— Ton suppresseur a lâché. Tes phéromones ont agressé Jisung et Felix.
Les mots de Chan prononcés à mi-voix dans la voiture ne cessent de hanter mon esprit alors que je tourne sans fin dans mon lit, à la recherche d'un peu de sommeil.
Mon traitement, pris en double quelques petites heures avant, a cessé de faire effet d'un coup. Certainement à cause de l'état psychologique dans lequel j'étais, selon Chan. La quantité et la brutalité des phéromones produites par mon corps à ce moment-là ont été trop importantes pour le cachet qui a été mis hors d'état de nuire. Et évidemment, je ne m'en suis absolument pas rendu compte, complètement hermétique à la moindre odeur, même lorsqu'il s'agit de la mienne.
Les heures passent alors que mes pensées tourmentées ne me quittent pas, accompagnant comme de bonnes amies ma migraine de retour après les événements du soir. Seules les violentes crampes d'estomac ont accepté de me laisser en paix quelques temps. La nuit est longue et je la passe à me demander comment vont les deux omégas du groupe qui ont pris ma violence de pleine face, de quelle manière me voient désormais mes trois amis bêtas que je n'ai jamais osé détromper lorsqu'ils supposaient mon second genre.
Ma chambre doit être envahie de phéromones à l'odeur aigre tant mes réflexions sont noires et angoissées. Mais ça, ce n'est qu'une supposition pour moi. La seule chose dont je peux être certain est qu'elles embaument désormais toute la pièce. Chan m'a catégoriquement interdit de reprendre un cachet lorsque je me suis précipité sur la boîte en arrivant à l'appartement. Il les supportera pour le moment, mais pas plus d'une dose par jour tant qu'il ne m'a pas conduit chez le médecin lundi. Voilà ses mots. Et, même si ma raison s'accorde avec lui, agir ainsi me terrifie. Comment être sûr lorsque je vais devoir sortir que la gélule ne se stoppe pas d'un coup ?
Je suppose que la solution serait de rester enfermé à l'appartement tout le week-end. Mais je ne peux décemment pas faire ça. Il faut que je m'explique auprès d'eux. En espérant qu'ils acceptent de m'écouter. Bon sang ce que j'aurais aimé être complètement fonctionnel. Ou au moins être véritablement un bêta. Tout aurait été plus simple.
Ma tête est toujours aussi lourde lorsque l'aube illumine le ciel tandis que mes cernes, déjà violets la veille, sont désormais d'un noir inquiétant. Mais je passe par-dessus, me contentant de rejoindre la pièce à vivre pour cuisiner de quoi assouvir ma faim et celle de mon colocataire encore enfermé dans sa chambre. Occuper ainsi mes mains dans des gestes mécaniques auxquels je suis obligé de prêter attention sous peine de perdre un doigt me distrait suffisamment pour échapper quelques minutes à la tourmente de mes pensées. Je ne me rend compte que le soleil est bien levé que lorsque Chan passe sa tête dans le salon, humant avec un plaisir évident l'odeur de notre petit-déjeuner presque prêt.
— Il y a vraiment des domaines dans lesquels tu es le meilleur Min'.
Son commentaire alors qu'il s'attable déjà, la salive à la bouche, me fait rire et je m'installe à ses côtés, déposant au passage les quelques plats que je me suis attelé à préparer. Ce n'est qu'une fois notre repas bien avancé que je vois la main de Chan se tendre vers moi pour déposer une petite pilule blanche à côté de mon verre. Il n'ajoute rien de plus et je me contente de le remercier du regard avant de l'avaler compulsivement, un soulagement venant libérer mes épaules d'une partie de leur poids. Pour quelques heures, je vais pouvoir agir sans trop m'inquiéter de mes phéromones.
— Qu'est-ce que tu comptes faire aujourd'hui ?
Si d'ordinaire cette question peut toucher n'importe quel sujet d'occupation, j'ai la sensation qu'elle cible mes futures actions envers mes amis vis-à-vis de la soirée d'hier.
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Inodore [minsung]
Fanfic« Tu es cassé Minho. » « Un fils comme toi, ça ne sert à rien. » « T'es vraiment le bêta le plus bêta que je n'ai jamais vu. » Quand la société entière est régie par les phéromones, ne pas les sentir est pire qu'un handicap. Début : 03/03/2024 Fin :...