Chapitre 22 - Isaac

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  Je n'arrive plus à regarder Harley sans me dire qu'elle baise avec mon coloc. J'ai voulu lui écrire, mais les paroles de Liam tournent en boucle dans ma tête et m'arrêtent aussi tôt. Cela me retourne le cerveau, scrutant chaque souvenir, chaque interaction, cherchant des indices qui confirmeraient ou réfuteraient cette idée troublante.

Des rires complices, des regards échangés, chaque détail prennent une signification nouvelle dans l'étau de l'incertitude. Un sentiment de trahison, même s'il est encore vague, se profile à l'horizon de mes pensées tourbillonnantes.

Je dois l'empêcher de me détruire à l'idée d'un amour à sens unique, une motivation douloureuse qui me pousse à m'éloigner. L'obscurité de la nuit amplifie le poids de mes réflexions. Je me demande si j'ai eu raison de m'éloigner, si j'interprète correctement les signes ou si je m'enfonce dans un abîme de malentendus, une quête intérieure complexe où la frontière entre l'amour et la peur devient floue.

Ça me ronge les entrailles.

Je n'arrive pas à contrôler mes émotions. Au moins Nick n'a pas à s'inquiéter en ce qui concerne sa sœur, puisque je n'arrête pas de l'envoyer chier comme avant, si ce n'est pas pire. Même lorsque nous nous retrouvons seuls à l'appartement, je me tais alors qu'elle tente de discuter. C'est peut-être con de ma part, je devrais lui parler afin de connaître la vérité, mais je suis trop en colère pour le faire. Trop en colère de savoir que je la désire à moi seul, que je veux exposer au monde qu'elle est à moi afin d'être sûr que personne ne l'approche.

Pour à la fin me dire que tout ça est juste impossible, dès que Nick sera que j'en pince pour sa sœur, je le perdrais et même s'il est con, je ne veux pas prendre le risque parce qu'il a toujours été mon meilleur pote, celui qui m'a soutenue quand j'ai perdu ma mère, celui qui m'a accompagné durant mes cuites.

C'est mieux ainsi, voir Harley comme la junkie qu'il m'a d'écrit.

Il n'y a que comme ça que je peux me contrôler.

Je serai incapable de cacher notre relation, la preuve, j'ai voulu, je ne sais combien de fois, entrer dans sa chambre, juste pour savoir si elle était là, seule dans son lit, à m'attendre, moi, juste moi.

Bordel, ça me rend dingue, pourquoi il a fallu que je craque pour la sœur de mon pote.

⸻ T'es horriblement tendu, ce soir.

La voix d'Abby me ramène sur terre.

Je dirais plutôt mou en ce qui concerne ma queue.

⸻ La sœur de mon coloc, qui casse les couilles !

Je mens, Harley ne fait rien pour me casser les couilles, elle se défend juste de mes attaques à répétition qui, je vois bien, la blessent, en plus de l'agacer. Je m'attends toujours à me prendre un poing en pleine figure lorsqu'elle me jette son regard noir qui, je dois l'admettre, à chaque fois me fait monter en flèche, au point que ma main droite s'appelle H dès que je la glisse autour de ma queue pour soulager le feu qu'elle a allumé en moi.

Je l'utilise très souvent depuis quelques jours.

⸻ Je suis contente d'être fille unique.

Je glisse mon bras autour de ses épaules. Je dois arrêter de penser à elle.

⸻ Et moi, contente de l'entendre, Abby.

Ouais, encore un prénom en Y, je crois que le destin aime bien me les coller aux fesses. Je regarde les voitures défiler, la prochaine course est pour moi. Lorsqu'une voix que je connais trop bien, provient de je ne sais où.

⸻ Alors, c'est ça, tu m'évites parce que tu te tapes d'autres grognasses ! Tu es un putain d'enfoiré, S !

Mon corps se tend à sa voix.

DRIVE OR DIEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant