Chapitre 7 - Hélios

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La vue sur son corps me coupe le souffle. Je ne comprends pas ce que je vois. Comment peut-on être une feuille de papier ? En m'apercevant, le garçon se rhabille en vitesse, couvre ce qui semble être son miroir et rejoint son lit en courant, comme si la couette pouvait le protéger.

— Maman ! crié-je en passant dans le salon. Je vais chez la voisine.

Elle se redresse alors qu'elle est à moitié affalée sur le canapé.

— Tu pars voir Léonard ? s'enquiert-elle ravie.

— Oui, dis-je avec un sourire qui transmet de la joie. Ce serait bien qu'on noue une relation comme tu l'as suggéré.

— Super, à plus tard alors. Profite bien.

— Oui, réponds-je sans même l'écouter.

J'enfile des chaussures, récupère un bonnet que je place sur ma tête, attrape les clés de la maison et m'en vais en direction de la maison adjacente à la nôtre.

Depuis que j'ai emménagé, je n'ai pas eu la possibilité de retourner voir Léonard, il ne semble pas sortir de sa chambre, de ce que j'en ai déduis en l'épiant à travers la fenêtre. C'est une énigme à lui tout seul, un casse-tête que je compte bien résoudre durant ma vie ici. Je ne souhaite pas rester longtemps, jusqu'à ma majorité, ou peut-être plus, qui sait ? Mais je ne veux pas m'éterniser. Je veux retourner dans le pays où j'ai grandi, c'est-à-dire, loin d'ici.

Je débarque donc à l'improviste chez la voisine Freya. Elle m'ouvre tout de suite.

— Je peux t'aider ? me demande-t-elle avant même de me saluer. Je ne t'attendais pas aujourd'hui.

En effet, demain nous sommes dimanche et nous mangeons chez elle et malgré son enthousiasme à avoir un nouveau voisin de l'âge de son fils pour le sortir de sa bulle. Le plan semble avoir lamentablement échoué avant même de commencer.

— Je viens voir votre fils.

— Tu peux me tutoyer, je connais ta mère depuis de nombreuses années tu sais.

Oui, je suis au courant. Seulement, moi, je ne la connais pas. Je n'avais pas eu vent de son existence avant de la rencontrer et je crois bien que la réciprocité est vraie, alors non, nous n'avons rien à nous dire.

— Il est là ? je la questionne pour reprendre la discussion devant son manque de réaction.

— Oui oui, bien sûr, entre je t'en pris, tu es le bienvenue.

Les formules de politesses se bousculent entre ses lèvres teintées de rouge carmin. Elle ne semble pas savoir comment me recevoir ni même comment réagir quand à une personne qui vient voir son fils, celui-là même qui ne voit pas grand monde. Je le sais, je regarde à travers nos fenêtres.

— Sait-il que tu es là ? s'intéresse Freya.

— J'imagine que c'est le cas mais je ne peux pas te l'affirmer à cent pourcent, lui dis-je avec désinvolture et une pointe de gêne d'être passé sans prévenir.

— Ça ne fait rien. Il sera peut-être content de voir quelqu'un, pense-t-elle en haussant les épaules tout en se passant une main sur le visage comme si cela pouvait enlever les marques de sa fatigue. Tu peux monter, tu trouveras facilement tu verras.

— Merci.

J'enlève mes chaussures mais ne retire pas mon bonnet. Je traverse la salle où nous avons mangé la première fois que je suis venu, et sûrement où nous déjeunerons demain. Il s'agit en fait d'un salon assez grand pour accueillir de grands repas, ou même moyen mais dans plus de chaleur que dans la pièce cuisine j'imagine.

L'ombre à la fenêtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant