Léonard s'endort posé sur mes jambes. Il semble en paix avec lui-même malgré cette lueur mortuaire au fond de ses yeux. J'ai très bien vu la façon dont il me regardait, comme un sauveur. Seulement, comment pourrais-je le satisfaire ? C'est trop de responsabilité. Les mots de son carnet m'ont fait peur, j'ai dû prendre une décision. Pour être tout à fait honnête, je ne l'avais pas prise jusque là et encore maintenant je doute. Dois-je rester avec lui ? Ou retourner à ma vie parfaite loin de Carmen et de son non-amour maternel.
Elle n'y peut rien, mais je le vie de plus en plus mal. Au début, j'arrivais à faire la part des choses, à apprécier les instants que je passais en sa compagnie. Désormais, j'ai l'impression que nous sommes deux amis cohabitants sous un même toit et je ne peux pas dire que j'apprécie vraiment cette relation. Au début je pensais réellement qu'elle prendrait sa place de mère malgré tout, au final, je crois bien être déçue.
Heureusement que les cours m'aident à garder la face tout comme les appels de mon paternelle. Il fait en sorte d'être toujours aussi présent pour moi et entretient notre lien si fort. Je refuse de m'éloigner de mon père malgré les kilomètres qui nous séparent. Il est tout pour moi.
Malgré le poids de Léonard sur moi, me rappelant qu'à tout moment il peut se réveiller, j'appelle mon père pour lui demander son avis. Voilà trois semaines que j'évite de lui parler de ce que je ressens vis-à-vis de mon voisin. Des semaines que j'ai enfoui en moi ce qu'il se passe. Mais là, je dois en parler avant d'exploser, avant de le regretter.
Mon père répond dès la première sonnerie comme à chaque fois malgré la première sonnerie.
— Tu vas bien ? s'inquiète-t-il puisque nous nous nous sommes déjà appelés dans la journée.
— Non papa, ça tourne trop dans ma tête.
— Parce que tu es loin ? me demande-t-il avec un air peiné.
Il s'en veut toujours de m'avoir envoyé en France, surtout depuis qu'il a appris que je ne me plais plus tant que ça chez Carmen. Au début c'était chouette, j'avais une assez grande liberté, je ne rendais pas de compte, je racontais ce que je voulais. Seulement, au fur et à mesure, elle n'a plus que parler d'elle et de ses problèmes. Elle a arrêté de m'appeler « mon trésor », comme si ce surnom avait réellement eu un avenir un jour. Elle me répète en boucle à quel point la situation du petit garçon est critique et difficile pour sa mère, en parlant de Léonard. Elle tourne sans arrêt en boucle là-dessus et j'en fais une overdose. Freya subit mais ce n'est pas elle que l'on a pas cru, à qui l'on a dit s'être inventé une vie pour se faire remarquer, ce n'est pas elle qui pleure à la simple idée de manger et de prendre trop de place. Non, ça elle ne connaît pas.
— Oui évidemment mais aujourd'hui, ça n'a rien à voir, le rassuré-je à moitié. D'une certaine façon je m'y suis fait tu sais.
— Je sais, d'ailleurs Juana te salue, déclare-t-il en tournant le téléphone.
— Coucou mamá, lui dis-je avec un peu trop d'enthousiasme.
— Bonsoir mon chéri. Je vais me coucher, nous informe-t-elle. Je suis complètement crevé, rejoins-moi dès que tu raccroches Rodrigo.
— Promis, bonne nuit.
Elle l'embrasse, me fait un dernier baiser de ses doigts puis part rejoindre leur chambre. Nous laissant seuls, mon père et moi, en tête à tête.
— Raconte-moi ce qu'il se passe, m'invite à me confier mon papa.
— Il s'agit de Léonard, encore, soupiré-je alors que j'admire le visage endormi et serein de ce dernier.
J'aime tant le voir en plein sommeil, il est encore plus beau. Mon père ne semble même pas surpris par mon amorce, comme s'il s'attendait à ce que je parle à nouveau de lui après des semaines à ne lui raconter ma vie qu'à travers les cours, les devoirs et ma relation avec Carmen.
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L'ombre à la fenêtre
Novela JuvenilLéonard, ne sort pratiquement jamais de sa chambre qu'il voit comme sa bulle, le seul endroit où il est en sécurité, loin de ses troubles et de la haine. Un jour il découvre qu'un jeune homme s'est installé dans la maison d'en face, bousculant ses h...