Chapitre 52

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Jour 54 : l'après-midi

Encore essoufflée par ma course impromptue, je me redresse et observe du coin de l'œil Louis en train de tenter de reprendre son souffle.

Celui-ci m'épate de jour en jour. Il m'éblouit aussi de plus en plus. J'ai la sensation qu'il change et évolue en même temps que moi et je n'ai plus cette impression d'être seule au monde.

Comment décrire un tel sentiment qui m'étreint depuis quelques jours maintenant ? Nous étions à l'antipode l'un de l'autre. Aujourd'hui, je dirais qu'on se ressemble plus que ce que je pensais. Il m'aide à regarder ce qui m'entoure d'une manière différente, tout en ne faisant pas grand chose pour ça. Ce garçon est magique, tout simplement. Il me fait l'effet d'un calmant, d'un analgésique, d'une drogue...

En fait, je me sens saine et zen avec lui près de moi. C'est paradoxal quand on y pense.

Je le fixe encore lorsque ce dernier prend la parole tout en posant ses yeux hypnotiques sur moi.

– Tu vas bien ?

J'acquiesce avec un faible sourire.

Soutenir son regard s'avère être une tache encore bien trop complexe pour moi. Il m'impressionne toujours autant malgré des heures passées ensemble. Son aura me frappe brutalement chaque fois que j'ose croiser son regard. Mon cœur flanche et je deviens toute tremblante.

Je ne veux pas qu'il le remarque, alors je l'évite, comme la plupart du temps.

– Tu es certaine ? Pas de maux de tête en vu ?

En même temps qu'il me parle il caresse mes cheveux. Ça faisait longtemps que nous n'avions pas eu de contact comme ça lui et moi. La dernière fois, c'était lors du week-end passé avec lui.

– Je t'assure que je vais bien, je réponds en scrutant les alentours.

– En réalité, je n'aurais pas dû faire ça, mais j'en avais envie, se marre-t-il, en me scrutant de nouveau.

– Faire quoi ?

– T'obliger à fuir avec moi, rétorque-t-il amusé, tu vas probablement avoir des problèmes par ma faute.

Je le fixe derechef, attendant la suite.

– J'aurai dû aller voir la conseillère principale, voire même le directeur dès que j'ai su qui t'avais infligé ça, Heavan. Tout ce qui s'est passé, c'est uniquement de ma faute. Rien ne serait jamais arrivé si j'avais été droit dans mes bottes et honnête dès le début. Au lieu de ça, Bill s'est salement comporté et toi, tu as subi. Tout ça à cause de ma lâcheté, parce que je n'ai pas mit les choses au clair avec tout le monde.

Que devrais-je dire après tout ça ? C'est vrai ce qu'il avance, je trouve qu'il a beaucoup joué au début. Seulement, pas de là à se sentir coupable. Il n'a pas le droit de croire ça. Moi-même, je n'aurais jamais cru qu'il puisse m'arriver une telle chose, surtout ici, au lycée.

– Ça ne regardait personne de toute façon.

– Quand bien même.

Me faire agresser m'a beaucoup marqué, encore aujourd'hui, j'en fais des cauchemars et je longe les murs dès que je rentre dans l'établissement. J'avais déjà beaucoup de mal à faire confiance aux gens, à me sentir à l'aise parmi cette foule française. Je suis une grande phobique des gens qui m'entoure et des lieux trop fréquentés. Alors avec cet incident, je dois dire que cela s'est empiré, mais s'atténue petit à petit grâce à une seule et même personne : Louis.

Il m'aide plus qu'il ne le pense, mais je n'en dis rien, trop effrayée à l'idée qu'il puisse se sentir puissant. En général, les gens qui détiennent ce genre de pouvoir n'hésitent pas à écraser les plus faibles et je ne veux en aucun cas que cela m'arrive. Alors je préfère me taire et rester proche d'une personne qui m'apaise malgré lui, sans qu'il ne le sache clairement.

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