J'étais en train de ranger des livres dans le rayon jeunesse lorsque Akimasa apparu de derrière un rayon.
-Au fait, tu sais où tu vas aller l'année prochaine? Demanda-t-il d'un ton détaché
-Heu... non pas encore, j'attend de voir où est ce que je serai accepté.
-Et si tu es accepté partout?
-Je ne sais pas.
Je commencait à en avoir un peu marre de devoir répondre à cette question. Même si je comprenais pourquoi elle m'était posée si souvent ces derniers temps, le fait de ne pas avoir de réponse me mettait dans l'embarras. J'avais l'impression de paraître comme quelqu'un qui se fiche de son avenir et qui ne sait pas prendre de décisions. C'était malheureusement un peu le cas.
Tout en m'aidant à ranger quelques livres, et sans me regarder, Akimasa dit :
-Reita est allé à l'université de Kyoto. Si tu as des questions il pourrait y répondre.
-Ah? Oui, ça pourrait être bien...
-Bien, je vais lui envoyer un message pour qu'il passe plus tôt ce soir.
Je n'eu pas le temps de réaliser que j'allais discuter avec un ancien étudiant de la KUAS, qu'Akimasa avait déjà disparu comme par magie.
Une heure plus tard, il réapparut, accompagné de son petit ami que je voyais parfois à la bibliothèque. Il me le présenta :
-Tsukiyo, voici Reita , vous pouvez aller discuter dans les archives, j'y ai préparé du thé.
Je remercia Akimasa et nous nous dirigeâmes ensuite vers les archives où nous attendait un plateau avec du thé fraîchement préparé ainsi que des petits biscuits. Je ne savais pas si Akimasa avait préparé cette rencontre depuis longtemps, ou bien s' il était juste bon en improvisation. Nous nous installâmes, et avant que je puisse faire quoi que ce soit, Reitanous servit du thé en me demandant :
-Tu veux donc étudier à la KUAS en ingénierie?
-Et bien, oui, depuis longtemps... Mais je ne sais pas si j'y serai accepté...
-Je ne peux pas vraiment t'aider avec ça, ils sont très regardant sur les dossiers. Tu fais quelles activités extra-scolaires?
-Je suis dans le groupe d'ingénieurs du lycée, depuis trois ans. Et je fais de la mécanique depuis que je suis toute petite.
-C'est un bon point, tu es passionné !
-Oui, je le suis vraiment.
-L'université de Kyoto a vraiment la meilleure réputation dans l'ingénierie. Mais j'ai cru comprendre que tu hésitais avec une autre?
Akimasa l'avait tenu au courant. Cela me faisait bizarre de penser qu'il discutait de moi et de mon avenir avec d'autres personnes. Je répondit enfin :
-Oui, j'hésite avec l'institut de technologie de Tokyo. J'ai visité les deux cet été, et ça a complètement changé mes perspectives. Je suis un peu perdue.
-L'institut de Tokyo n'a pas à rougir de son niveau, c'est une très bonne université aussi, je comprends pourquoi tu hésites. Et puis, Tokyo et Kyoto ne sont pas le même genre de ville.
-C'est ça justement qui me fait hésiter. Kyoto est une très jolie ville, et l'université est incroyable, mais l'ambiance y semblait plus... sérieuse. Non pas que Tokyo ne le soit pas, mais l'ambiance était plus exaltante, plus... fun... Je sais que je ne devrais penser comme ça, mais je n'y peux rien, je sais que je vais y passer quelques années, je sais pas si j'ai envie de ne penser qu'au travail.
-C'est bien de penser aussi aux à-côtés, les études sont difficiles, il faut parfois lâcher du lest. Mais il y a un point avec lequel je suis en désaccord. La KUAS ne t'as pas semblé fun, mais elle l'est. Pour y avoir passé plusieurs années, je peux te dire que les étudiants savent s'amuser. En particuliers au sein d'une spécialisation. Parce que le niveau demandé est très élevé, on pourrait penser qu'il y a beaucoup de compétitivité, mais au contraire,les gens peuvent être extrêmement chaleureux et bienveillant les uns envers les autres.
-Je peux vous demander quelle spécialisation vous avez étudier?
-La robotique. J'ai toujours aimé la science-fiction... répondit-il avec un petit sourire gêné.
-Je comprends, j'aime aussi la science-fiction, je pense même qu'elle est indispensable pour comprendre notre monde et éviter les catastrophes du point de vue des technologies.
-Exactement ! Et tu sais, beaucoup d'étudiants avec qui j'ai passé du temps pensent la même chose. Je me souviens avoir eu beaucoup de discussions dans la bibliothèque, qui, soit dit en passant, est extraordinaire... Il y a une diversité d'ouvrages, plus intéressants les uns que les autres.
-Ah oui? Elle n'était pas visitable lorsque j'y suis allé, je me demandais justement...
-Oui, rien que pour cela, la KUAS vaut le coup, mais il n'y a pas que ça. Je sais que je donne l'impression de faire de la pub pour Kyoto, mais je pense être assez objectif, j'y ai passé de très bon moments, parmi les meilleurs de ma vie. Les conditions de travail sont spectaculaires, et les étudiants ont en permanence l'esprit qui bouillonne de nouvelles idées, c'est très stimulant.
-Je vois... répondis-je tout en réfléchissant. Je sentais que l'envie d'aller à Kyoto commençait à revenir peu à peu en moi. Reita reprit la parole :
-Très honnêtement, si tu es accepté là-bas, je ne vois pas de raisons de ne pas y aller. Mais c'est mon point de vue, je ne connais pas ta vie...
-Oui, ça peut paraître absurde d'hésiter, mais, il y a effectivement des raisons... Il y a des personnes dont je n'ai pas envie d'être séparé qui seront à Tokyo l'année prochaine...
-Ah... Je comprends... Tu es à un âge où les relations sont fortes, ça n'aide pas à être impartial. Mais d'après mon expérience, les nouvelles relations sont tout aussi intéressantes... Regarde moi, si je n'avais pas déménagé ici, je n'aurait jamais connu Akimasa, et cela aurait été bien dommage...
Je réfléchissais à ce qu'il venait de dire et sentit un poids dans mon ventre. J'étais tiraillé entre l'envie de nouveauté, et l'envie que rien ne change. J'aimais ma vie actuelle, j'aimais mes amis, j'aimais mon lycée, j'aimais vivre avec mon père, et même travailler à la bibliothèque. Mais le temps ne pouvait pas se suspendre, et il allait falloir, de toute façon, prendre une décision.
Nous parlâmes encore un peu de Kyoto. L'avantage était qu'il avait aussi vécu à Tokyo pendant quelques années après ses études, il pouvait donc comparer le style des deux villes, mais je sentais qu'il avait une affection particulière pour Kyoto. Il était passionnant, et discuter avec lui était enivrant. Je me demandais si Akimasa était taciturne avec lui comme il l'était avec nous, où bien si Reita lui permettait de s'ouvrir un peu. Nous terminâmes le thé et il fût temps d'arrêter nos palabres. Je le remerciait grandement pour cette conversation et lui fit comprendre qu'elle avait été d'une grande aide. Nous retournâmes dans la bibliothèque et retrouvâmes Akimasa qui semblait attendre de savoir si cela c'était bien passé. Je lui sourit et dit simplement :
-Merci de m'avoir permis de parler avec Reita. Je t'en suis reconnaissante.
Je vis Akimasa être légèrement désarçonné, puis il répondit :
-Bon, il est l'heure que tu rentres...
Je les saluai tous les deux puis rentra chez moi. Sur le chemin, mon esprit tourbillonnait. Une nouvelle donnée venait de s'ajouter car je sentais une forte excitation à l'idée d'aller à Kyoto. Je décidais de garder tout cela pour moi, du moins, pour le moment.L'automne s'écoula et décembre arriva sans crier gare. Un matin où le temps était particulièrement froid et gris, mon père me dit :
-A propos de Noël, tu n'es pas obligé de le passer avec moi tu sais. Tu peux rester avec Katsuki, après tout, c'est une fête pour les amoureux...
-Je ne me sens pas obligé, j'aime bien nos soirées de noël ! Pourquoi, tu ne veux pas le passer avec moi?
-Ahah non, ce n'est pas ça, je me disais juste que tu voulais peut-être le passer avec Katsuki, sans ton vieux père dans les pattes... Et aussi, ça ne me dérange pas d'être seul...
-Désoler, mais tu vas encore avoir ta fille dans les pattes cette année... Un dîner maison et un film d'horreur pourri, je ne peux pas imaginer mieux comme soirée.
-Bon, très bien, dit -il en souriant.
Je n'avais vraiment pas l'impression de me forcer à passer Noël avec lui. J'aimais vraiment nos soirées. Lorsque j'en parlais à Katsuki, je lui dit :
-Ca ne te dérange pas? Tu aurais peut-être envie qu'on soit que tous les deux...
-Si ça me dérangeait, je te le dirai. Cette soirée, c'est un rituel que je n'ai pas envie de louper désormais.
-Ahah, cool, ça veut dire que vous allez cuisiner pour moi, je m'en régale d'avance !
-Rien ne t'empêche d'aider...
-Rien ne m'empêche, je n'ai juste pas envie.
-Ahah ok ! Tu sais ce que tu veux.
-La plupart du temps, oui...
Je n'avais pas parlé à Katsuki de la discussion que j'avais eue avec Reita J'en avais marre de parler de ça, cela me rendait triste. J'avais seulement envie de profiter de chaque moment avec lui, avec mes amis, avec mon père.Le soir de Noël, Katsuki et mon père cuisinièrent un délicieux repas et nous passâmes une très bonne soirée. Parfois, je les regardais, et une sensation de nostalgie me prenait. J'avais l'impression de vivre ça pour la dernière fois. Je savais pourtant que ce n'était pas obligatoirement la dernière fois, mais c'était clairement la fin d'une époque. Pendant le film, je me collait contre Katsuki avec qui, j'osais de plus en plus me montrer affective devant mon père. Lorsque la soirée se termina, j'accompagnai Katsuki, et, devant la maison, je l'embrassa longuement. Je mit mes bras autour de lui et enfouit ma tête dans son cou. Je l'embrassais de plusieurs petits bisous et respirais fortement son odeur.
-Qu'est ce qu'il te prend? Me demanda-t-il en rigolant
-Je sais pas... C'est Noël, il fait froid, j'ai bien mangé, je t'aime...
Katsuki rigola et me serra plus fort dans ses bras. Il m'embrassa lui aussi dans le cou et murmura :
-T'es bête... Je t'aime...
Nous restâmes quelques secondes encore à nous serrer l'un contre l'autre, puis il rentra chez lui. Je le regardais s'éloigner et sentit de nouveau cette boule dans mon ventre. Je savais que j'avais pris ma décision. Je savais que si j'y était accepté, j'irai à Kyoto, et je savais qu'il me manquerait terriblement.
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Je hais les super-héros PARTIE 3 (lemon)
FanficDernière année au lycée pour Tsukiyo, et son choix d'université va peut-être l'éloigner des gens qu'elle aime...