Fin

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Jour 105 : le matin

Quand je franchis les portes de l'aéroport, mon cœur se serre de surcroît.

C'est une fois de plus à partir de cet endroit que ma vie va de nouveau changer. Je n'ai pas envie de prendre cet avion, toutefois, je n'ai pas vraiment le choix. Je ne suis pas majeure, je ne peux donc pas faire ce que bon me semble, au contraire de Louis qui les a déjà.

Je fais enregistrer mes bagages, traînant des pieds, adoptant une attitude amorphe jusqu'à la salle d'embarquement où je m'affale sur un siège à l'assise peu confortable. Il n'y a pas grand monde pour le moment, mais ce ne serait tarder, car j'étais la première dans la file d'attente.

Patienter va me sembler extrêmement long, il est à peine onze heures et l'embarquement est pour midi. Je suis déjà éreintée, car je me suis levée aux aurores, néanmoins, je suis loin d'en avoir fini avec ce voyage, parce que j'en ai pour au moins quinze heures de voyage jusqu'à Bismarck, sans compter les trois heures de route en voiture jusqu'à chez moi, à Penn.

Hier, après la soirée, Louis est rentré avec moi et autant dire que nous n'avons pas beaucoup dormi. Jamais je ne m'étais sentie aussi comblée, peut-être parce que je savais que c'étaient les derniers instants avec lui. Tout comme lui d'ailleurs. Par la suite, nous sommes restés ensemble jusqu'au soir où il a prétexté devoir faire quelque chose. J'étais déçue, mais je pense plutôt qu'il a préféré fuir nos aux revoirs.

Je m'attendais à mieux comme séparation, mais je peux comprendre que c'est aussi difficile pour lui cette situation. Depuis, je n'ai eu aucune nouvelle de sa part.

Le temps est pluvieux aujourd'hui, j'espère que l'avion sera à l'heure, il ne manquerait plus qu'il soit en retard.

Mon casque sur les oreilles, j'écoute la playlist de mon téléphone alors que d'autres passagers entrent enfin dans la salle. Je me sens un peu moins seule, mais ce qui ne me rassure pas plus que ça.

Impose-toi ! Ne te laisse pas affaiblir par les autres.

La voix de Louis résonne dans ma tête, chaque fois que je me sens faible, ses mots me reviennent. Ils m'aident, me rendent plus forte. Un peu seulement, mais assez pour supporter le fait d'être au milieu d'une foule d'yeux.

Une notification me tire de ma rêverie, un sourire béat fend mon visage à la vu du prénom qui s'affiche.

Prête pour le départ ?

Non, je ne le suis pas, mais il ne faut pas que je sois pessimiste, je dois lui montrer que tout va bien.

Oui ! Ce n'est pas comme si c'était la première fois que je prenais l'avion.

Il y a du monde ?

Je ne sais pas, je n'ose pas lever les yeux, je crains que la bulle que j'ai réussi à créer n'éclate une fois que je verrais leurs regards posés sur moi.

Anxieuse, je me lève et m'abrite contre l'énorme baie vitrée, un peu plus en retrait de la masse humaine qui s'agglutine de plus en plus à mon avis.

Oui, comme pour un vol ordinaire, tu sais.

Tu as l'air angoissée.

Ses messages touchent dans le mille, et il me répond vite. Ça me rassure, je pensais ne plus avoir de ses nouvelles.

Tu me connais, mais ça va, je t'assure.

Laisse-moi en douter. Tu dois sûrement te recroqueviller dans un coin de la salle d'embarquement.

Comment tu sais que je suis déjà dans cette salle ?

Simple déduction. Tu écoutes ta musique ?

Tu es devin ?

J'ai appris à te connaître, tout simplement.

– J'écoute ta dernière composition.

– Vraiment ? Ça me fait plaisir.

Tu sais quoi ? Tu me manques déjà...

Une boule se forme dans mon ventre rien que de lui envoyer ses mots. J'aimerais tellement qu'il soit là avec moi.

Je ne sais pas ce qui est le pire entre le fait d'avoir envoyé ce message, ou le fait qu'il ne me répond plus.

Je sais.

Sa réponse me fait sourire, mais j'aurais aimé une réponse plus enthousiasme.

Tu devrais te détourner de cette baie vitrée.

Qu'est-ce qu'il raconte ?

– Moi aussi, tu m'as affreusement manqué, murmure une voix à mon oreille.

Mon cœur ne fait qu'un tour, je me retourne brusquement et aperçois le visage du garçon que j'aime éperdument.

– Comment tu... ?

– Je ne pouvais pas te laisser partir sans rien faire. Il fallait que je sois là.

– Mais comment tu as réussi à venir jusqu'ici.

– Avec ça, me dit-il en brandissant un billet d'avion.

– Qu'est-ce que c'est ?

– Je pars avec toi, Heavan.

Ses paroles sonnent comme un tollé, j'ai du mal à comprendre, tous mes sens sont brouillés.

– Tu, tu as dit quoi ?

– Je viens avec toi. Il n'y a rien qui me retiens ici.

– Et tes projets ? Tes contrats ?

– Ils n'existent plus depuis un bon moment.

– Comment ça ?

– Tout le monde s'est rétracté, m'annonce Louis en haussant les épaules.

– Mais pourquoi ?

Ce dernier grimace avant de m'expliquer :

– Sur le coup, je n'ai pas compris, mais à présent, je me doute du sale coup qu'on m'a fait.

Je le questionne du regard afin de le pousser à m'en dire plus.

– Dans les jours qui ont suivi ma bagarre avec Bill, tout le monde m'a lâché. Je me suis posé des questions, mais sans plus. Au fil du temps, tout s'est enchaîné et puis j'ai fait le lien. Il a raconté n'importe quoi sur mon compte et c'est comme ça que mes contrats sont partis en fumée. Pour ne rien arranger, il y a quelques jours, le père de mon pote qui me logeait m'a annoncé qu'il tenait à vendre sa maison.

– Ce n'est pas vrai...

Alors c'était ça cet appel qui l'avait mis dans tous ses états ?

– Dans tous les cas, même si tout cela ne s'était pas produit, je serais quand même parti avec toi, ou bien, je t'aurais rejoint.

– Mais ton père, il...

– Je ferais avec. Tant que nous sommes ensemble, je peux tout supporter.

Les larmes aux yeux, je me jette à son cou, touchée par son dévouement et son amour inconditionnel.

– Je t'aime ! Je t'aime tellement si tu savais !

Je souhaitais jusque-là qu'il m'accompagne jusqu'à l'aéroport, mais je ne pouvais pas rêver mieux. La boule d'angoisse qui enflait dans mon estomac a entièrement disparu, un regain d'énergie et d'espoir m'habite de nouveau.

Je vais rentrer chez moi avec lui. Je n'arrive pas à le croire.

– C'est ça le problème, Heavan. Tu m'as rendu fou de toi.

Main dans la main, nous montons quelques minutes plus tard dans l'avion, prêt à redémarrer une nouvelle vie à deux et dans un autre pays.

Finalement, il avait tort. Notre histoire a bien un happy-end.

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