Jour 97 : le midi
Je passe clairement la plupart de mes nuits chez Louis, et mon père ne s’y est jamais opposé depuis qu’il a levé la main sur lui. Peut-être a-t-il compris qu’il ne pourrait jamais me faire renoncer à ce garçon qu’il déteste sans raison ?
Lorsque je rentre chez moi de temps à autre pour prendre des affaires, il ne pose aucune question. Il sait où je vais, mais il se tait. Son silence est un aveu, un mur entre nous. Il sait qu’il a dépassé les limites, et pourtant celui-ci n’a jamais tenté de s’expliquer. Lui qui a toujours voulu que je m’intègre, que je trouve ma place où que j’aille…
Pourquoi a-t-il voulu m’arracher à Louis ?
Bien sûr, parfois je culpabilise. Puis je me reprends : ce n’est pas moi le problème. C’est lui.
Cet après-midi encore, je suis avec Louis. Ces derniers jours je le trouve étrange, comme s'il était tracassé, la tête ailleurs. J’essaie de l’amener à se confier, mais il s’obstine à garder ses pensées pour lui.
Alors que je sors de la salle de bain, la serviette encore nouée autour de mes cheveux, je le surprends devant la fenêtre du salon, son téléphone vissé à l’oreille.
– D’accord… oui, je comprends. Non… Ne t’en fais pas, je vais trouver une solution… Ne te justifie pas, c’était censé être temporaire de toute façon. Merci de m’avoir prévenu… Salut !
Ce dernier raccroche, la mâchoire crispée, le regard figé vers l’extérieur. Ses doigts serrés autour de son portable trahissent une tension sourde.
– Tu vas bien ? demandé-je, soucieuse.
Louis sursaute presque avant de se retourner vers moi, un sourire innocent aux lèvres.
– Bien sûr ! Pourquoi ça n’irait pas alors que je suis avec toi ?
Sa voix est douce, rassurante. Trop rassurante. Un mensonge enrobé d’affection. Il cache quelque chose, mais s’il ne veut pas en parler, dois-je insister ?
– C’était une question stupide… soupiré-je, avant de me rappeler un détail, au fait, j’avais oublié de te prévenir : mon père tient à ce qu’on passe une soirée ensemble ce soir. Juste lui et moi.
Louis hoche la tête sans la moindre trace de contrariété.
– Je comprends. Tu sais, tu n’as pas besoin de mon approbation, Heavan. Je ne suis pas ton père.
– Oui, mais je n’allais pas m'en aller sans te prévenir, rétorqué-je, un sourire gêné aux lèvres
Ce dernier plisse les yeux, tandis que son expression s’illumine d’une lueur espiègle.
– Mmh… Si tu avais tenté de le faire, je t’aurais rattrapée sur le champ, murmure-t-il en s’approchant, et je t’aurais fait comprendre… que ça m’aurait un peu vexé.
Sa voix s’abaisse d’un ton. Son regard devient plus sombre, plus intense.
– Je dirais même… énormément.
Son souffle effleure ma peau, déclenchant un frisson qui me traverse de part en part. En une fraction de seconde, son sérieux s’évapore et un sourire mutin ourle ses lèvres.
Louis...
Ce garçon a un don pour me faire vibrer. Un simple regard de lui me fait perdre pied. Il est à la fois ma plus grande tentation et ma plus douce dépendance.
Quand ses lèvres glissent contre mon cou, déposant une traînée de frissons brûlants sur mon épiderme, je ferme les yeux afin de savourer l'instant. Ses doigts effleurent mon épaule, et d’un geste lent, il fait glisser la bretelle de mon haut.
– Louis… susurré-je, d'une voix tremblante.
– Mmh ?
Je devrais le repousser. Je devrais...
Mais pourquoi je le ferais, alors que j’en meurs d’envie ?
Dans un souffle de désir, je me laisse aller.
Je m’abandonne à ses bras, à son toucher, à ses baisers.
Le reste du monde n'a plus aucune importance, car je ne veux pas partir, pas maintenant.
Mon père peut bien attendre, ce soir est encore loin.

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Rock & Love
RomanceHeavan est une jeune lycéenne en proie à la peur du jugement et à un profond manque de confiance en elle. Dans son nouveau lycée, elle peine à s'intégrer et se garde bien de s'ouvrir aux autres, redoutant les préjugés. Sa rencontre avec Louis, un...