Minho, ou se laisser submerger par un combat d'égo incompréhensible

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        Je ferme la porte derrière moi et toute la tension des dernières minutes quitte enfin mon corps en même temps que la chaleur extérieur s'écrase violemment sur mes épaules. Mais ce n'est rien face au soulagement que je ressens d'avoir enfin terminé cet entretien. Enfin, après tant de candidatures, j'ai eu une réponses pour un job étudiant. Rien n'est gagné, c'est certain. J'ai bien remarqué que quelqu'un d'autre attendait dans le couloir après moi. Mais ce progrès, même infime, me met du baume au cœur à l'idée de m'en sortir par moi-même. Tout ira bien.

        Je me dirige tranquillement vers l'arrêt de bus le plus proche, peu pressé de rentrer en sachant pertinemment le monde qui m'attend à la colocation. L'attente de mon moyen de locomotion ne dure pas, et je me retrouve très vite installé sur un siège, la ligne vide au beau milieu de la journée. Mon téléphone quitte enfin la poche de mon pantalon, expressément mis pour faire bonne figure durant cette entrevue mais dans lequel j'étouffe désormais, pour finir dans ma main, seule occupation accessible durant ces minutes de trajet. L'écran à peine allumé, deux notifications arrivées presque en même temps apparaissent, et je ne peux m'empêcher de pouffer à leur lecture.


de Faut vraiment que je fasse dormir ce fou :

Depuis quand tu parles à Changbin ?

Sans me le dire en plus ?

Traître.


de Baby :

Donc là, tu m'as abandonné avant-hier pour aller voir Changbin ??

Je pourrais presque être jaloux si je n'étais pas sûr d'être la personne la plus parfaite pour toi


        Je souris comme un idiot devant l'écran, complètement d'accord avec le message égocentré de Jisung. Personne ne saurait être mieux que lui à mes yeux. Je m'égare vite dans mes pensées amoureuses, devenues encore plus intenses depuis la nuit de passion que nous avons partagée. Je l'ai dans l'esprit et dans la peau, et il ne me quitte jamais.

        Perdu dans mes réflexions, le trajet passe vite, et je me retrouve sans avoir vu passer les dernières minutes devant la porte de l'appartement, dont j'ouvre la porte sans prendre le temps de faire savoir mon arrivée.

        Face à moi se déroule une scène des plus surprenantes. Trois corps se superposent sur le canapé, dans un entrelac de membres incompréhensible. Il me faut quelques secondes pour réaliser que Jisung est coincé sous Changbin pendant que Chan étouffe sous leur poids réuni. Le rire harmonieux de mon petit ami résonne, couvrant la voix taquine de Seo dont les mains semblent glisser autour du plus jeune. Mais rapidement, ces sons diminuent pour laisser place à un étrange silence alors que les trois musiciens se séparent les uns des autres.

        La tête de Jisung dépasse du canapé, ses yeux se posant sur moi alors que je remarque ses cheveux complètement ébouriffés.

        — Salut Min, dit-il, un large sourire sur les lèvres.

        — Ça va Minho ?

        La voix de Chan est légèrement essoufflée, retrouvant enfin une capacité normal à respirer. Son regard m'envoie un avertissement que je ne comprends pas de suite. A son insistance, je réalise l'effluve de aigre du compost qui se mêle à mon odeur, certainement depuis déjà plusieurs secondes. Je me force à me détendre, effort facilité en voyant Jisung trottiner vers moi avant de s'arrêter pour m'embrasser doucement sur le coin des lèvres. A ce geste, ma forêt semble fleurir et mon parfum s'adoucit définitivement.

Inodore [minsung]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant