Minho, ou l'art de donner de mauvaises idées dans un café

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        « Shit ! »

        La voix énervée de Chan me réveille. Je fronce les sourcils en regardant l'heure, les yeux toujours brouillés du sommeil dont je sors difficilement. 6 h 27. Mon réveil allait sonner dans trois minutes de toute façon, ça ne sert à rien que j'essaie de me rendormir. Je désactive la sonnerie imminente avant de me lever de mon matelas en grognant. Mes muscles me font diaboliquement souffrir. J'ai l'impression d'avoir des courbatures dans l'ensemble du corps. Ces entraînements de danse intensifs finiront par me tuer. Heureusement que j'aime trop danser pour penser à arrêter.

        Je sors de ma chambre après avoir enfilé un t-shirt rapidement et me dirige vers celle de Chan. Je reste immobile quelques secondes devant sa porte pour essayer d'entendre ce qu'il se passe à l'intérieur. La situation n'a pas l'air de s'être arrangée puisque les jurons continuent de s'enchaîner, quoiqu'à voix bien plus faible. J'entre alors sans prendre la peine de toquer, pour voir ce qu'il se passe.

        — Qu'est-ce que tu fous à gueuler comme ça dès le matin Chan ?

        Il lève la tête de son ordinateur posé sur ses genoux et me lance un regard étonné. Il porte toujours les habits de la veille et, malgré le fait qu'il soit dans son lit, ses draps sont parfaitement faits. Les cernes noirs m'indiquent clairement qu'il n'a pas dormi de la nuit.

        — Oh, excuse-moi Minho, je ne voulais pas te réveiller. Je ne vais pas faire de bruit, tu peux aller te recoucher.

        Je soupire en constatant qu'il ne s'est même pas rendu compte que nous étions le matin. Ses habitudes nocturnes m'inquiètent vraiment parfois.

        — Il est déjà six heures et demi Chan. T'as pas dormi hein ?

        — J'ai un trou cet aprem, je ferai une sieste au studio, t'inquiète.

        Je ne dis rien, ce n'est pas à moi de lui faire la morale sur ce sujet.

        — Hum, viens p'tit dej' au moins.

        Je me décolle du chambranle de la porte pour me diriger vers la pièce à vivre de notre petit appartement. En attendant de voir mon colocataire arriver, je nous prépare deux cafés. Moi, parce que j'aime ça le matin et lui, pour lui permettre de tenir sa matinée de cours. Il a beau de pas aimer ça, avec son rythme de vie, impossible de tenir sans caféine. Je pose les tasses sur le bar haut qui délimite la cuisine et me sers un grand verre d'eau. Je suis en train d'avaler mon cachet matinal quand le blond débarque enfin.

        — Bon, qu'est-ce qu'il s'est passé pour que tu cries comme ça dès le matin mec ? Parce que bon, c'est pas vraiment le fait que tu sois réveillé qui m'a intrigué hein.

        Chan grimace. Il a réellement l'air épuisé.

        — J'essaie de trouver de l'inspiration, mais je suis coincé ces jours-ci. Tu sais, pour les sons du festival de la musique que m'a demandé le directeur de promo. Vraiment, j'y arrive pas. Et en plus, mon logiciel a crashé, je viens de perdre le peu que j'avais avancé cette nuit.

        Le blond est vraiment un producteur de génie, et ses professeurs s'en sont bien rendus compte. Certains diraient qu'avec son statut d'alpha et le domaine peu reluisant qu'il a choisi – une filière artistique –, sa réussite est le strict minimum. Pourtant, il est comme tout le monde, et la pression engendrée par les milliards de projets qu'il accepte détruit son inspiration à petit feu. Mais il ne veut pas décevoir les autres en refusant de les aider alors il se surcharge. Il est comme ça depuis que je l'ai rencontré au collège, et la situation est loin de s'être améliorée depuis.

Inodore [minsung]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant