Jour 77 : le matin
Je me réveille, les rayons du soleil glissant sur mon visage, une chaleur douce qui me tire lentement de mon sommeil. Il semble que je me sois assoupie pendant notre conversation de cette nuit, noyée dans la chaleur de l'instant.
Louis dort encore, paisible, ses traits adoucis. Je le regarde un long moment, fascinée par cette sérénité qui émane de lui. La journée, il porte toujours cette expression renfermée, presque colérique. Mais ici, dans cette lumière tamisée, il est différent. Il est plus humain, plus vulnérable.
Étrangement, partager le même lit avec lui ne me gêne pas. Au contraire, il me met à l'aise d'une façon inexplicable, comme si sa présence seule pouvait dissiper toute tension. Il y a en lui quelque chose de rassurant, un don qu'il semble avoir sans effort, et moi, je m'y abandonne sans résistance.
Je repense à notre conversation de la nuit, qui me tourmente encore. J'aurais aimé que nos pères ne se connaissent pas. Cela aurait simplifié tellement de choses entre nous, maintenant, tout se complique. Nous devons nous cacher, ou tout arrêter. Et pourtant, une partie de moi refuse d'abandonner ce que Louis m'apporte. Il est devenu ma bulle de confort, mon refuge. Est-ce que lui aussi ressent cette sensation entre nous ? Je l'ai dit, il est devenu une évidence pour moi, mais partage-t-il mon avis ?
Je suis plongée dans mes pensées quand sa voix, encore ensommeillée, me fait sursauter.
- À quoi tu penses ?
Ses yeux à peine ouverts me fondent sur place, un frisson ineffable parcourt ma peau.
- Je me demandais comment je m'étais endormie...
- Bonne question. Tu ne m'as plus répondu.
- C'est vrai ? demandé-je, un peu confuse. Mince alors...
Louis se redresse lentement, s'appuie sur son bras, et continue de me fixer, son regard plongé dans le mien avec une intensité nouvelle.
- Tu devais être épuisée, dit-il d'une voix rauque, presque inaudible.
Je ne sais pas si c'était la fatigue ou sa simple étreinte qui m'a apaisé.
Sa main se pose sur ma joue, douce, et ses doigts effleurent ma peau avec une tendresse qui me fait frissonner. Mon cœur rate un battement lorsqu'il laisse ses caresses glisser le long de ma clavicule, de plus en plus bas. Je ferme les yeux et me laisse aller, appréciant cette sensation de bien-être.
Ses gestes deviennent plus insistants, ses caresses se transforment en baisers qui remontent le long de mon cou, jusqu'à ma nuque. Je sens mon corps se tendre, ma respiration devenir plus irrégulière. Que m'arrive-t-il ? Je suis perdue dans l'instant, comme suspendue hors du temps.
Tout à coup, je me retrouve allongée sur le dos, Louis au-dessus de moi. Ses mains glissent sur ma peau, explorant mon ventre, mon corps réagit sous son toucher. Envoûtée, je l'attire contre moi, enroulant mes bras autour de son cou, cherchant à découvrir la douceur de sa peau et le moindre recoin de son dos.
Puis je sens les cicatrices. Elles sont nombreuses, dispersées de sa nuque jusqu'à sa taille. Je les frôle du bout des doigts, une à une, mais il y en a tellement que je n'arrive pas à toutes les recenser. À chaque contact son corps se tend, alors je décide de m'arrêter, de l'enlacer simplement, afin de ne pas le laisser souffrir davantage.
Je lutte contre mes désirs, mais ils sont plus forts que moi. Je veux sentir encore ses lèvres sur ma peau, sa chaleur contre la mienne. J'ai besoin de ce contact, de ce lien entre nous. Alors je tente de l'embrasser, mais dès que mes lèvres effleurent les siennes, je le vois se raidir et s'écarter légèrement. Un sentiment de gêne passe sur son visage, quand il s'éloigne brusquement, comme si un choc électrique venait de parcourir son corps, ou qu'il réalisait ce que nous étions en train de faire.
- Désolé... Je me suis laissé emporté... souffle-t-il, d'une voix à peine audible et tremblante.
Louis se détourne de moi, c'est alors que je distingue plus clairement son dos, encore marqué par les stigmates de son passé. Mon cœur se serre en voyant cela, mais je ne peux m'empêcher de poser mes doigts sur ces cicatrices, encore sensibles. Sous mes mains, ce dernier frissonne
- C'est horrible, murmuré-je, les yeux pleins de larmes.
- Cadeau de mon père...
Sa voix est rauque, presque brisée.
Je suis dévastée par ses mots. Comment un parent peut-il infliger de telles souffrances à son propre enfant ?
- Pourquoi, Louis ? Je voulais juste...
- Ce n'est pas toi... s'explique-t-il les yeux fermés, comme pour se donner du courage, j'en ai envie, crois-moi, je te désire plus que tout... Mais je... J'ai du mal à laisser quelqu'un me toucher de cette manière... C'est quelque chose que je dois changer... mais ce n'est pas facile.
Je comprends. Comment cela pourrait-il l'être ? Comment pourrait-il se libérer d'un passé aussi brutal, aussi destructeur ?
- Tu m'aides déjà... ajoute-t-il en serrant les poings, j'arrive à faire des choses que je ne pouvais même pas envisager avant toi... Mais c'est encore dur. J'ai essayé de te repousser, de t'éloigner de toutes les manières possibles, mais... je n'y arrive plus. Je veux te donner ce que tu mérites et ce que je désire de tout mon cœur.
Je l'observe, les yeux fermés, les mâchoires serrées, la douleur visible sur son visage. Nous sommes tous les deux vulnérables, mais peut-être qu'ensemble, nous pourrons guérir.
- Je te comprends, chuchoté-je en posant ma tête sur son épaule. On prendra tout le temps qu'il faudra.

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Rock & Love
RomanceHeavan est une jeune lycéenne en proie à la peur du jugement et à un profond manque de confiance en elle. Dans son nouveau lycée, elle peine à s'intégrer et se garde bien de s'ouvrir aux autres, redoutant les préjugés. Sa rencontre avec Louis, un...