Je sens quelqu'un s'asseoir sur mon lit, alors je me tends par automatisme. Je me réveille en sursaut et me rétracte dans l'angle du mur. Je sers mon oreiller contre moi et juge la personne qui est venu troubler mon sommeil sans rêve. Il me regarde de ses yeux doux, un sourire un peu triste et désolé s'affiche sur ses lèvres et dans ses mains, il tient mon carnet.
— Tu vas survivre, tu vas te relever, affirme-t-il. Continue d'écrire, accepte ce qu'il s'est passé, affirme ta personnalité, regarde ton avenir et défie le. Tu mérites d'être heureux, d'aller bien. Alors lève toi et bats toi. Manges des bâtonnets de carottes, des oignons, des tomates ou je ne sais pas quoi mais tu peux aller mieux. Tu dois changer le regard que tu te lances dans le miroir. Tout dépend de toi. J'ai envie de te sauver de toi-même, mais je n'y arriverai pas si tu ne le veux pas.
Une larme coule le long de ma joue alors que les voix me rappellent que je ne vaux rien, qu'il n'a juste pas la bonne vision de moi.
— Arrête de croire que personne ne tient à toi ou que tu les fais tous souffrir. Carmen me répète sans arrêt à quel point tu es un bon garçon et que c'est dommage que tu sois si triste. Ta mère t'aime aussi, la preuve elle fait tout pour que tu te sentes bien, que tu ailles mieux même si ça ne te fait rien. Et il y a moi désormais. Trois personnes qui te connaissent et te soutiennent, valent mieux qu'une vingtaine d'individus qui ne retiennent que ton prénom et ta date de naissance. Peut-être qu'un jour tu changeras à ton tour la vie des autres, peut-être que tu seras un modèle de réussite et que tu réussiras à réaliser tes rêves.
Mais si nous n'avons pas de rêve, si notre vie était de passer de l'école, à chez nos amis avant de rentrer chez nous ? Si, finalement, nous n'avions dans tous les cas jamais imaginé notre avenir ? Et si, je me fichais de vivre ?
— Je vais y aller Léonard, mais n'oublie pas, appelle-moi, me rappelle-t-il en déposant le carnet sur mon lit tout en se relevant.
Il se dirige vers la porte comme à chaque fois et je rêve de me lever pour l'enlacer, seulement, je ne le fais pas, c'est encore trop tôt pour ça.
Une fois qu'il est parti, je me dirige vers mon bureau et me remets à dessiner. Je laisse les images revenir à moi, ma douleur exploser et mes démons me hanter. Il n'y a que quand je vais mal que l'artiste en moi se réveille de son sommeil. J'ouvre les vannes de ma souffrance et elle se déferle en moi, rampe le long de ma colonne tel un serpent et s'incruste dans mon crâne pour le dévorer. Mon esprit se noircit et mon âme se noie dans les ténèbres. Malgré la douleur qui vient m'habiter, je me mets à sourire de toutes mes dents. Il est fou, je le sais pour déjà m'avoir regardé dans un miroir quand je suis dans cet état. J'attrape mes fusains, les casses et commence à représenter ce qu'il se déroule au fin fond de mon esprit. Des courbes commencent à apparaître dévoilant une montagne enneigée entourée de brouillard avec un flan ardu, laissant peu de chance à la silhouette grimpant le long de la falaise. Même les meilleurs sombrent parfois. Sur un autre une tête de mort apparaît, puis une corde et tout un tas d'instrument de torture. Je me coupe la veine pour récolter mon sang et rajouter de la texture à mes œuvres. Sans y réfléchir, je coupe encore plus profondément, pour que mon hémoglobine coule plus abondamment. Une feuille entière se teinte de rouge, j'y ajoute des traits noirs et le tout se mélange pour former une sorte de bordeaux, le même que celui de mes maux transformés en bleu sur ma peau. Les feuilles s'entassent sur mon sol, elles le jonchent, se superposant les unes aux autres sans avoir le temps de sécher. Mon âme se brise un peu plus à chaque nouveau tableau, pourtant, mon esprit devient de plus en plus limpide et mon cœur se reconstruit.
Alors que le temps passe, Hélios vient hanter mes pensées. Il s'y glisse comme s'il y était à sa place, il a fait de ma mémoire son chez lui. Ce n'est pas pour me déplaire, mais c'est étrange.
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L'ombre à la fenêtre
TienerfictieLéonard, ne sort pratiquement jamais de sa chambre qu'il voit comme sa bulle, le seul endroit où il est en sécurité, loin de ses troubles et de la haine. Un jour il découvre qu'un jeune homme s'est installé dans la maison d'en face, bousculant ses h...