— Il va falloir que j'y aille Min.
Je soupire à la voix de Jisung s'élevant dans la chambre. Je soupire lourdement, mon regard déviant du téléphone posé sur le bureau pour jeter un œil au réveil posé sur ma table de nuit. 13h53. Sa pause repas est bientôt terminée.
— Tu peux rester encore cinq minutes, je râle, pourtant bien conscient que ce ne serait pas sérieux.
— Le boss est là aujourd'hui, je ne peux pas me permettre d'être en retard Min.
Mon cœur se gonfle de joie en entendant une nouvelle fois mon surnom. C'est pourtant le même que me donne tout le monde, mais prononcé par sa voix, avec l'intonation si particulière qu'il met dedans, c'est différent. Il me rend tout simplement heureux.
— Tu me manques Hannie...
C'est viscéral. Depuis l'après-midi au café à chats — depuis que j'ai enfin accepté d'être son petit-ami —, je ressens le besoin permanent de l'avoir à mes côtés. Mais comme si l'univers se liguait contre nous, il enchaîne les journées de travail depuis, sans réelle possibilité de passer du temps avec moi. Alors je l'appelle, chaque midi sur sa pause, chaque soir juste avant de me coucher. C'est beaucoup, trop certainement, mais j'en ai besoin encore un moment. Pour me rassurer, comme une vérification constante que cette relation n'est pas un rêve, qu'elle existe réellement.
— Moi aussi Min. On se voit samedi soir ?
Deux jours. 48 heures à attendre avant de pouvoir le voir. Le temps va passer si lentement.
— Chan sera là pour le repas mais... Tu veux rester dormir ?, je demande timidement.
Le cri de surprise qu'il étouffe exprime clairement son excitation à cette idée. Tant mieux, j'aime le savoir heureux. Il reprend immédiatement, partageant sa joie par mille mots qu'il enchaîne à grande vitesse, reprenant à peine son souffle durant la minute qui suit. Seul dans ma chambre, le regard posé sur mon téléphone d'où sort sa voix, je souris.
— Bon, faut vraiment que je raccroche. Je te rappelle ce soir, finit-il, le ton redevenu calme.
Je le salue une dernière fois, un léger pincement au cœur lorsque le son s'éteint définitivement et que l'écran me signale la fin de l'appel.
Mes genoux craquent lorsque je me relève de ma chaise, sortant enfin de ma chambre dont l'odeur s'est intensifiée depuis mon échange avec Jisung. La porte de Chan est entrouverte, et je l'entends taper du pied sur le sol, marquant un rythme qui doit certainement résonner en même temps dans son casque. Dans l'idée de tuer quelques instants, j'attrape les clés de l'appartement, décidé à aller chercher le courrier que l'on n'a pas vérifié depuis un moment. L'aller-retour dure à peine trois minutes, dans un escalier et un hall d'entrée complètement vide à cette heure. Comme d'habitude, des publicités tapissent le fond de la boîte métallique et je les soulève en râlant, vérifiant rapidement que rien d'autre ne s'y est mêlé. Je trouve avec surprise une grande enveloppe kraft, adressée à mon nom, mais sans aucune trace de tampons de la poste. Elle a directement été déposée ici.
Le retour à l'étage se fait les sourcils froncés, intrigué par ce qu'elle peut bien contenir. La porte à peine refermée derrière moi, je m'installe sur le canapé, posant le paquet de publicités que j'ai remontées au passage sur la table basse pour m'atteler à l'ouverture de ce paquet, étonnement lourd. J'ai à peine déchiré un demi centimètre du papier, qu'une odeur étouffante envahit l'espace. Surpris, je sens mes propres phéromones vaciller, s'échappant de manière sporadique avant que je ne réussisse à en récupérer la maîtrise. Les mains tremblant légèrement, je déchire d'un coup net le reste de l'ouverture, avant de la secouer au-dessus de mes genoux pour faire tomber l'ensemble des feuilles qu'elle contient.
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Inodore [minsung]
Fanfiction« Tu es cassé Minho. » « Un fils comme toi, ça ne sert à rien. » « T'es vraiment le bêta le plus bêta que je n'ai jamais vu. » Quand la société entière est régie par les phéromones, ne pas les sentir est pire qu'un handicap. Début : 03/03/2024 Fin :...