Minho, ou découvrir la paix au contact de poils roux

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        Face à lui, leurs mains se rejoignent, leurs doigts s'entremêlent avant de se séparer dans un manque vite effacé par les caresses qu'ils laissent en remontant doucement la peau nue de leurs bras. L'une d'elle atteint une joue pâle, la dorlote d'un geste tendre alors que deux bras montent pour s'enrouler sensuellement autour de sa nuque. Dans un échange de regards frissonnants, leurs lèvres se rejoignent, faisant timidement connaissance de leurs voisines. Elles se libèrent un instant, mais alors que la pression des doigts sur leurs corps se fait plus intense, les lippes se rencontrent à nouveau. Les retrouvailles sont explosives, emplies de jeu, d'esquives, de goûters délicats et de repas affamés. Les yeux sont fermés mais une certitude est présente. Le partenaire dans leurs bras est le bon.

        Sur l'écran, leurs peaux sont pâles, toutes deux blanches comme la neige. Dans mon esprit, l'une d'elle est dorée. La joue contre laquelle se pose la main pâle est rebondie, les lèvres qui l'accompagnent roses et légèrement gonflées. La paume d'Adam a une forme de cœur et son cou est orné d'un délicat grain de beauté. Les yeux noirs et ronds sont emplis d'un amour débordant et je m'y plonge avec plaisir. Deux silhouettes, ces deux corps qui s'aiment. Ça pourrait être Jisung et moi. Après tout, nos esprits s'aiment déjà tant.

        — Minho, attention.

        Je tourne la tête vers Chan, allongé de l'autre côté du canapé et dont la tête est toujours tournée vers la télévision.

        — Je ne sais pas à quoi tu penses, et surtout je ne veux pas le savoir, mais tes phéromones s'échappent.

        Je réalise alors que mon odeur a en effet commencée à tourner. Mes joues me brûlent soudainement d'une certaine gêne alors que je prends conscience que mes pensées n'étaient pas gardées privées.

        — C'est de ta faute, je t'avais dit que je ne voulais pas d'un film à l'eau de rose ce soir, je râle, tentant comme je peux de dissimuler mon embarras.

        — Tout ça parce que tu ne peux pas t'empêcher de jalouser deux personnages fictifs, rit-il.

        — Ce n'est pas ça, je tente de nier sans réelle conviction.

        Il n'a malheureusement que trop raison.

        — Alors c'est quoi ?

        Seul mon silence lui répond. Nous connaissons tous deux trop bien ma situation pour se laisser tromper par un mensonge aussi faible, inutile de tenter de le fausser plus longtemps.

        — Vivement que tu roules une pelle à Jisung à nouveau, je te jure.

        Il n'a pas fini sa phrase que mon pied vient le cogner dans l'épaule pour lui signifier mon mécontentement. Il ne peut pas se taire deux minutes ? Pas besoin de lâcher des choses comme ça venues de nul part, j'ai besoin de me préparer mentalement pour réussir à les supporter. Les yeux plissés d'un rire intérieur qu'il a le respect de ne pas me montrer explicitement, il se lève du canapé, attrapant au passage la télécommande pour éteindre l'écran face à nous.

        — Il était nul ce film en plus, j'étais en train de m'endormir.

        Dans la pénombre qui règne dans la pièce, je distingue un mouvement de main pour me souhaiter une bonne nuit avant qu'il ne disparaisse dans le couloir pour rejoindre sa chambre. Bon sang, si mes phéromones ont réussies à le réveiller, c'est qu'elles devaient être plutôt fortes. Il faut que je fasse plus attention.

        Seul dans le noir, face à l'écran désormais éteint, je soupire avant de me lever pour rejoindre mon lit à mon tour. Le sommeil ne semble pas déterminé à venir à moi mais je n'ai de toute manière rien d'autre à faire que d'essayer de dormir. Je lutte pour conserver les yeux fermés, alors que tournent en boucle les mêmes images du film que Chan m'a fait subir ce soir. J'ai pourtant déjà oublié les visages des acteurs, leurs noms et le sens de l'histoire à laquelle je n'ai prêtée que peu d'attention. Seule reste cette sensation que ces deux corps auraient dû être Jisung et moi. Que j'aurais dû craquer depuis longtemps, attraper son visage, caresser ses joues de mes pouces et l'embrasser de nouveau. Je ne l'ai vécu qu'une seule fois, alcoolisé qui plus est, mais je n'arrive pas à oublier cette nuit où j'ai finalement cédé. Que je meurs d'envie de refaire de même, si seulement j'avais un peu plus de courage.

Inodore [minsung]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant