Mon pied droit quitte le gauche pour s'élever dans les airs, mon corps parfaitement stable sur cet appui unique avant qu'il ne retombe à terre pour retrouver son voisin. Ils jouent l'un avec l'autre, enchaînant plusieurs pas pour lesquels mes genoux se fléchissent légèrement avant d'impulser une rotation que mes hanches et mon buste suivent sans difficulté. Mes bras balancent au rythme du décompte qui s'enchaîne dans ma tête, chacun de mes membres en symbiose avec ces quatre petits chiffres qui tournent en boucle. « Un, deux, trois et quatre. Un, deux, trois et quatre. » Je ne prête pas attention au miroir face à moi, ma vue complètement futile face aux sensations de mon corps que je ressens pleinement. Pour la première fois depuis un moment, j'ai l'impression que l'énergie qui bouillonne en moi est enfin calme, canalisée dans cette chorégraphie intense que je répète depuis le début de l'après-midi.
Jisung est parti ce matin, obligé par le travail alors que je prenais sur moi pour ne pas le retenir de force encore un peu plus longtemps dans mes bras. Depuis, j'ai l'impression qu'une guerre d'énergie prend place dans mon corps tant je ne tiens plus en place, mon attention incapable de rester concentrée plus de quelques secondes avant que je ne me perde dans la tempête qu'est mon esprit. Et plus l'heure avance, plus je me dissipe, une tension montant en moi à mesure qu'approche le départ de Chan et moi pour le lieu de rendez-vous avec Seo.
Alors dès le déjeuner terminé, je suis parti danser, profitant des salles ouvertes en permanence de l'université. J'ai beau avoir continué à les côtoyer régulièrement pendant ces vacances, je sens que mon endurance a diminué drastiquement en comparaison des entraînements quotidiens que je suivais jusqu'ici. La sueur glisse de mon front, se frayant un chemin jusqu'à mes yeux dont elle trouble la vision, tandis que d'autres gouttes naissent à mes tempes pour dévaler mon visage et continuer leur course dans mon cou. Mon souffle est également moins stable, plus erratique alors que ma poitrine se lève et s'abaisse sous le rythme intense de ma respiration. Mes muscles me brûlent sous ma peau, et je devine facilement les douleurs dont je vais être victime demain. Mais tout cela n'a que peu d'importance face au soulagement de retrouver enfin un esprit tranquille.
Les dernières notes de la musique résonnent alors que mon corps s'immobilise dans sa position finale avant de se relâcher. Je m'apprête à relancer la bande sonore, pour reprendre une énième fois ces mouvements que je répète depuis déjà plusieurs heures, essayant sans succès pour le moment de les parfaire. Mais le son d'un applaudissement me coupe dans mon geste et je me retourne subitement vers la porte d'entrée, pourtant fermée jusqu'ici. La vue toujours brouillée par la sueur, je devine une silhouette appuyée contre l'encadrement ouvert avant de s'en décoller doucement pour s'approcher.
Je n'ai pas le temps d'éclaircir ma vue que je reconnais l'odeur sucrée qui monte jusqu'à moi, et la voix qui s'élève confirme ma pensée.
— Si on m'avait dit que mon copain était aussi sexy en dansant, je serais venu te contempler bien plus tôt.
Je souris en entendant ces mots, avant de me rapprocher de Jisung en passant une main sur mes yeux pour essuyer les gouttes de sueur restantes.
— Vous êtes le bienvenu quand bon vous chante, monsieur Han, je réplique avec un air exagérément dragueur sur le visage alors que je laisse traîner mon timbre de façon exagérée.
Mais je perds bien vite la maîtrise de mon jeu lorsque qu'il m'atteint et passe ses bras autour de mon cou pour attirer mon oreille contre sa bouche, de laquelle il murmure.
— Je te jure que si Chan n'était pas dehors à nous attendre, je te sauterais dessus immédiatement.
Il n'en faut pas plus pour que mon ventre se contracte violemment, tandis qu'une terrible chaleur se diffuse vivement dans mon corps, montant rapidement à mes joues désormais écarlates. Bon sang que j'aimerais pouvoir faire exactement ce dont il rêve.
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Inodore [minsung]
Fanfic« Tu es cassé Minho. » « Un fils comme toi, ça ne sert à rien. » « T'es vraiment le bêta le plus bêta que je n'ai jamais vu. » Quand la société entière est régie par les phéromones, ne pas les sentir est pire qu'un handicap. Début : 03/03/2024 Fin :...