Minho, ou la frayeur d'un rêve un peu trop réel

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        Il est presque dix-sept heures lorsque je frappe à la porte du studio avant d'entrer, sans même attendre de réponse. A l'intérieur, Jisung est occupé à fourrer ses affaires dans son sac et je suis alors certain qu'il va quand même réussir à oublier quelque chose, tandis que Chan travaille toujours, la tête penchée sur son ordinateur, son casque de travers sur sa tête pour ne couvrir qu'une oreille. Comme je l'espérais, Seo a déjà quitté les lieux, me libérant du poids de sa présence.

        A mon arrivée, leurs têtes se tournent vers moi et je les salue joyeusement, levant mes deux mains prises par les Iced Americano que je suis allé récupérer au café préféré de Jisung avant de venir.

        — J'ai ramené le café, j'annonce en tendant son verre au plus jeune avant de frapper la main de Chan tendue vers moi. Pas pour toi ou tu vas encore passer la nuit debout. Il y a de la tisane à la camomille à l'appart si tu veux boire un truc.

        Le rire de Jisung résonne dans la pièce alors que mon colocataire affiche une expression dépitée. Il sait que j'ai raison pourtant mais, avec le festival de l'université la semaine prochaine, je n'arrive pas à le faire décrocher du travail pour le faire dormir. Voyant Jisung fermer pour de bon son sac, prêt à partir, je tapote rapidement l'épaule de l'australien.

        — Bon, on t'abandonne. Ne te tue pas à la tâche et prend au moins ta soirée tranquille Chan. Je n'ai pas envie de ramener un cadavre à tes parents, ils ne m'accepteraient plus pour les barbecues après.

        Il ne répond rien et je sais que mes conseils sont tombés dans l'oreille d'un sourd. Bon sang ce qu'il peut être borné parfois. Ne pouvant rien faire de plus, et voyant Jisung trépigner sur le pas de la porte, je le rejoins pour partir en glissant mon bras autour de ses épaules.

        En me tournant pour fermer derrière nous, je vois le regard de mon colocataire posé sur nous, ses sourcils haussés dans une expression intriguée qui me rappelle que je ne suis généralement pas connu pour instiguer de tels contacts par moi-même et que je n'ai pas tenu Chan au courant de ces quelques changements dans ma vie.

        Depuis le cinéma il y a un mois, les choses se sont accélérées et je me suis découvert une certaine addiction pour les contacts physiques avec Jisung. Ses cheveux si doux glissant entre mes doigts, sa peau fraiche venant contraster avec la mienne, sa taille si fine sur laquelle je ne peux m'empêcher de glisser ma main pour l'attirer contre moi, l'ensemble de son corps me paraît si parfait contre le mien qu'il m'est presque devenu dérangeant de ne pas pouvoir le toucher lorsque nous sommes ensemble. Heureusement pour moi, il semble rechercher tout autant que moi ces contacts et cela rend la situation bien plus confortable que tout ce que j'aurais pu imaginer dans ma vie.

        Rapidement, je relâche les épaules de Jisung, la position n'étant pas très confortable pour marcher, mais nos mains libres continuent de se frôler à chaque pas, dans une sensation encore plus grisante qu'un contact direct.

        — Je suis crevé, ça te va si on va juste se poser tranquillement chez moi ?, demande le châtain, rompant le silence entre nous.

        Ne trouvant rien à redire à la proposition, d'autant plus que nous avons un animé à terminer depuis notre dernier vendredi à deux, je nous guide tranquillement vers sa résidence, l'écoutant parler de sa semaine de répétition épuisante avec 3racha.

        Je l'observe déverrouiller sa porte avant d'entrer à sa suite. Son studio n'a pas changé, principalement occupé par le canapé-lit toujours déplié de sa nuit, une kitchenette toute simple dans un coin de la pièce, un bureau perdu sous un bazar dont je ne connais pas l'exacte utilité en dehors d'un lien certain avec la musique et une porte menant à la minuscule salle de bain. L'espace est réduit mais baigne dans une ambiance reflétant parfaitement la personnalité de Jisung. Des posters de séries d'animation et d'albums de ses artistes préférés recouvrent les murs blancs et le peu d'espace libre entre les meubles est occupé par la présence d'instruments divers. La fenêtre toujours bouchée par le lourd rideau noir ne laisse passer aucune lumière et seule l'ampoule jaune du plafond éclaire la pièce, me donnant l'impression d'être complètement déconnecté du monde extérieur.

Inodore [minsung]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant