CHAPITRE 19 P3

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Le temps passa, et alors qu'un soir, je me retrouvait à discuter avec Sachie à la bibliothèque, je me rappellai soudain la petite dame avec qui j'avais parlé au cimetière. Je lui demandai alors :
-Sachie, tu as déja eu du mal à prendre une décision?
Elle me regarda intrigué, puis répondit :
-Hum... et bien, oui, ça m'est arrivé...
-Et, comment tu as fait?
-J'ai écouté mon coeur.
Je rigolai intérieurement. Le conseil d'écouter son cœur revenait souvent, mais c'était justement ce que je n'arrivais pas à faire. J'avais l'impression de me faire influencer à chaque discussion que j'avais à propos de l'université, et ma tête avait trop prit le pas sur mon coeur. Sachie dû voir à mon air que sa réponse ne m'aidai pas. Elle ajouta donc :
-C'est difficile parfois, surtout quand on est jeune...
-Hum...
-Ceci dit, si tu as deux choix qui s'offrent à toi, et que tu ne sais vraiment pas, tu peux toujours tirer à pile ou face !
Je regardais Sachie avec de grands yeux. Elle dû penser que j'étais étonné d'entendre une proposition aussi absurde, mais mon étonnement venait du fait que la petite dame du cimetière m'avait suggéré la même chose.
-Pile ou face... C'est étrange de confier son destin à un jeu de hasard...
-Ce n'est pas vraiment comme ça que ça marche... Dit Sachie avec un air malicieux.
Je l'interrogeais du regard, et l'observa fouiller dans son petit sac à main. Elle en sortit une pièce et me demanda :
-Pile, c'est ton premier choix, et face le second. Tu es prête?
Je répondit affirmativement, assez peu convaincu que mon choix serait fait de cette façon, mais je voulais faire plaisir à Sachie. Elle plaça la pièce sur son pouce et l'envoya en l'air d'un petit coup de doigt parfaitement maîtrisé. La pièce tourna en l'air rapidement, puis retomba. Sachie l'attrapa au vol avec une rapidité qui me surprit, puis, elle la plaça sur le dos de son autre main. La pièce était cachée sous sa paume et lorsqu'elle la souleva, mon cœur se mit à battre la chamade, comme si mon avenir se jouait là, à l'accueil de cette petite bibliothèque.
-Pile ! dit Sachie en souriant.
Je dis seulement doucement :
-Oh...
Sachie rogola, puis me demanda :
-Qu'est ce que tu ressens, là tout de suite?
-Et bien... Je ne sais pas trop...
-Tu as l'air déçu.
-Non, c'est... C'est bien...
-Mais tu es déçu.
Je regardais Sachie sans comprendre. Elle reprit :
-Vois-tu, jouer à pile ou face, ce n'est pas laisser le hasard choisir, c'est une manière de révéler ce que tu veux vraiment. Si la pièce tombe du côté que tu ne veux pas vraiment, tu ressens de la déception, et à l'inverse, tu es contente. C'est ça, écouter son coeur...
Je regardais Sachie bouche bée, puis souriait.
Sans rien dire, je la pris dans mes bras et la remercia. Elle rigola puis dit :
-Si mon experience à pû t'aider, alors j'en suis ravie !
-C'est le cas. Merci...

En rentrant ce soir-là, je sentit un poid s'envoler, pour être remplacé immédiatement par un autre. Il fallait absolument que je soit accepté dans l'université de mon choix. Il n'y avait pas grand chose que je puisse faire en plus. Mon dossier était déjà envoyé, et je n'avais plus qu'à attendre. Je décidais de travailler le plus possible pour mes examens de fin d'année qui seraient décisifs. Je passais beaucoup de temps chez Teruko à réviser, et je travaillais d'arrache pied. Cela me permettait aussi bien de me préparer, que de ne pas attendre nerveusement. Je m'autorisa une pause seulement pour la saint valentin, où je prépara mes habituelles chips épicées pour Katsuki. Je lui avais encore demandé s' il était sûr de ne pas vouloir autre chose, mais il avait été catégorique sur son envie d'en avoir. J'achetai tout de même un petit cadeau pour les accompagner.
Le jour de lui offrir, je le retrouvai près de la rivière. Il faisait froid, mais c'était l'endroit que j'avais choisi pour célébrer ce jour. Il me rejoignit et se plaignit du froid.
-Je sais, je suis désolé, on ne restera pas longtemps, promis. Dis-je en le prenant dans mes bras tout en frottant son dos dans une vaine tentative de le réchauffer.
-Pff... Toi et ta rivière... dit-il avec ironie
-Ah... C'est donc ma rivière maintenant?
-Tu te l'ai plutôt bien approprié...
-Oui c'est vrai... Je l'ai bien squatté pendant trois ans...
Je regardait cet endroit qui m'avait permis de m'évader durant ces dernières années, et remerciait l'esprit de la rivière. J'offrit ensuite mes chips à Katsuki qui ouvrit immédiatement le paquet. Il en croqua une, puis dit :
-Dire que je dois attendre un an à chaque fois... Mais ça vaut le coup.
-Ahah, tu me flattes...
-C'est mérité.
-Bon, j'ai un autre cadeau... Ce n'est pas grand chose...
Je lui tendis le second paquet et Katsuki me regarda avec étonnement. Il le prit et l'ouvrit sans rien dire. Il regarda mon cadeau avec étonnement, j'expliquais donc :
-C'est une petite cafetière sans électricité. Il faut faire couler l'eau soit même et attendre patiemment. C'est ce qu'on utilise avec mon père, et le café est meilleur qu'avec une cafetière classique. Du coup, quand je viendrai chez toi l'année prochaine, je suis au moins sûr d'avoir du bon café. Finissais-je en souriant.
-C'est donc plus pour toi que pour moi, répondit-il avec un sourir
-Non, ça te fera travailler ta patience, c'est pour toi.
Katsuki rigola doucement puis me remercia. Il murmura ensuite :
-Est-ce que c'est une manière de promettre des visites régulières?
-Exactement, répondis-je en souriant.

La fin de l'année arriva en un éclair. Je fini mes examens la boule au ventre. La pression que cela engendrait était dure à gérer. Mes résultats arrivèrent, et un soulagement abaissa mes épaules qui ne s'étaient pas détendues depuis un petit moment. J'avais réussi mon année, et pouvait aller à l'université. Lorsque je l'annonçait à mon père, il dit en rigolant :
-Parceque tu doutais vraiment de réussir?
-On ne sait jamais...
-Pfff... Si tu n'avais pas réussi, personne n'aurait réussi...
-Ahah, c'est gentil... Mais je suis tout de même soulagé.
-Quand est ce que tu sais pour les universités déja?
-On reçoit les codes de connexions aux sites le jour du festival. Après, il faut attendre...
-Je veux être là quand tu sauras !
-Evidemment, je t'attendrai.
-J'ai confiance, tu iras où tu voudras.
-Hum... On verra bien...

Le jour du festival du lycée, notre professeur principale nous fit passer nos codes de connexions, mais à peine fait, nous dûmes nous préparer pour notre présentation. Mon ventre était tendu d'impatience, et je passais ma présentation à ne penser qu'à me connecter sur le site. Notre présentation se passa quand même bien et nous eurent même des applaudissements. Lorsque je descendis de scène, je retrouvait mon père, ainsi que Katsuki et Ejiro qui était venu soutenir Haru. Teruko nous rejoignit ensuite, un grand sourire s'étalait sur son visage. Elle annonça :
-J'ai été prise à Tokyo...
Nous avons sauté de joie en entendant cette nouvelle. Haru s'exclama :
-Ça a déjà été annoncé? C'est rapide... Il faut que je regarde pour moi !
Elle dégaina son téléphone et se mit à pianoter frénétiquement. Je fit de même. Je regardais d'abord Tokyo, mais les résultats n'étaient toujours pas en ligne. Je regardais ensuite Kyoto, et c'était la même chose. Je ne pris pas la peine de regarder les autres universités que j'avais demandées, c'était celle-ci qui importaient le plus. Haru releva ensuite la tête avec un air déçu, et expliqua que pour elle non plus, les résultats n'étaient pas encore disponibles. Nous décidâmes tous d'aller acheter à manger et à boire pour se détendre. Mon père nous quitta et repartit travailler. Je n'arrivait pas à me détendre. Savoir que cela pouvait être annoncé si tôt augmenta mon impatience, et Katsuki le sentit. Il demanda à mon oreille :
-Pourquoi tu t'inquiètes? Tu sera prise à Kyoto, c'est sûr...
Je le regardais sans rien dire. Je souriais, mais ne me sentais pas mieux.

Le lendemain du festival, je rejoignit Katsuki pour le White Day. Il m'avait donné rendez-vous à notre lampadaire. Le temps s'était radouci, mais il faisait encore froid. Lorsque j'arrivai, Katsuki m'attendait, un sac dans sa main et l'autre dans sa poche. Je souriai en arrivant vers lui et l'embrassa tendrement. Il me tendit le sac qui contenait, comme à chaque fois maintenant, deux boîtes. J'ouvrit d'abord les chocolats et en dégusta un immédiatement. J'ouvrit ensuite la seconde, et découvris un set de trois couteaux de cuisine de grande qualité. Katsuki me regardais avec un sourir en coin puis dit :
-Quand je viendrait te voir l'année prochaine, il faudra bien que tu aies de bons couteaux pour que je te prépare à manger...
Je rigolai et le remerciai en exprimant ma gratitude pour ce cadeau.
Je l'enlaçait de mes bras et l'embrassa longuement. Mon téléphone vibra dans ma poche et notre bulle éclata doucement. Je regardais machinalement le message que j'avais reçu, et poussai un petit cri de surprise. C'était un mail de l'université de Kyoto, disant que les résultats d'admission étaient en ligne. Il fut suivi presque immédiatement par un mail de l'Institut de Tokyo, m'informant de la même nouvelle. Je les montrais à Katsuki qui me pressa immédiatement de regarder.
-Je ne peux pas, j'ai promis à mon père de le faire avec lui...
-Et ton père, il est où?
-Au garage, il travaille.
-Et qu'est ce qu'on attend pour y aller?
La stupeur m'avait paralysé sur place et je mis quelques secondes à remettre mes idées en place. Nous courûmes jusqu'à chez moi et je sortit ma moto 125 afin d'aller retrouver mon père plus rapidement. Katsuki monta derrière moi et je démarrai. Sur le chemin, je sentais mon ventre se tordre.

Je hais les super-héros PARTIE 3 (lemon)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant