Minho, ou les conséquences catastrophiques d'une belote entre amis

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        — Minho, tu es prêt ?

        A la voix de Chan résonnant dans l'appartement, je retire mon avant-bras de mes yeux. Les rideaux fermés et l'ampoule éteinte, ma chambre est plongée dans le noir alors qu'il est à peine 20 heures. Le son de la main toquant à ma porte vrille mes tympans et j'ai l'impression de sentir ma tête pulser au rythme rapide de mon pouls lorsque je me relève du matelas pour grogner un assentiment à mon colocataire.

        L'éclairage du couloir qui filtre par la porte entrouverte brûle ma rétine et je bénis sa silhouette qui vient se placer sur le chemin de la lumière. Malgré la pénombre et le contre-jour dans lequel il est placé, je perçois son haussement de sourcil à la découverte de la pièce.

        — Tout va bien Min' ?

        Le niveau de sa voix a diminué, adoptant un ton plus doux qui laisse percer son inquiétude face à la scène qu'il découvre.

        — Migraine.

        Ce simple mot vient résonner dans mon crâne comme les cloches d'une église sonnant midi et je ne peux contrôler la grimace qui s'esquisse sur mes traits alors que je cède au poids de ma tête en la posant contre le mur. Fermant légèrement la porte derrière lui pour replonger la pièce dans une obscurité acceptable pour mes yeux, Chan vient s'asseoir au bout du lit et je sens sa main se poser sur ma cheville dans un contact compatissant.

        — Tu aurais dû me prévenir. Tu as pris un médoc ?

        J'épargne ma tête d'une réponse orale, me contentant de pointer la boîte de Doliprane posée sur le bureau. Son regard suit mon doigt avant de s'immobiliser sur l'objet que je lui désigne.

        — Tu as déjà terminé la tablette ? Je te l'ai donnée il y a deux jours Minho !

        Mince. J'avais déjà oublié que je l'ai envoyé me chercher mes nouvelles boîtes de paracétamol à la pharmacie à ma place. J'aurais dû me douter qu'il ne manquerait pas de relever leur avancée avant de laisser traîner les plaquettes à sa vue. Comme un enfant honteux de sa bêtise, j'esquive son regard de nouveau posé sur moi. Mon comportement ne lui échappe pas et sa main se resserre autour de ma jambe alors qu'il insiste.

        — Ça dure depuis combien de temps ?

        — Deux mois.

        Ma réponse ne s'encombre pas de détails et j'aurais d'ailleurs préféré ne même pas avoir à lui annoncer ça mais je sais qu'il ne me lâchera pas tant qu'il n'aura pas les informations qu'il attend. Cet idiot s'inquiète plus pour ma santé que mes propres parents.

        — Tu en as parlé à ton médecin en même temps que le problème que tu as eu avec tes suppresseurs ?

        Et mince. Pourquoi ne peut-il pas oublier ce genre de choses ? Je ferme les yeux que je n'ai toujours pas relevés vers lui, un mauvais pressentiment montant au creux de mon estomac.

        — Minho... Ne me dis pas que tu n'as pas parlé de ça non plus ?

        — Je me débrouille Chan, ne t'inquiète pas.

        — Tu as pris combien de suppresseurs aujourd'hui ?

        — Deux.

        Ma réponse tombe comme un aveu. Cela fait plusieurs moins que j'excède la dose autorisé d'un cachet par jour sans en toucher mot au docteur Song. J'ai oublié de lui parler de l'apparition de mes nouveaux symptômes la première fois, l'esprit trop obsédé par mon inquiétude pour Jisung en chaleur et j'ai finalement préféré continuer ainsi en voyant que doubler les quantités fonctionnait très bien jusque-là, la peur de devoir repasser par une phase de test qui m'empêcherait de côtoyer tout oméga avant de retrouver un traitement fonctionnel ne me quittant pas.

Inodore [minsung]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant