Bagage en main voilà plus d'une heure et trente-cinq minutes que je marche, je m'approche de l'immeuble, mes yeux montent et descendent sur la gigantesque façade ornée de plantes grimpantes, ça ne ressemble en rien de l'endroit, d'où je viens.
⸻ Putain de merde ! m'exclamé-je.
Il faut dire ce qui est, notre tante à vraiment bien chouchouté le faux jumeau, ça me donne la gerbe, même au-delà de nos vingt-six ans, il reste son petit protégé contrairement à moi. Cette simple pensée me fait serrer les poings.
Pas que je sois jalouse, loin de là. Mais plutôt écœuré de voir la manière dont nous avons été traités différemment.
Peut-être parce que j'étais trop instable pour elle, voire dangereuse pour ses affaires.
Ça ne fait aucun doute.
J'aurai mieux fait de prendre le prochain vol pour partir loin d'ici, loin de tout.
J'ai tout de même réussi à décaler mon arrivée de quarante-huit heures. À tous les coups, ce retard va m'attirer les foudres de mon imbécile de frangin.
Mes yeux se posent sur ma gourmette, je sens ma poitrine se serrer me rappelant, à quel point il me manque, à quel point je suis dévastée sans lui, mes épaules s'affaissent chaque fois que je me perds sur son or blanc sur les sept lettres qui compose son prénom, ressentant le fardeau de mon cœur qui continue de souffrir de son absence.
J'inspire un grand coup pour me donner toute la force mentale d'affronter cette nouvelle vie qui a un goût fade.
⸻ Allez, Harley, c'est pour ton bien ! dis-je en souriant faussement.
J'essaye de me convaincre et pourtant je trouve toujours cette idée complètement conne.
Six ans, depuis la dernière fois que j'ai vu mon faux jumeau. Je suis même sûre qu'il n'a jamais parlé de moi à ses potes, trop honteux d'avoir une sœur qui sort de quatre ans de psychiatrie, en plus d'avoir survécu deux ans dans un centre de désintox.
J'ai conscience qu'une fois franchit la porte, c'est tout le poids de mon passé qui reviendra à la charge, laissant la honte s'enrouler autour de mon âme déjà fragilisée.
À présent, je suis clean, mais mon cœur. Lui, est toujours aussi éteint, mais ça, personne ne le sait.
Les médecins ont jugé que je pouvais sortir, parce qu'à leurs yeux j'étais apte à reprendre une vie sociale, heureusement qu'ils n'ont pas la possibilité de rentrer dans mon âme sinon je serai encore enfermer dans cette chambre blanche qui ne posséder qu'un lit et une étagère en PVC pour ranger le peu de vêtements à ma taille.
La seule condition : Maggie, ma tante. Avait l'obligation de mettre en place pour mon retour, un environnement stable. Je cite, « ne doit pas être seule, durant ses nuits tout comme ses journées hors scolarité comprise, loin de toutes ses addictions dont elle a eu du mal à sans défaire », voilà le pourquoi je me retrouve ici.
Une coloc avec mon frère et un de ces potes.
Génial !
Je secoue la tête déjà agacée de cette fabuleuse colocation qui m'attend.
Mes Docs entre mes doigts, ma valise de l'autre, j'inspire un grand coup avant de pousser la porte d'un coup de pied. L'odeur âcre de la javel déclenche sur mon visage une grimace qui résonne dans les couloirs de ma mémoire, me remémorant toutes ces fois où le sang de l'un d'entre nous dégoulinait sur le sol. Je me perds sur l'encre noire qui recouvre chacune de mes chutes après l'avoir perdu, pour laisser place au moment de ma vie qui me rendait heureuse, puis redirige mon attention sur les escaliers puis l'ascenseur.
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DRIVE OR DIE
RomanceRouler ou mourir ?! Pour Harley, dit H, la question ne se posait même pas. C'était roulé de toute évidence. Jusqu'à ce qu'elle perde C et qu'on la fasse passer pour morte, après l'avoir enfermée dans un institut spécialisé pendant six longues anné...