★ CHEN BIN (AUSSI) À LA RESCOUSSE

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NDA ; bonne lecture!

CHAPITRE 22
Chen Bin (aussi) à la rescousse.

À LA grande surprise de Lu Guang, qui s'attend presque à voir Cheng Xiaoshi camper devant sa porte pour lui parler et l'obliger à l'écouter et à leur donner une chance, le samedi qui suit leur retour dans une temporalité normale est étonnamment calme. Tranquille. Comme si tout était à nouveau dans le cours normal des choses, comme si tout ce qui s'est produit au sein de la boucle temporelle n'est qu'une hallucination qui n'a en réalité aucun impact sur sa vie.

Comme si Lu Guang ne se sent pas coupable à chaque fois que ses yeux tombent sur le bouquet de coquelicots encore magnifique sur sa table, parce qu'à chaque fois que cela se produit, il repense à leur dernière conversation, au sourire et aux paillettes dans le regard de Cheng Xiaoshi lorsque le jeune homme aux cheveux blancs lui a confirmé qu'il verra ces fleurs faner, parce qu'ils continueront de se voir même une fois la boucle temporelle brisée.

Lu Guang est lucide et sait que son comportement n'a rien d'honorable ; et il s'attend presque, comme pour le confirmer dans ce sentiment de culpabilité qui lui enserre les tripes, à ce que Cheng Xiaoshi vienne le lui reprocher bruyamment maintenant qu'il connaît son adresse.

Mais le jeune homme aux cheveux noirs n'en fait rien, et le jeune homme aux cheveux blancs ignore comment il se sent vis-à-vis de cela.

Est-il soulagé ? Cela signifie-t-il que Cheng Xiaoshi pense comme lui ?

(Sans doute pas. Les tirades du jeune homme sont encore trop vives dans son esprit pour qu'il puisse sincèrement le croire. Cheng Xiaoshi croit aux âmes sœurs et en leur relation. Il ne va pas si facilement abandonner.)

Le silence de son âme sœur le taraude pourtant ― alors même qu'il aurait dû se sentir soulagé par celui-ci ―, tant et si bien qu'il finit par faire l'inconcevable.

Se confier à son collègue Chen Bin.

Par messages, évidemment, puisqu'ils sont samedi, qu'il ne travaille pas aujourd'hui et qu'il est plus simple pour Lu Guang de prétendre que c'est une triviale affaire par messages interposés.

Le jeune homme sera-t-il dupe, cependant ? Lu Guang n'en est pas si certain.

[17:56] Lu Guang ― Tu penses quoi des âmes sœurs ?

Il n'a jamais demandé son opinion à son collègue, alors même qu'ils partagent le même bureau depuis des années et ont déjà discuté de beaucoup de choses ensemble. Il sait que Chen Bin est marié, mais ignore si son épouse est son âme sœur, ou quelqu'un qu'il a « véritablement » choisi. Ce n'est pas vraiment le genre de choses qui se demande de but en blanc à quelqu'un dont on n'est pas si proche que cela.

[18:00] Chen Bin ― Tu t'es trompé de numéro ?

La réponse de son collègue laisse Lu Guang de marbre. Il peut comprendre l'étonnement de son interlocuteur ; ils s'envoient très peu de messages, surtout pas sur leurs jours de repos et pour se poser des questions aussi philosophiques.

[18:01] Lu Guang ― Non. Je te pose sérieusement la question.

[18:03] Chen Bin ― Je suis marié avec mon âme sœur.

[18:03] Chen Bin ― Donc oui.

[18:04] Chen Bin ― Mais je pense pas que ce soit aussi infaillible que certains ne le prétendent. Juste, on a eu de la chance, on s'est vraiment plu l'un l'autre et on a pu développer une vraie relation.

Lu Guang reste quelques secondes songeur. Il ne pense pas que la situation de son collègue serait si proche de celle qu'il traverse actuellement ― au sens où Chen Bin et son épouse ont réussi ce qu'il se demande s'il peut réussir.

[18:05] Lu Guang ― Comment vous avez fait ? Pour savoir que vous vous aimiez sincèrement, et pas juste parce que le destin vous disait de le faire.

[18:07] Chen Bin ― Demande-toi si tu aimerais autant ton âme sœur si tu l'avais rencontrée dans les mêmes circonstances, mais sans cette histoire de boucle temporelle.

[18:07] Chen Bin ― (j'imagine que tu ne me demandes pas ça pour le plaisir de faire la conversation ;))

[18:09] Chen Bin ― L'essentiel, c'est de mettre de côté toute cette histoire d'âmes sœurs. Imagine juste que cette personne est quelqu'un de ton entourage. Genre, un pote que je t'aurais présenté. Si t'as envie de le date malgré tout, tu sais ce que ça veut dire.

En lisant les messages de Chen Bin, Lu Guang a initialement l'intention de répondre par la négative : il lui semble dans un premier temps qu'il n'aurait jamais eu envie de flirter et de se mettre en couple avec quelqu'un d'aussi extravagant, d'aussi exubérant et d'aussi énergique que Cheng Xiaoshi.

Mais ce n'est que dans un premier temps.

Lorsqu'il pense au Cheng Xiaoshi qu'il a appris à connaître, et non uniquement celui qu'il a initialement rencontré, il admet qu'il a revu à la hausse son opinion initiale.

Cheng Xiaoshi est bruyant, trop extraverti à son goût, impulsif et bien trop candide quant à leur société et au monde dans lequel ils vivent.

Mais il était aussi objectivement beau garçon, presque attachant, avec cette détermination qui enflamme son regard quand il parle de ce qui lui tient à cœur, et ce sourire qui aurait rendu jaloux le soleil.

Lu Guang admet qu'il ne voit plus Cheng Xiaoshi de façon si négative que cela, comme si toute relation entre eux ne pouvait être qu'une fantaisie.

Surtout en oubliant qu'ils sont des âmes sœurs.

Il fixe un long moment les messages échanges entre Chen Bin et lui, avant de se redresser de son lit sur lequel il s'est couché pour lire cela.

Puis, il hésite un long moment sur la manière dont il doit parler à Cheng Xiaoshi. S'il doit seulement le faire (certainement, maintenant qu'il est parvenu à cette réalisation, mais c'est plus facile à dire qu'à faire).

Et alors qu'il y pense encore, il reçoit une notification d'un numéro inconnu.

[18:24] Inconnu ― Il faut qu'on parle.

JUSQU'À CE QUE FANENT LES COQUELICOTS - 𝗹𝗶𝗻𝗸 𝗰𝗹𝗶𝗰𝗸Où les histoires vivent. Découvrez maintenant