Rock & Love

Chapitre 47

Jour 50 : lundi matin

J'y ai réfléchi tout le week-end, j'ai aussi voulu en parler à mon père, mais je n'ai pas osé de peur qu'il refuse. Alors comme il est parti au boulot bien avant que je parte pour le lycée, j'ai pris mon courage à deux mains et suis passée à l'action.

En arrivant devant l'établissement, j'évite comme à mon habitude la foule à l'entrée principale et tourne vers celle destinée aux livraisons.

Il n'y a personne de ma classe dans le coin à cette heure-ci, car normalement notre matinée commence à dix heures.

L'autre jour, Louis m'a proposé de débuter dès ce lundi matin avant d'aller en cours. Il semble très motivé j'ai l'impression, plus que moi même.

Nous nous sommes donné rendez-vous au fond de la cours près du gymnase. J'ai la sensation d'avoir l'air idiote avec mon étui à guitare dans le dos, à attendre perchée sur le muret.

Dix minutes se sont déjà écoulées et je ne vois toujours personne à l'horizon. Impatiente, je me lève et fais les cent pas quand deux mains m'encerclent le visage et me cachent la vue.

– Devine qui c'est ?

Avant d'avoir eu le temps de répondre, les mains disparaissent et Louis se retrouve face à moi. Hagard, je le regarde de la tête aux pieds. Il est banal en apparence, mais pour moi, il a tout d'un garçon singulier en plus d'être attirant.

Je me suis amplement habituée à son style décalé, et j'aime ça, les gens originaux.

– Heavan ? Tu vas bien ?

– Oui ! Très bien.

– On y va ? me demande-t-il en montrant la salle de musique.

– Tu es sûr que nous avons le droit ?

– Pourquoi pas ? J'y vais souvent et je n'ai jamais eu aucun problème, rétorque celui-ci les sourcils froncés.

– Non, je veux dire, est-ce qu'on a le droit d'y aller alors que nous n'avons pas demandé l'autorisation ?

– Qu'est-ce qu'ils en sauront ? Personne ne surveille, alors pourquoi tu as si peur ?

Je hausse les épaules, ne sachant pas expliquer mon angoisse.

– Attends ! Tu n'as jamais appris à transgresser des règles ?

– Si ! Enfin, non.

Ce dernier rigole avant de me regarder de nouveau, l'air espiègle.

– Alors ce sera ton baptême de l'air ! Aller, assez parlé, viens avant qu'on ne nous surprenne vraiment.

Nous nous dirigeons vers la salle « interdite » et nous y engouffrons en tirant hâtivement les rideaux, nous retrouvant un peu plus dans le noir.

– On se cache alors qu'on va faire de la musique. Tu ne trouves pas ça bizarre ? Je réplique le sourire aux lèvres face à mon affront concernant les règles qu'habituellement je suis scrupuleusement.

– Tu as raison. Très bonne remarque ! C'est assez paradoxal.

Alors que je guette l'extérieur, il me tire en arrière et j'atterrie contre son torse. Il sent bon, son parfum est tellement enivrant que cela me donne le vertige et me brouille la vue.

Louis m'allonge sur le canapé alors que ma vision se voile et que mes oreilles sifflent. Je distingue seulement la tête de celui-ci au-dessus de moi et le son de mon prénom entre ses lèvres.

– Quoi ?

– Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Tu m'entends ? semble-t-il s'écrier alors que je l'entends de loin.

Sans m'en rendre compte, je suis déjà debout à l'extérieur, l'air frais  fouettant mon visage. Je comprends alors que Louis me porte et se dirige je ne sais où d'un pas précipité.

– Écoute le son de ma voix et concentre-toi, dit-il d'une voix paniquée.

Je remarque que nous nous trouvons de nouveau dans un endroit fermé avant d'entendre une tierce personne s'agiter, demandant ce qu'il m'arrive.

– Je ne sais pas, elle s'est écroulée et elle ne me répond pas, explique Louis face à l'infirmière posant un tas de questions, comme si elle était paralysée ou qu'elle est sur le point de faire un malaise.

– Je m'en occupe, retournez en cours.

– Je n'ai pas cours.

Son ton sec et calme pourrait en effrayer plus d'un, mais moi, il m'apaise. J'aimerais qu'il reste à mes côtés, mais l'infirmière ne semble pas de cet avis.

– Il faut que vous sortiez maintenant.

– C'est hors de question ! Je reste avec elle, c'est non négociable.

– Vous allez me parler sur un autre ton, jeune homme, sinon...

Je n'entends plus rien de cette querelle qui semble tourner au vinaigre, mais lorsque je capte de nouveau le son de leurs voix, la femme paraît plus calme et en accord avec Louis.

– Il n'y a pas de souci, elle va sûrement avoir besoin de soutien, dit-elle enfin.

Ce changement soudain est très étrange, ou bien, je n'ai pas tout suivi de leur échange. Dans tous les cas, je me demande beaucoup trop souvent comment Louis arrive à s'en sortir sans avoir aucun problème par la suite.