Deux fois championne olympique de natation, la carrière de Leonessa s'arrête brutalement à la suite d'une grave blessure et elle fuit les bassins de Miami pour se réfugier auprès de sa famille, en Italie.
Six ans plus tard, fiancée depuis deux ans...
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
Leonessa
Je me réveille en sentant une odeur de cuisine. Les yeux endormis malgré un rapide passage dans la salle de bain pour me brosser les dents et me débarbouiller le visage, je hausse un sourcil en découvrant Joshua dans la cuisine, seulement vêtu d'un bas de jogging. Il vient d'arriver, je l'aurais senti dans mon dos cette nuit sinon.
— Tu essaies de te faire pardonner quelque chose ? lui dis-je.
Ne prenant pas la peine de se retourner, Joshua continue à s'affairer à je ne sais quoi.
— J'ai quelque chose à me faire pardonner ?
Oui. De m'avoir poussé à faire ce que j'ai fait hier soir. L'alcool m'y a aidé, je ne dis pas le contraire. Mais à l'origine, c'est lui et sa blonde, brune, rousse. Peu importe. C'est pire que gravissime. Pas ce qu'il a fait, plutôt l'état dans lequel j'étais. Aidée par l'alcool, je le rappelle.
— Peut-être.
Il se retourne enfin en croisant les bras sur sa poitrine. De la même façon qu'il l'a fait la veille, il me défie du regard.
— On va se disputer ? me demande-t-il.
— Tu veux qu'on se dispute ?
Cette conversation n'a aucun sens.
— Mes yeux sont plus hauts, Leo.
Je me décolle du mur pour aller m'asseoir à table. Table dressée, qui plus est.
— Tu n'as pas entraînement ?
— Cette après-midi.
— Tu n'as pas cours ?
— Si.
Je ne relève pas. À quoi bon ? Mon diplôme, je l'ai, moi.
— Où est-ce que tu as appris à faire d'aussi bons petits-déjeuners ?
— Ma mère, se contente-t-il de dire, agacé.
Non, c'est moi qui dois t'en vouloir. N'inverse pas les rôles, Joshua.
Il dépose une assiette remplie de pancakes devant moi et je résiste à l'envie de dire qu'ils ne seront jamais aussi bons que ceux de sa mère. Je résiste à cette envie. Cela étant, lorsqu'il s'assoit devant moi avec ses yeux qui m'en veulent toujours – pour quelque chose qu'il a initié lui-même ! –, je ne me retiens plus. On croit rêver.
Je croque dans le pancake, mâche une seconde puis plante mes iris paniqués dans les siens.
— Qu'est-ce que tu as mis là-dedans ?
— Ce qu'on met dans des pancakes.
— Je suis sérieuse. Qu'est-ce que tu as mis là-dedans ?
Son air renfrogné ne se transforme que lorsqu'il s'aperçoit de l'affolement dont je fais preuve. Il se met alors à me lister les ingrédients qu'il a mélangés dans son saladier et je me fais violence pour ne pas éclater de rire. À la place, je me lève brusquement et vais recracher la nourriture dans l'évier. Dois-je penser à me réinventer une vie dans le monde du cinéma ?
