JUSQU'À CE QUE FANENT LES COQUELICOTS - 𝗹𝗶𝗻𝗸 𝗰𝗹𝗶𝗰𝗸

★ UNE GRAINE DE DOUTE

NDA ; wdym on est déjà à la moitié du calendrier- ça passe si vite 🤸

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CHAPITRE 12
Une graine de doute

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« Non. »

La réponse de Lu Guang lui vient naturellement lorsque le jeune homme aux cheveux noirs lui demande avec cette désinvolture qui le caractérise son numéro de téléphone lors de leur cinquième rencontre. Il n'y a pour ainsi dire même pas réfléchi, mais il ne pense pas la regretter en aucune façon. Quand bien même il sait que l'échange de numéros de téléphone peut être un facteur permettant de briser une boucle temporelle, il ne veut pas passer par cela pour briser la leur.

Non pas parce qu'il ne veut pas la briser, bien au contraire, mais plutôt parce qu'il ne veut pas devoir se confronter ensuite aux conséquences.

En cela, Cheng Xiaoshi a-t-il raison de dire qu'il a peur ? Lu Guang craint de ne pas avoir la réponse à cette interrogation.

Il y a réfléchi, à ces mots que le jeune homme lui a jeté la veille, le sommant de prendre le temps de penser à sa situation et aux raisons pour lesquelles il ne souhaite pas s'engager plus que cela avec son âme sœur. Il y a pensé toute la nuit, parvenant à peine à trouver le sommeil, s'entêtant à essayer de puiser au fond de lui les raisons pour lesquelles il a toujours méprisé le concept même de l'âme sœur, dans leur monde qui a pourtant un temps juré par cela.

Est-ce parce qu'il est sincèrement convaincu que les âmes sœurs ne sont qu'un beau mensonge, qui ne sert qu'à les endormir dans l'illusion que leur vie sera complète et achevée s'ils rencontrent la personne avec qui ils vont finir leur vie ? Ou est-ce parce qu'il a peur de se lancer dans une relation sans la moindre garantie, comme il le ferait au final si les âmes sœurs n'existaient pas ? Craint-il qu'inconsciemment, leurs sentiments, provoqués par le destin et non naturellement nés dans leur cœur, ne soient que des mensonges destinés à flétrir une fois la routine prise ?

Peut-être.

(Sûrement.)

La question de Cheng Xiaoshi a forcé le jeune homme aux cheveux blancs à penser plus profondément au sujet qu'il ne l'a jamais fait, et il ne sait pas vraiment s'il apprécie ce fait. Dans tous les cas, elle l'a convaincue qu'une relation entre eux serait une mauvaise idée, et il ne veut pas lui donner de fausses illusions. Et puis, peut-être que c'est aussi dans l'ordre des choses qu'ils n'aillent pas jusque-là. La seule chose qui importe à Lu Guang, c'est de sortir de la boucle, de cesser de revivre le jour de son anniversaire, et d'enfin pouvoir recommencer à avancer dans sa vie, cette fois sans attendre l'apparition de son âme sœur et se demander comment les choses se passeront entre eux.

Cheng Xiaoshi a toujours eu un imperturbable sourire sur les lèvres à chacune de leurs rencontres, depuis le début de la boucle, et c'est la première fois qu'il le voit le perdre, réalise-t-il en voyant le changement dans l'expression du jeune homme aux cheveux noirs. Celui-ci semble réellement sincèrement peiné d'entendre de tels propos dans sa bouche, comme s'il venait de se prendre un réel râteau de la part de la personne qu'il aime.

Mais il ne peut pas l'aimer. Pas au bout de six jours de boucle temporelle dont seulement quatre où ils se sont parlés. S'il éprouve des sentiments pour lui, cela ne peut être que des sentiments illusoires. Des idéaux qui ne prendront jamais une forme réelle, stable, parce qu'ils sont conditionnés par la situation dans laquelle le destin les plonge de force.

Et pourtant, il a l'air d'avoir sincèrement le cœur brisé.

Cette expression peinée insère une graine de doute dans le cœur de Lu Guang, malgré ses résolutions.

« Non ? répéta le jeune homme aux cheveux noirs, comme s'il se raccrochait à l'idée qu'il a peut-être mal entendu.

― Non, lui confirme son interlocuteur. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée.

― On est censés essayer de sortir de cette bulle, proteste son interlocuteur doucement. Je pense que c'en est une pour arriver à cette fin, au contraire.

― Mais pas une nécessité. »

Ne veut-il pas comprendre ce que cela signifiait ? Que Lu Guang ne veut pas suivre ce que le jeune homme aux cheveux noirs lui a dit ? Ce dernier semble refuser de considérer cette option, et le jeune homme aux cheveux blancs se demande sincèrement comment il peut encore croire dur comme fer aux âmes sœurs. Son histoire avec ses parents ne le convainc pas. Cela ne peut pas suffire à contrebalancer leur société qui lui crie de ne plus espérer.

« Je pense qu'on devrait juste essayer de vivre nos vies normalement, comme le premier jour, mais seulement en ayant conscience qu'on ait tous les deux âmes sœurs, reprend le jeune homme aux cheveux blancs devant son silence prolongé.

― Tu penses sincèrement que ça va marcher ? » Lu Guang l'espère, en tout cas, car il ne sait pas comment faire face à ce jeune homme que rien ne paraît pouvoir décourager.

« Ça vaut le coup d'essayer. »

Il peut voir dans les yeux de son interlocuteur qu'il ne croit pas vraiment à ces quelques mots, mais décide tout de même de finir la conversation là-dessus et de reprendre sa route, sa journée, comme il l'a initialement menée. Sans penser à toutes ces questions, toutes ces problématiques d'âmes sœurs. Il veut juste se prendre à espérer que sa vie redeviendra parfaitement normale une fois qu'il sera sorti de la boucle temporelle et n'aura plus à se soucier de ce jeune homme aux cheveux noirs. Après tout, les chances qu'ils se croisent au quotidien dans une ville aussi grande sont, à son sens, assez faibles pour qu'il puisse ne plus s'en préoccuper une fois sa liberté actée.

Et si cela ne suffit pas à les sortir de la boucle temporelle...

Il ne sait pas vraiment ce qu'il fera.