Chapitre 8.1

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Zyniarold

— Je peux avoir un roman-feuilles, au moins ?

Ancelin, Troisième conseiller du roi à seulement 33 ans et Soignelier Personnel de... moi-même, me dévisage d'un air faussement navré.

— J'ai bien peur que sa Majestuosité ne vous ait permis aucun divertissement, Zyniarold. Pas de lecture, pas de putains, pas de femmes de chambre, rien.

— Et un gentil valet qui me tiendrait compagnie en ces heures sombres ? Vous savez combien j'ai peur de la nuit, argué-je.

— Il ne fait pas nuit, et c'est de l'eau dont vous avez peur. L'eau et l'altitude. Et je doute fort que ce valet vous ferait la lecture. Je ne suis pas né du fondement d'un dragonnet, vous ne parviendrez pas à me mystifier, Zyniarold !

— Pourtant, vous avez des airs de croupion, bougonné-je, contrarié de ne pas parvenir à mes fins.

Le nez du LapElfe-Garou frémit, mais pour une fois, il ne perd pas le contrôle de sa forme animale. Dommage, j'adore courir après le lapin blanc aux oreilles soyeuses qu'il devient dans ces cas-là. Et dès lors qu'il retrouve forme Elfe, il se répand en excuses auprès des servants après s'être répandu en crottes sur les tapis luxueux de Père.

Je roule dans mes coussins moelleux et offre à la vue de Ancelin ma nudité parfaite. Il rougit et, pudique, détourne le regard.

— Fais pas ton timoré, tu m'as vu naître.

Ancelin roule des yeux, comme à chaque fois que j'abandonne le protocole pour la familiarité.

— Je n'avais alors pas le même âge et vous pas les mêmes proportions, Zyniarold...

Il m'agace à répéter mon prénom sans cesse avec cette fausse déférence dont il fait preuve lorsqu'il est en désaccord avec mes actions.

C'est bien un Soignelier, toujours utiliser la manière douce et les mots pour faire passer les messages. C'est pénible.

— S'il vous plaît, poursuit-il, passez un vêtement, je vous ai dit que sa Majestuosité pensait vous faire mander après son rendez-vous de 8 heures.

Un sourire narquois, une moue boudeuse et le LapElfe-garou sait que je vais encore tenter de le faire tourner en bourrique. Depuis le temps qu'il est à mon service, il me connaît par cœur. Nous avons pour ainsi dire grandi ensemble, même s'il est de huit ans mon aîné.

— Je n'ai pas de valet pour m'aider.

Joueur, je m'étire et roule dans mon lit. Il grimace.

— Vous n'avez jamais besoin de valet pour vous aider.

— Mais aujourd'hui, je suis d'humeur à en avoir besoin. Regarde, ajouté-je en levant un bras avant de le laisser tomber aussitôt. La privation de nourriture m'a rendu trop faible, je ne peux rien faire.

Le Troisième conseiller renifle. Hésite. Secoue la tête :

— Les Kobolds ne peuvent-ils pas jeûner jusqu'à huit jours sans éprouver de gêne ?

— Je suis plus Elfe que Kobold, rétorqué-je.

Ce qui est tout à fait vrai : mon père est un Elfe du Nord (adopté par l'ancien roi) et ma mère est à demi Elfe du Sud et à demi Kobold.

— Admettons. Mathématiquement parlant, vous pouvez donc jeûner deux jours sans peine.

Ancelin esquisse un sourire taquin qui disparaît presque aussitôt, puis va s'asseoir dans mon fauteuil rembourré de plumes de dindouilles.

RPG, en route pour Grenzadiel ! (MM, queer)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant