Je suis amoureux.
* * *
En rentrant chez moi, je suis sur un nuage. Nous sommes en février, ce sont bientôt les vacances et je vais retourner chez mon père pendant une semaine. Seulement, avant, je dois parler à Carmen. Ça me travaille depuis deux mois, je ne peux plus y garder pour moi. J'ai fait des efforts mais je n'en peux plus. J'ai pensé qu'elle serait une mère, j'ai continué de m'y accrocher même après avoir déchanté. Cependant, elle n'en sera jamais une.
Je m'installe à la table de la cuisine, mon chocolat chaud en main, elle fait de même. Il est cinq heures de l'après-midi, il fait sombre dehors, la neige est toujours là en grande quantité. J'apprécie marcher dans la poudreuse. De toute façon, j'ai toujours aimé m'amuser avec.
— Tu voulais me parler ? me demande Carmen qui semble de pas trop s'en soucier. Tu as l'air préoccupé. C'est Léonard ? Qu'a-t-il encore fait ?
Je suis décontenancé par ses propos. Pourtant, je devrais y être habitué. Pour elle, le voisin, mon copain, n'est qu'un sale gosse pourri gâté qui profite de sa gentille mère.
— Ça n'a rien à voir, dis-je déjà sur les nerfs.
— Alors parle.
— Je vais rester chez toi jusqu'à juin, après je retourne chez moi, l'informé-je sans plus de cérémonie ni d'émotion.
Comme si c'était une information lambda qui passait à la radio.
— Tu crois que ton père aura l'argent de te reprendre ? Il s'est débarrassé de toi.
Ça aussi c'est sa spécialité : essayer de reporter la faute sur mon papa enore et encore. Comme si c'était de sa faute si l'entreprise où il était embauché avait fait faillite. Seulement, il a retrouvé du travail, pas seulement des petits jobs par-ci par-là comme il en faisait en fin d'année. Il gagne à nouveau convenablement sa vie alors que je rentre lui fait plaisir. C'est même lui qui me l'a proposé sachant que je ne supporte plus de vivre chez Carmen.
— Tu n'es pas ma mère, lui dis-je de but en blanc. Je pensais sincèrement nouer un lien avec toi mais tu n'es que ma génitrice au final. Ma famille n'est pas sur ce continent, ma mamá, celle qui m'a élevé, m'aime vraiment contrairement à toi. J'ai un petit frère aussi que j'ai envie de voir grandir. Alors même si papa n'avait plus d'argent pour me loger, j'aurai trouvé une solution pour y retourner. Il s'agit de ma famille et tu n'en fais pas partie. Je me suis trompé.
— Tu es aussi ingrat que le petit d'à côté, crache-t-elle. Je t'ai accueilli et nourri et tu me remercies de cette façon ?
— Tu devais être une mère pour moi, tu devrais m'aimer, lui repoché-je. S'occuper de son enfant n'est pas un acte duquel nous devons attendre une reconnaissance, car c'est normal. Tu as eu un fils alors tu t'en occupes, sinon tu ne fais pas partie de sa vie. Et toi Carmen, tu ne fais pas partie de ma vie et encore moins de ma famille. Tu es une connaissance de mon père qui me loge, qui a essayé de se comporter comme une mère mais tu l'as dit toi même, tu ne possèdes pas la fibre maternelle. Alors j'arrête de faire des efforts, j'arrête les frais. J'ai voulu que tu prennes une place dans ma vie, je l'ai réellement souhaité mais malgré tout, une relation c'est à deux qu'elle se construit et malgré tout, tu n'es pas faite pour ça.
Ma voix se noue, malgré tout, c'est à celle qui m'a donné la vie que je renonce.
— Je comprends pourquoi tu t'entends si bien avec le voisin, déclare-t-elle en ne prêtant aucune attention à mon discours.
Je fais de même.
— Je suis content de t'avoir rencontré et des efforts que tu as fourni pour me faire croire que tu étais une vraie mère pour moi durant les premières semaines. Seulement, ça ne m'a pas suffit. Tu reproches tout aux autres, tu ne prends plus rien en compte. Je voulais t'aimer, te chérir autant que Juana, mais je suis désolé, ça n'arrivera pas.
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L'ombre à la fenêtre
Novela JuvenilLéonard, ne sort pratiquement jamais de sa chambre qu'il voit comme sa bulle, le seul endroit où il est en sécurité, loin de ses troubles et de la haine. Un jour il découvre qu'un jeune homme s'est installé dans la maison d'en face, bousculant ses h...