★ UN SIMPLE RIRE

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NDA ; merci pour les 1K! <3333

CHAPITRE 17
Un simple rire.

LORSQUE Cheng Xiaoshi ouvre les yeux, pour la première fois depuis neuf « jours », il ne regarde pas son téléphone en premier.

À la place, il les referme aussi sec pour enfoncer son visage tout entier dans son oreiller, sans trop savoir lui-même s'il essaye par ce biais de prolonger son rêve et son sommeil ou de s'étouffer.

Les souvenirs de la veille dansent dans son esprit, comme des papillons qui ne veulent plus le laisser tranquille. Ils se rappellent à lui pour le faire rougir encore un peu plus, accélérer les battements de son cœur, lui remémorer ce qui s'est produit quelques heures plus tôt à peine, alors que Lu Guang était encore assis sur son canapé, à boire la tasse de thé que Cheng Xiaoshi lui avait préparée.

La journée de la veille a des airs irréels.

Et celle d'aujourd'hui en aura sans doute aussi, puisque le service à thé que le jeune homme aux cheveux noirs a laissé sur la table du salon a disparu.

Ou, plus exactement, est revenu à la place où il était la veille, lorsqu'il l'a sorti pour l'utiliser pour son visiteur inattendu.

En toute honnêteté, Cheng Xiaoshi est presque étonné que la boucle temporelle ne se soit toujours pas brisée. La veille, entre guillemets, les deux jeunes hommes sont restés ensemble toute la journée dans le petit appartement de Cheng Xiaoshi, et ont même manqué de s'embrasser.

Le cœur de Cheng Xiaoshi bat à tout rompre dans sa poitrine rien qu'à ce souvenir.

C'est arrivé si naturellement qu'on pourrait penser que le destin lui-même les a conduits jusque-là, à quelques centimètres l'un de l'autre, leurs lèvres si proches qu'elles peuvent se frôler à tout instant. Ils sont restés ainsi quelques secondes, ni l'un ni l'autre n'osant bouger, avant que Lu Guang ne brise le moment de flottement en s'écartant subrepticement de lui, ce qui a conduit Cheng Xiaoshi à reculer pour ne pas devenir gênant ou effrayant.

Regrette-il cela ? Oui, évidemment. Mais d'un autre côté, il est assurément hors de question pour lui de forcer Lu Guang à quoi que ce soit. D'autant plus en considérant le chemin qu'ils ont parcouru pour en arriver là, à être sur le point de s'embrasser. Pour un peu, Cheng Xiaoshi en aurait pleuré. Il a cru, pendant quelques jours, que jamais il ne pourrait convaincre Lu Guang de ne pas se comporter avec lui comme un étranger une fois la bulle temporelle brisée. Et d'ailleurs, il le redoute toujours, d'une certaine façon. Il a encore l'impression que le jeune homme aux cheveux blancs s'enfuira à nouveau dans ses habitudes dès qu'ils seront sortis de cette situation.

Alors, est-il réellement déçu que la boucle ne se soit pas encore brisée ? Peut-être pas.

D'autant plus qu'aujourd'hui, c'est son tour d'aller chez Lu Guang.

Ils en ont convenu ensemble la veille, après le petit incident qui n'a abouti à rien. Lu Guang ira travailler comme à son habitude le matin, au cas où, et ils se rejoindront l'après-midi pour aller chez lui.

Le jeune homme aux cheveux noirs sent son cœur battre encore un peu plus fort à cette pensée.

Il ne va évidemment pas travailler ce matin-là ― il n'a plus le courage de faire semblant de ne pas revivre cette journée pour la neuvième fois avec Qian Jin, Liu Min et ce voleur qu'il a essayé d'attraper, en vain, comme si le destin ne souhaitait pas lui laisser cette chance. Cela le conduit également à espérer, en dépit de ses craintes, que la boucle temporelle se termine bientôt. Il ne peut plus supporter de revivre cette journée humiliante. À la place, il choisit soigneusement de beaux vêtements, et se ronge les sangs le reste du temps, se demandant ce qu'il pourrait bien dire pour faire la conversation avec Lu Guang. Chaque jour avec le jeune homme est un nouveau date et une nouvelle chance de le convaincre encore davantage de leur donner un peu de temps pour voir si les choses peuvent marcher entre eux. Et chaque jour est source de stress pour le jeune homme aux cheveux noirs, qui a attendu toute sa vie d'enfin rencontrer son âme sœur et ne veut pas voir le jeune homme lui filer entre les doigts.

Finalement, l'heure du rendez-vous arrive et Cheng Xiaoshi peut filer à l'entrée de la bibliothèque pour retrouver son âme sœur et son ― presque ― habituel bouquet de coquelicots aussi grand que lui. Le jeune homme aux cheveux noirs est perturbé lorsqu'il ne le voit pas avec ces fleurs aussi rouges que les couleurs les plus vives qu'on voit dans les rues.

Et puis, ces nuances lui vont définitivement très bien.

« Tu préfères quel bouquet, celui de Chen Bin ou le mien ? lui demande-t-il alors qu'ils se dirigent vers l'appartement de Lu Guang, situé plus loin et qui les oblige à prendre les transports pour s'y rendre. La question n'a pas vraiment de sens, mais il est curieux de la réponse ; celle qu'il reçoit toutefois lui fait faire la moue.

« Chen Bin.

― Pourquoi ? proteste-t-il. Le mien est plus gros.

― Mais il m'en offre un tous les jours. » Cheng Xiaoshi le dévisage, se demandant si l'autre se moque de lui. Évidemment qu'il lui en offre un tous les jours, puisque la même journée se répète en boucle ! Il a un avantage certain et il ne s'en rend même pas compte.

« Je peux le faire aussi, si c'est tout ce qu'il te faut. » bougonne-t-il en croisant les bras sur sa poitrine.

À sa grande surprise, le son d'un rire lui parvient. C'est la première fois qu'il l'entend, et il en reste quelques secondes sans voix, s'arrêtant même de marcher tant le choc est grand.

Lu Guang rit.

Un petit rire bien sûr, bref, qui ne dure pas, mais un rire tout de même.

Un rire qui suffit à encore une fois faire battre le cœur de Cheng Xiaoshi un petit peu plus fort.

Un rire doux, presque silencieux, qui lui va bien.

Se retenir d'embrasser le jeune homme aux cheveux blancs va réellement devenir plus dur que prévu.  

JUSQU'À CE QUE FANENT LES COQUELICOTS - 𝗹𝗶𝗻𝗸 𝗰𝗹𝗶𝗰𝗸Où les histoires vivent. Découvrez maintenant