RPG, en route pour Grenzadiel ! (MM, queer)

Chapitre 18

Notes des auteures : Après un petit temps de réflexion, nous avons trouvé plus pertinent de faire un nouveau découpage des chapitres 18 et 19 et nous avons apporté quelques modifications au 18 ! Voilà pourquoi nous "repostons le 18", en réalité une nouvelle version avec quelque 600 mots supplémentaires ! Bonne lecture à tous et merci de nous suivre !
Cara & Tia

Ashog

La nuit a été courte.

Enfoui sous les couvertures, je frotte mes paupières encore gonflées de sommeil et prends le temps de m'éveiller complètement avant de me redresser sur un coude pour jeter un coup d'œil circulaire.

Je ne sais pas si c'est la manière de camper des TerreMondiens, mais nous sommes tous agglutinés les uns contre les autres dans un désordre nonchalant. Voire les uns sur les autres. Une jambe de Waane écrase le ventre d'Erval ; celui de Célener sert d'oreiller à Aelya ; Kim est roulée en petit chien contre le flanc de Tatialine dont le bras enlace mollement la taille de Kheog. Et moi, je suis étalé entre le faune et la guerrière, le souffle de cette dernière venant chatouiller mes cheveux.

Une part de moi reste perplexe face à ces rapprochements physiques, si éloignés de mes habitudes passées. D'ailleurs, je ne pense pas que ce genre de promiscuité soit chose habituelle pour beaucoup de gens, dans notre Monde. Peut-être est-ce une manière typiquement Terremondienne.

Ou peut-être que c'est juste parce que c'est « nous ». Que chacun des membres ressent ce besoin intime d'être proche des autres.

Un besoin que je me découvre et qui me laisse un arrière-goût mitigé. Je n'ai pas appris à aimer les contacts ou l'intimité, en grandissant ; et si j'ai apprécié la soirée d'hier, ce matin je ne suis pas certain d'apprécier la compulsion qui me pousse vers les autres Héros de la Team.

Je laisse filer un bâillement, mon regard se promène dans la pièce. À la lueur du jour, la sensation de réalité me frappe plus fort. Ce n'est pas un rêve : je suis un Héros. Et si je doutais encore, si je craignais d'être plongé dans un fantasme... les ronflements de Waane suffiraient à éloigner le spectre d'une illusion. Ils résonnent en une mélopée discordante, en contretemps de la respiration bruyante d'Erval.

Maubolfy reste à l'écart de notre « boule de Héros », toujours coincé dans son recoin, quelques mèches argentées dépassant de ses couvertures. Mes yeux glissent sur lui avant de se détourner : sa présence m'irrite. Me dérange. M'agace. Elle titille mes nerfs. Maubolfy est l'ombre maussade lestant l'humeur générale. Je ne comprends pas la foi que Tatialine porte au Maubolf, ni pourquoi elle est si certaine que ce dernier doit faire partie de la Team.

Si elle imagine que Maubolfy va changer et devenir un Héros, elle se trompe. Elle ferait mieux de le renvoyer.

Si je connaissais mieux la Cheffe, je lui dirais franchement ce que je pense de sa recrue princière. Je l'enjoindrais à s'en débarrasser... Mais je crains que mon avis, si je le livre à voix trop haute ou de manière trop directe, se retourne contre moi. J'ai peur que cela brise le début de confiance que la TerreMondienne me témoigne.

Doucement, pour éviter de réveiller les autres, je me redresse et m'extirpe du cocon chaleureux puis gagne les toilettes sans faire de bruit.

Ah bonne sève de Groschk ! Sans hésiter, c'est la meilleure de toutes les inventions terremondiennes ! Il en faudrait dans tout Grenzadiel ! Dans tout LuneTerre, même !

De retour dans la pièce de vie, je demeure un moment immobile et fixe les dunes de couvertures et les vallées de corps assoupis. Mes pensées reviennent à la nouveauté d'une telle promiscuité pour moi.