La princesse des putes

87 2 0
                                    

ALICE


Je me berce de l'avant vers l'arrière dans un rythme morbide. Je n'ai aucune idée depuis combien de temps je tiens son corps froid dans mes bras, mais je suis dans une telle transe que je suis incapable de m'en soucier. Je le sers contre moi, les yeux dans le vide incapable de regarder les siens.

Le parquet de sa chambre est dans une teinte assez claire, mais malgré le fait que Jonathan soit quelqu'un de plutôt propre, on voit une fine couche de poussière le surplomber. Le seul bruit présent dans cette maison sans vie est celui de mon balancement. Je ne le regarde toujours pas lorsque je ferme ses yeux de mes doigts. Une fois ceci fait, toujours en train de le bercer, j'ose tourner la tête pour le regarder.

Il est beau.

Il a l'air paisible les yeux fermés. Comme s'il dormait. Mais il dort de toute façon ?

Pas vrai ? Il va se réveiller. Il va se réveiller ?

Il ouvre les yeux. Je retrouve enfin son brun clair surplombé de sa parfaite touche de miel. Je savais qu'il allait se réveiller. Il ne sourit pas. Il ne fait que me regarder. Je n'aime pas la façon dont il le fait, ce n'est pas comme d'habitude. Il me fait peur...

- Alice. J'entends.

Tout d'abord je tourne la tête de chaque côté pour savoir qui m'appelle, mais je me rends rapidement compte que personne n'est avec nous. Nous sommes seuls.

- Alice. Répète John.

Ce n'est pas sa voix.

- Alice.

Cette voix est très grave. Ce n'est pas la sienne. Je ne comprends rien.

- Alice. Alice. Alice.

Je lâche brusquement son corps et recule sur les fesses rapidement à quatre pattes pour me retrouver coller au mur. Il se met debout et commence à me fixer d'une manière malsaine répétant toujours de manière lancinante mon prénom. Je suis morte de peur, littéralement coller au mur, à deux doigts de ne faire qu'un avec lui. Soudain je reconnais sa voix. C'est celle ... Comment est-ce possible ?

Pour a-t-il la voix d'Adam ?

Quand je relève la tête ce n'est plus Jonathan que j'ai en face de moi. C'est lui. C'est Adam.




J'ouvre brutalement les yeux en me relevant par la même occasion. J'ouvre en grand la bouche pour inspirer un maximum d'air. Ma respiration est saccadée, encore sous le choc de mon rêve. Je sue à grosse gouttes et tremble de tous mes membres, mais étonnamment, pour une fois, je ne pleure pas. Je n'avais pas vraiment de raison de pleuré, il n'était pas triste, il était terrifiant.

Ma chambre est plongée dans le noir complet. Les volets de ma fenêtre sont fermés. Le silence de la pièce est autant pesant que la pénombre qui s'y trouve.

Parce qu'il n'est pas là. Il ne sera plus là.

Lui aussi.

Pourquoi doivent-ils autant se ressembler ? Pourquoi ?! Pourquoi il a ses yeux ? Pourquoi est-il autant brisé ? Pourquoi me fait-il aussi mal ? Pourquoi m'a-t-il aussi abandonné ?

Pourquoi se ressemblent-ils ?

Moi qui n'avais pas pleuré jusque-là, me retrouve avec de nombreuses larmes dévalant mes joues, jusqu'à brouiller ma vue.

HimOù les histoires vivent. Découvrez maintenant