Chapitre 15 - Hélios

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Une larme coule le long de la joue de Léonard tandis qu'il fixe son assiette pleine de nourriture. Il doit forcément avoir des troubles du comportement alimentaire, à moins qu'il ne repense à ses démons ?

Comme d'habitude, il ne dit rien et sort de table sans un regard en arrière et cette fois, je ne le suis pas.

Avec ma mère et Freya nous finissons le repas dans une semi bonne humeur jusqu'à ce qu'on décrète qu'il est tard et que nous devons rentrée. Une manière subtile de dire que nous n'avons plus rien à faire au sein des murs de cette maison, que son fils va mal et que nous ne sommes pas à l'aise au milieu de l'étouffante tristesse que traîne son enfant. Freya nous remercie de notre venue avant de s'enfermer dans sa demeure.

Une fois chez nous, je pars m'enfermer dans ma chambre afin de regarder par la fenêtre si je vois l'ombre de Léonard mais il n'apparaît pas. Alors je renonce et finis mes travaux scolaires. Une partie du baccalauréat est en contrôle continu, je ne peux pas me permettre de ne pas faire mon maximum pour être à la hauteur. Il me faut ce diplôme pour avoir l'école de mes rêves et retourner auprès de mon père.

Le lendemain, les cours sont longs et redondants. Des professeurs qui nous répètent inlassablement que notre année est décisive pour notre avenir alors que nous sommes en novembre et que ce genre de discours est censé être réservé pour la première semaine de cours. Des élèves voulant prouver qu'il sont les meilleurs et d'autres, qui souhaitent nous montrer que même en ne faisant rien en classe, en étant insolent nous pouvons avoir des donnes plus que correctes. Dans le lycée, les cases sont parfaitement délimitées. D'un côté ceux en jogging, d'un autre les nerds ou encore les filles aux décolletés indécents.

Plus je regarde les personnes évoluer entre elles, plus j'ai l'impression d'être dans une expérience chelou. Comme si on avait mis des personnes au hasard en se disant que peut-être, on pouvait en faire des génies tel Albert Einstein. Malgré les efforts notables de cet établissement, aucun élève ne ressortira de là ingénieur ou mathématicien de renom Il faut de la détermination, de l'envie et aucun n'a ce profil. Même les excellents élèves se fichent pas mal de ce qu'ils deviendront. J'ai l'impression d'avoir atterri dans un lycée campagnard, où les étudiants n'ont rien de mieux à faire que de courir après les vaches en trouvant cela amusant. A moins que je ne me prenne trop au sérieux. J'ai tout de même sympathisé avec des personnes de ma classe. Je suis de nature joviale et solaire malgré mon manque d'entrain par moment.

Seulement les groupes, les fêtes, les convivialités ne sont pas trop ma tasse de thé. J'ai toujours préféré ma solitude, les randonnées avec Juana ou encore, les études où les enseignants nous poussent à devenir meilleur.

Je ne peux pas dire que je me sente très à l'aise dans ce lycée, pourtant je ne m'y sent pas forcément mal, juste en décalage. Ça change radicalement d'où j'étais avant et l'atmosphère est étrange. Pourquoi ce besoin de mettre tout le monde dans des cases ? De se juger ? De rester qu'avec les personnes "identiques" à nous-même ? Cela doit être ennuyant à force...

Le soir, pour rentrer chez moi je mets environ une demi-heure à pied. J'aime marcher, ça me fait du bien. Ça me permet de m'aérer l'esprit avant de retrouver ma mère. Nous continuons nos efforts, seulement, ça ne paye pas. A chaque seconde qui passe je me souviens que j'ai un frère à des milliers de kilomètres qui a fêté ses trois mois et que je n'ai pas été là pour les lui souhaiter.

En arrivant chez moi, je me dirige directement dans ma chambre pour poser mes affaires avant de me laver les mains, de faire mes devoirs et de descendre rejoindre ma mère pour le repas.

— Tu as passé une bonne journée ? me salut-elle en me gratifiant d'un petit câlin.

— Ça ne change pas de d'habitude. Et de ton côté ?

L'ombre à la fenêtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant