Tu me répugnes, Ruth. As-tu la moindre idée de ce que j'ai pu ressentir en le voyant te sauter dans notre lit conjugal ? Ah oui, comment tu l'appelais, lui ? Bébé, n'est-ce pas ?

Mes mots la percutent. Son visage se décompose lorsqu'elle prend conscience que je suis au courant de toutes ses petites cochonneries. Elle s'est bien moquée de moi. Je suis fou de rage qu'elle m'ait menti et qu'elle puisse croire que je n'allais jamais le découvrir. Tous mes week-ends de déplacements où elle en profitait pour le ramener à la maison et me tromper sans remords.

J'explose et détruit tout ce qui se trouve autour de moi. Quand elle me demandait que je lui laisse un peu d'espace elle aussi afin qu'elle puisse se ressourcer ailleurs qu'à la maison. C'était donc pour le voir ? Me croyait-elle assez con pour croire des bêtises pareilles ?

Je me doutais bien qu'elle ne cuisinait pas à l'association le jour de Noël puisque ce jour-là les gens ne recherchaient pas de la nourriture mais des cadeaux ! Elle m'a vraiment prise pour le dernier des imbéciles et la pilule est difficile à avaler. Dans un long monologue empli de colère, je vide mon sac. Tandis que je lui narre comment je suis parvenue à la démasquer, je sens mon visage chauffer. La haine prend le dessus, je ne vais pas pouvoir me contenir très longtemps.

Elle me supplie de la croire, qu'à aucun moment elle n'a voulu me faire du mal. Ses pleurs se mêlent à mes cris et elle tente des approches mais je la repousse chaque fois plus fermement.

— Mon amour, pardonne-moi..., sanglote-t-elle.

— Tais-toi. Tu m'as humilié aux yeux de tous ! C'est mon ego d'homme que tu as piétiné, mon amour pour toi et mon respect ! Pourquoi Ruth ? Qu'est-ce que je ne t'ai pas donné, hein ?

Elle me prend à nouveau la main et me demande de me calmer. Mais c'est la fois de trop. Je fulmine, et dans une pulsion, je lui assène une gifle. Ruth laisse échapper un gémissement terrorisé tandis que je me fige. À la seconde même où je touche sa joue, j'ai la sensation que ma main se consume, me brûle petit à petit jusqu'à atteindre mes os.

C'est la première fois que je lève la main sur elle, que mes excès de colère dépasse la raison et me pousse à la toucher. En règle générale je tape du poing sur la table, casse tout dans la maison. Et si je suis vraiment hors de contrôle, je m'enferme dans un étonnant mutisme, puis sors en trombe. Cette fois, les choses sont allées trop loin.

— Tu m'as frappé, Chadrack... Tu m'as frappé.

Mon cœur bat très vite, je ne parviens à le faire revenir à un rythme normal tellement je n'arrive pas à sortir de ma transe. Ma colère ne s'apaise pas pour autant, au contraire, mes pensées se mélangent et ma tête surchauffe. Je n'arrive plus à réfléchir correctement, mais la seule chose qui m'importe à cet instant est de connaître l'identité de cet homme.

— Comment il s'appelle ?

Alors qu'elle se retourne, j'essaie de lui agripper la main. Des larmes coulent à flots le long de ses joues pleines et je ne supporte pas de la faire pleurer. Elle reste interdite durant de longues minutes, balbutie des choses incompréhensibles.

— Son nom, réitéré-je alors que ma patience s'amenuise.

D'une voix étouffée, mais que je parviens à entendre, elle me lâche :

— Je ne peux pas...

Mon poing se resserre.

— Je sais de quoi tu es capable, Chadrack. Je ne peux pas te laisser lui faire du mal. Il n'est pas responsable de tout ça...

— Oh que si, Ruth ! Et je te fais la promesse que lorsque j'aurais mis la main sur lui, je n'hésiterai pas une seconde à le tuer.

AFRO LOVEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant