Chapitre 3 - Harley

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  Je viens de rentrer dans l'appartement, l'air chargé de tension.

La nuit est noire, et mes pas résonnent dans le couloir alors que je m'efforce d'atteindre ma chambre sans déclencher une tempête. Je sens mon frère, furieux qui me suit de près, dévoilant l'orage qui couve dans son regard. Ma porte claque derrière moi, créant une barrière fragile entre la tempête qui approche et moi.

Des coups secs frappent contre le bois fragile, je me débarrasse de mon pull qui sent l'odeur des pots d'échappement pour le troquer avec un autre.

Bordel, un jour, il m'a fallu un jour et me voilà déjà à échapper au keuf.

⸻ Harley, ouvre cette putain de porte !

⸻ NICK, FICHE-MOI LA PAIX, DEUX PUTAINS DE SECONDE.

Je suis au bord de la crise d'angoisse, depuis que j'ai quitté les lieux.

Je n'arrête pas de jouer avec ma gourmette, afin de calmer tout ce qui vient de m'arriver, me faisant revivre cet accident puis les sensations de l'adrénaline, même si ce n'est pas moi qui en étais l'auteur.

Plus de sept ans que je n'ai pas conduit, non pire, plus de sept ans que je n'étais pas monté dans une bagnole qui roulait aussi vite que l'éclair.

Putain, j'en ai encore la chair de poule comme j'en ai les larmes aux yeux.

Je me perds sur son prénom.

⸻ Si seulement, tu pouvais être là.

⸻ Harley, je défonce la porte si tu n'ouvres pas ce putain de verrou.

J'inspire un grand coup avant d'affronter le cataclysme. Je tourne la clé et fais les cent pas dans ma chambre. Il entre, une éruption de colère contenue déformant ses traits. Les mots acérés jaillissent de sa bouche et la dispute éclate, faisant trembler les murs de l'appartement.

⸻ Putain, mais tu étais ou bordel ? Sa voix résonne dans l'espace confiné de ma chambre.

La manière dont il me parle me met hors de moi.

⸻ Je fuyais comme tout le monde du con ! m'énerver-je.

Il s'approche de moi, son regard est aussi noir que le mien, je le sais, car nous avons le même.

⸻ Pourquoi, tu n'es pas rentrée dans la bagnole ?

Un rire de colère m'échappe.

⸻ Parce que ton tacot n'est pas assez rapide pour semer les flics, j'étais bien plus agile à pied.

Il empoigne sa tignasse avec brutalité

⸻ J'ai cru qu'ils t'avaient embarqué !

Nous nous hurlons au visage, chose qui n'était jamais arrivée. En même temps, compliqué lorsqu'on se retrouve enfermé, privé du monde.

⸻ Arrête avec ça, ils ne m'auront jamais, puis je ne roule plus, je te rappelle !

Une vérité qui fait mal.

⸻ Alors pourquoi tu gardes sa caisse, si tu ne roules plus ?

Nick, insatiable, enfonce le couteau dans la plaie ouverte. Mon corps se fige, ma poitrine me fait un mal de chien.

Ça ne le regarde pas.

⸻ Dégage, Nick ! dis-je en pointant la porte du doigt.

Il secoue la tête.

⸻ Pas tant que tu ne m'auras pas expliqué pourquoi il a fallu que je la foute dans mon garage ?

Les mots s'abattent sur moi comme des lames acérées. Au souvenir de mon ami, mon confident, mon mentor, mort dans une nuit d'horreur. Les souvenirs étreignent mon cœur, et je sens la fissure s'élargir.

DRIVE OR DIEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant