Zyniarold
Une main glacée me broie le cœur et les poumons. Je déteste la sensation de perdre mon souffle ; elle me rappelle bien trop les minutes interminables passées sous l'eau quand j'étais enfant.
Même si je redoutais la possibilité que Père se serve de ce décret, je n'ai jamais cru qu'il le ferait vraiment pour la simple raison que personne ne l'a jamais invoqué. En revanche, l'idée que Mère pourrait s'en servir ne m'a pas effleuré. Pas même une seconde.
Je me sens... trahi. Vendu, et même pas au plus offrant.
Mon Astraline de Mère me toise, sûre d'elle, sûre de ma reddition. Le pire, c'est qu'elle a raison : même alors que tous mes membres tremblent de fureur, même alors que je me mords la lèvre pour contenir ma rage et mon désespoir, je ne suis pas assez stupide pour me rebeller contre un décret royal et divin. Je ne peux que courber l'échine et la nuque alors que mon corps hurle son refus.
Il me faut partir d'ici au plus vite pour réfléchir à la suite des évènements. Les jumeaux me laissent passer et m'emboîtent le pas sans un mot. À leur mine, je sais qu'ils sont aussi choqués que moi par la tournure des événements.
Alors que j'avais la ferme intention de m'enfermer dans ma chambre pour me morfondre, je m'arrête au milieu d'un couloir, les poings serrés, les lèvres pincées. Je ne peux pas accepter ça sans me battre. Je ne peux pas me résigner. Dame Lune n'a prévu que deux voies pour moi ? Eh bien, je vais en créer une troisième.
Même si pour ça je dois quitter la ville.
Mon estomac se révulse aussitôt. Quitter la ville ? Le seul endroit où je me sens en sécurité ? Un lieu que je n'ai quitté que deux fois depuis cinq ans ? Et je ne suis pas sûr que ces deux fois-là comptent puisque j'étais accompagné et que je me rendais à la Capitale Kobolde.
Je dois trouver une autre solution ; je ne peux pas m'exiler.
Ancelin, qui m'a suivi pour une raison que lui seul connaît, mordille ma botte. J'ai à la fois envie de lui donner un coup de pied pour le faire partir et de le cajoler contre moi. Ma bataille interne ne dure pas, j'ai trop besoin de réconfort. Trop besoin d'alliés, aussi.
Je m'accroupis pour l'attraper... et reste là, les doigts fourrés dans le pelage de mon Garou-Conseiller-nounou, presque prostré.
— Donne-moi de l'énergie, Lapinou, j'en ai besoin...
Ses oreilles s'agitent en même temps que les miennes : nous avons été suivis. Par trois personnes, malheureusement. Le premier pas est sûr de lui, martial, orgueilleux même. Celui de Père, évidemment. Le deuxième est plus léger, plus délicat bien qu'appuyé et assuré. Tatialine. Le troisième se fait traînant, récalcitrant. Cette personne a été forcée à joindre la mini-troupe, il m'est aisé de deviner son identité.
Je me redresse et les observe s'approcher d'un air de défi.
— Zyniarold, commence Père avant même que je n'aie ouvert la bouche. Tatialine a émis le souhait de vous parler à tous les deux en privé, je te saurais gré de les recevoir dans tes appartements sans faire d'histoire.
Recevoir Tatialine dans mes appartements, ça ne me gêne pas... mais Ashog ? Je pourrais me rebiffer, toutefois, je n'obtiendrai pas gain de cause. En revanche, je peux essayer d'obtenir un sursis.
— Je ne suis pas du tout pour permettre à cet idiot de pénétrer mon intimité.
Le visage de Père se froisse d'agacement, je ne lui laisse pas le temps de me réprimander.
— Mais si vous m'accordez une nuit pour me faire à l'idée de partir et pour préparer mes affaires, j'accepte.
— Où est le piège, Zyn ?
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RPG, en route pour Grenzadiel ! (MM, queer)
FantastikUne opportunité unique, voilà ce que l'Académie a offert à Tatialine, Apprentie Héroïne : former sa propre Team de Héros, et la liberté de décider de tout, sans condition... La réalisation de son rêve de toujours est bien engagée. Mieux que bien, mê...