amour schizophrène

chapitre 18

Je croise Valentine dans les couloirs, elle ne me regarde même pas. Son épaule me repousse brusquement.

-Fais attention où tu marches.

Depuis petite, je détestais le changement du comportement des personnes au fur et à mesure de leur fréquentation. Pourquoi changer pour une personne ? Si elle t'aime vraiment, tu n'aurais pas à changer.

Je suis dans le réfectoire, seule. Miles mange en face de Valentine, pour la sixième fois de la semaine. Parfois, elle lui donne des petits coups de pieds discrets sous la table pour finir par échanger un sourire.

Ils se lèvent. Mon cœur s'accélère.

Miles sort du self suivi de Valentin, proche de lui. Il a l'air confiant.

J'abandonne mon assiette et suis Miles et Valentine jusqu'à sa chambre.

Miles ne ferme pas totalement la porte. Il repartira sans doute après avoir obtenu ce qu'il veut.

Le copain de ma tante faisait souvent ça. Il se levait souvent du canapé pour courir à la cuisine, chuchotait quelques choses à ma tante et montaient à l'étage. Après quelques coups contre le mur, je voyais le copain de ma tante descendre et partir de la maison sans contexte.

Je regarde discrètement par l'ouverture de la porte.

Valentine bascule sur les lèvres de Miles mais celui-ci recule.

-Arrête ça. J'aime quelqu'un.

Miles se tourne vers la porte, je disparais soudainement de l'entrebâillement de celle-ci et me laisse tomber sur le mur d'à côté.

J'entends des pas, Miles sort. Il ferme la porte derrière lui, je le regarde sans me perdre dans ses yeux comme à mon habitude.

Je m'amusais à tourner les lacets de mon sweat dans un sens puis dans un autre.

-Tu as entendu ?

-Oui.

-Je t'ai vu nous suivre, c'est pour ça que j'ai laissé ouvert.

-Pourquoi ?

-Je voulais que tu saches que tu étais la seule fille que j'ai embrassé.

-Pourquoi ?

-Parce que je t'aime.

Je n'ai pas entendu un mot aussi doux depuis que je suis arrivé ici. Seule Lili me disait « je t'aime », elle replaçait ma mèche brune derrière mon oreille et m'embrassait passionnément.

Miles se contente de partir, une fois de plus.

-Tu vas où ?

Miles haussa les épaules, je le suivis donc pour la deuxième fois de la soirée.

Miles se dirige tout au fond du couloir, vers une porte qu'il ouvre.

C'est une chambre. Il y a une fenêtre grande ouverte qui fait danser les rideaux bleus ciel.

Miles s'assoit sur le rebord de celle-ci, je fais de même et admire la pleine lune.

Miles sort une cigarette de sa poche et l'allume à l'aide d'un briquet.

-Tu fumes ?

Miles souffle de la fumée vers l'extérieur de la pièce et répond

-Depuis que j'ai onze ans.

Bouclettes me donna sa cigarette et dit

-C'est simple, tu tires et tu souffles.

J'hésite. Mon cœur s'emballe, mais j'y vais. Je ne fais pas ça pour Miles, j'ai envie de me déchirer les poumons, les faire cramer.

Je tire une grande bouchée et Miles reprend pendant que je toussote

-Eh.. doucement..

Je souffle la fumée de ma bouche. Je suis frigorifiée, le froid de la nuit me fait blanchir la peau, mes cicatrices virent au violet et mes cheveux lisses dansent dans le vent.

Je regarde Miles tirer sur sa cigarette, même s'il ne le montre pas, je vois bien qu'il est heureux d'être avec moi.

-C'est quoi ta couleur préféré, dit Miles entres deux souffles de fumée.

-J'aime le noir. Pourquoi cette question ?

-Je trouve ça important de connaître les reflets de la personnalité de chacun.

-Donc que tu ramènes toutes les filles que tu connais ici, tu les attires en demandant leur couleur préféré et..

-Je t'attire ? coupa Miles en écrasant sa cigarette contre le rebord de la fenêtre ouverte.

Je me demande ce que je pourrais répondre à ce moment précis.

-Non, je veux dire que toutes les filles sont attirés par toi, pas moi. je fais juste une généralité.

-mmh..

-C'est la vérité, dis-je en insistant.

-Je n'ai rien dit.

Miles s'approcha de moi, il s'humidifia timidement la lèvre inférieur et se pencha vers moi.

-Tu n'es pas attirée par moi..?

-non.

-alors que ferais-tu si je t'embrasse ici et maintenant ?

je ne réponds pas, je laisse miles s'approcher de mes lèvres afin de les embrasser.