Minho, ou perdre son cache-cache contre le stress

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        Je crois que je stresse. Non, j'en suis sûr. J'angoisse plus que la veille des examens, plus qu'avant de monter sur scène pour la plus importante représentation de l'année, peut-être même plus que lorsque j'ai affronté mes parents pour changer de cursus. Et tout ça parce que sur l'écran de mon portable s'affiche un court message. « Je pars de chez moi ».

        Les mains tremblantes, le visage certainement blanc comme un linge, je sors de ma chambre à la recherche de Chan que je trouve dans le canapé, son éternel ordinateur sur les genoux. J'ai à peine passé la porte du couloir qu'il relève la tête, ôtant immédiatement son casque des oreilles pour me faire signe qu'il m'écoute. Il y a encore peu de temps, je ne comprenais pas comment il devinait ainsi le besoin de tout le monde en permanence, mais je sais désormais qu'il l'a senti à la légère variation de mon odeur. Cela n'en reste pas moins impressionnant, je suis bien incapable d'en faire de même.

        — Jisung arrive, je lâche brusquement en traversant la pièce, trop nerveux pour ne serait-ce qu'arrêter de bouger.

        Je ne peux manquer le sourire qui s'esquisse sur ses lèvres et l'air satisfait que revêt son visage.

        — Je ne suis pas prêt, j'ajoute rapidement sous l'afflux de pensées qui envahissent mon esprit.

        — Ça fait deux semaines que tu n'attends que ça pourtant, il réagit sans dissimuler le sourire encore large sur ses joues.

        — Mais ça va trop vite Chan ! Le médecin ne m'a donné son accord qu'hier et il vient déjà. Je ne sais pas comment je dois réagir, me comporter avec lui. Je n'ai pas préparé ce que je veux lui dire, je ne sais pas comment il va prendre tout ça. Imagine même qu'au final je ne supporte pas ses phéromones et que je perde la maîtrise ! Je vais encore tout gâcher Chan...

        Mes mots sortent plus vites que je ne les formule dans ma tête, mais ils ne font que refléter les angoisses qui se bousculent en moi depuis que Jisung m'a proposé de passer dans l'après-midi. J'étais tellement euphorique en apprenant que je n'avais plus de restriction particulière sur mes contacts et mes sorties, à condition d'y aller doucement et de respecter mes limites, que je n'ai pas réfléchi plus loin en lui annonçant la nouvelle hier soir. Résultat des courses : je ne suis absolument pas prêt à le voir débarquer face à moi.

        Je déglutis difficilement. Je n'ai qu'une envie, repartir m'enfouir dans le sweat que j'ai trouvé dans la chambre de Chan, il y a trois jours de cela. Pull que je pensais être celui de mon colocataire jusqu'à ce que je ne réalise qu'il appartient en réalité à l'oméga et que je développe immédiatement à l'odeur dont il est imprégné. Bon sang, il m'en faut si peu, je ne vais jamais tenir face à lui.

        — Doucement Minho. Il n'y a pas de raison que ça se passe mal. Tu ne peux évidemment pas prévoir comment il réagira mais tu n'as pas besoin de lui réciter un texte appris par cœur. C'est ton histoire que tu veux lui partager, ce que tu as traversé et ce que votre lien a signifié pour toi. Ton cœur connaît tout ça alors laisse le faire. Et fait confiance à Jisung. Dans tous les cas, il est le seul en mesure d'accepter ou non tes excuses désormais.

        Son discours ne me rassure pas réellement. Il y a tellement d'enjeu sur ces retrouvailles. Je dois m'expliquer, je le sais parfaitement et j'en ai plus qu'envie. Mais comment m'y prendre pour que le musicien ne fuie pas face à mon discours, pour qu'il accepte de garder des liens ? Même si je rêve désormais de bien plus, je pourrais me contenter d'une relation amicale. Tout sauf ne plus pouvoir le voir.

        — Et vous irez parler dans ta chambre pendant que je resterai dans le salon. Au moindre problème de phéromones, j'interviens pour vous mettre tous les deux en sécurité, d'accord ?

Inodore [minsung]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant