★ UNE NOUVELLE CHANCE

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NDA ; bonne lecture!

CHAPITRE 15
Une nouvelle chance.

24 OCTOBRE. 

Le jour n'a toujours pas changé lorsque Cheng Xiaoshi ouvre les yeux ce jour-là.

Il a dormi plus longtemps qu'à l'accoutumée, sans doute parce qu'il a du sommeil en retard à rattraper après la nuit blanche qu'il a passée à simplement ressasser ses pensées, et qu'il a enfin trouvé un semblant de paix dans ses pensées en ayant l'impression d'avoir fait tout ce qu'il pouvait pour convaincre Lu Guang de lui donner une chance. Il est parti précipitamment la veille après que l'autre ait enfin accepté les fleurs, incertain de comment se comporter après sa dernière tentative qui peut tout autant convaincre Lu Guang que lui donner envie de fuir et de ne plus jamais le revoir.

Ce qui risque d'être toutefois compliqué maintenant qu'ils ont la certitude que la boucle ne s'est toujours pas brisée.

C'est la huitième fois qu'ils revivent le même jour, et la patience du jeune homme aux cheveux noirs commence à atteindre ses limites.

Il n'est pas encore officiellement en retard, mais d'ici quelques minutes, il risque de recevoir un appel de Qiao Ling lui demandant s'il a encore raté non uniquement pas son bus, mais également celui d'après. D'autant plus que la jeune femme ne se souvient pas d'un jour sur l'autre que Cheng Xiaoshi est coincé indéfiniment dans l'éternel recommencement de cette maudite journée qui ne semble jamais avoir de fin. Il hésite à lui envoyer un message pour l'en informer et lui dire qu'il sèche le travail aujourd'hui ― en espérant qu'ils ne trouvent pas de moyen de briser la boucle temporelle ce jour-là, où Cheng Xiaoshi aurait des explications à donner le lendemain ―, quand une notification le prend de court, venant de son amie d'enfance.

[08:56] Qiao Ling ― Tu m'expliques pourquoi il y a un type qui demande à te voir à l'entrée du centre ??

Cheng Xiaoshi fronce les sourcils en lisant cela. Un type qui veut le voir ? Il ne peut penser qu'à Lu Guang avec cette description, mais voit mal ce que son âme sœur viendrait faire ici... Le jeune homme aux cheveux blancs a entendu le récit de sa journée à plusieurs reprises, mais il n'y a pas de raison justifiant qu'il décide soudainement de venir le voir, alors même qu'il a son propre travail.

Il décide d'en avoir le cœur net.

[09:00] Cheng Xiaoshi ― décris-moi le type

[09:02] Qiao Ling ― Cheveux blancs, veste bleu pastel. Il a l'air d'avoir notre âge. Et de ne pas savoir lui-même ce qu'il fait ici.

Cheng Xiaoshi jure devant cette réponse. Il s'agit forcément de Lu Guang. Il ne connaît personne d'autre dont l'apparence convient à cette description. Ceci étant dit, cette nouvelle le plonge dans un état de grande confusion. Que fabrique son âme sœur sur son lieu de travail ? Pourquoi n'a-il pas suivi le cours de la journée tel qu'ils l'ont toujours fait ? Veut-il faire à Cheng Xiaoshi ce que le jeune homme aux cheveux noirs lui a fait la veille ? Mais dans ce cas, dans quel but ? Pour se venger ? Parce qu'il l'a convaincu de leur donner une chance ?

Lui qui pensait sécher le travail aujourd'hui se rue dans sa salle de bain, avant d'en ressortir quelques minutes plus tard, parfaitement préparé à sortir. Il consulte son téléphone, et y aperçoit un nouveau message de celle qu'il considère comme sa petite sœur :

[09:06] Qiao Ling ― Tu comptes venir un jour ? Il a déjà demandé trois fois quand est-ce que tu arriverais.

[09:08] Cheng Xiaoshi ― j'arrive

[09:09] Cheng Xiaoshi ― jme suis pas réveillé ce matin je suis là dans 30 min

[09:09] Cheng Xiaoshi ― au pire dis lui de m'attendre dehors, au niveau de l'arrêt de bus

Une fois ces trois messages envoyés le plus rapidement possible, Cheng Xiaoshi reprend sa course pour arriver le plus tôt possible au point de rendez-vous dont il vient de convenir avec Lu Guang. Son cerveau tourne à toute allure, mais il ne prend pas vraiment la tête de traiter les questions qui l'animent, trop effrayé par l'idée de placer ses espoirs de trop haut, et de simplement voir le jeune homme aux cheveux blancs lui dire qu'il a bien réfléchi et n'a toujours aucune envie d'apprendre à le connaître et de développer une relation avec lui.

Pour une fois, la chance est de son côté : il attrape son bus de justesse, et arrive sur son lieu de travail en un temps record, ignorant tous les messages que Qiao Ling lui adresse avec insistance pour savoir qui est ce type et ce qu'il lui veut ― et, par extension, ce que Cheng Xiaoshi lui cache. Rien, aurait-il voulu lui dire, je t'en ai déjà parlé, presque tous les jours, mais tu oublies tout le temps parce qu'on reste coincés dans cette boucle temporelle qui semble ne jamais vouloir prendre fin.

Et en apercevant Lu Guang, qui l'attend sur le perron du bâtiment, Cheng Xiaoshi se demande, pendant une poignée de secondes, si c'était réellement une mauvaise chose. Si cela vaut vraiment la peine de briser la bulle temporelle, si en fin de compte, il ne peut plus voir Lu Guang ensuite.

Peut-être que revivre éternellement ce jeudi infernal a tout de même du bon.

« Qu'est-ce que tu fais là ? » demande Cheng Xiaoshi, le souffle court alors même que c'est techniquement le bus qui avait couru à sa place.

Lu Guang n'a pas son bouquet de coquelicots dans les mains. Il n'est donc même pas passé à son propre travail avant de venir, où Chen Bin aurait dû le lui offrir ― Cheng Xiaoshi n'a pas pris la peine de réitérer sa petite manigance, ayant déjà eu assez de mal à convaincre l'homme de lui faire confiance alors qu'il sortait de nulle part. Heureusement que celui-ci est marié avec son âme sœur et se souvient encore très bien de sa propre bulle temporelle.

« Je te laisse une nouvelle chance de me convaincre, on dirait. »

Pendant une seconde, Cheng Xiaoshi se sent déçu ― son discours de la veille n'a pas suffi, semble-t-il.

Puis, il réalise ce que cela veut en réalité dire. Lu Guang ne lui laisse pas une nouvelle chance de le convaincre de tenter leur relation. Il lui laisse une nouvelle chance de le convaincre qu'elle peut fonctionner. Qu'ils peuvent sincèrement tomber amoureux.

Il esquisse un grand sourire.

Il ne va pas la laisser passer.

JUSQU'À CE QUE FANENT LES COQUELICOTS - 𝗹𝗶𝗻𝗸 𝗰𝗹𝗶𝗰𝗸Où les histoires vivent. Découvrez maintenant