Chapitre 33

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Jour 35 : Dimanche tôt le matin

Je suis à bout de souffle. Je déambule dans les rues plongées dans l’obscurité, un peu avant deux heures du matin. Mon père me tuerait s’il apprenait que j’ai quitté la maison à une heure pareille ! J’espère de tout cœur qu’il ne s’en rendra pas compte, sinon je suis fichue.

Mais sérieusement, qui traîne dehors à cette heure-ci ? Je me pose la question en maudissant ma propre bêtise. Il faut être totalement fou pour faire ça.

Et justement, une idée complètement paranoïaque s’insinue dans mon esprit. Et si tout ça était une blague ? Une vengeance calculée ? Peut-être que Louis est tranquillement chez lui, rigolant à l’idée de me voir errer dans la nuit comme une idiote. Ou pire, peut-être est-il encore chez cette fameuse "copine", hilare devant son téléphone, avec elle à ses côtés...

Je secoue la tête, agacée par mes propres pensées. J’arrive près du lycée, et une autre idée, encore plus angoissante, surgit. Et si c’était un piège ? Une mauvaise blague pour m’humilier ou un bizutage ? Non, impossible. Je ne fais partie d’aucun groupe ni cercle assez tordu pour que ça arrive. Pourtant, mon cœur bat de plus en plus fort, et la peur me gagne malgré moi.

Je m’arrête près du banc où je m’assois souvent ces derniers temps. L’endroit est désert. Le lycée a une allure bien plus sinistre de nuit que de jour, avec ses ombres qui s’étirent et ses fenêtres obscures. Un décor parfait pour un film d’horreur.

– Sale traître ! marmonné-je en me frottant les bras pour lutter contre le froid.

– Pourquoi tu dis ça ?

Une voix surgit derrière moi. Je sursaute et pousse un cri strident, mon cœur manquant de s’arrêter.

– Mais quel crétin, ma parole ! Tu m’as fait peur ! m’écrié-je, le souffle court, tentant de calmer ma panique.

Dans la pénombre, je distingue Louis, ses épaules secouées par un rire silencieux. Ce type est vraiment insupportable.

– Bon, tu voulais que je vienne, je suis là. On fait quoi maintenant ? lancé-je, les bras croisés.

– Tu veux qu’on fasse quoi à presque deux heures du matin ? répond-il en s’asseyant nonchalamment sur le banc, un sourire moqueur aux lèvres.

– Je dormais, je te signale ! répliqué-je furieuse. Fais ce que tu veux, mais moi, je rentre chez moi.

– Attends !

Ce cancre m’attrape par le bras avant que je n’aie le temps de partir. Je le fusille du regard, mais dans cette obscurité, je doute qu’il le remarque.

– Je ne peux pas rentrer chez moi, dit-il., j’ai besoin d’un bus, mais à cette heure-ci...

Je hausse les épaules, perplexe. Pourquoi m’a-t-il fait venir s’il n’a aucune solution pour rentrer ?

– Tu aurais dû rester chez ta copine, ou mieux, y penser avant et rester chez toi !

– Elle était o-ccu-pée, réplique-t-il en articulant chaque syllabe, un sourire en coin.

Je roule des yeux.

– Peu importe ! Tu es en train de me mettre dans une situation compliquée, là.

– Pourquoi ? Je ne comprends pas.

– Eh bien, je ne vais pas te laisser dehors ! Mais je ne peux pas non plus t’inviter chez moi. Mon père poserait un millier de questions et risquerait de très mal prendre le fait que j’ai fait le mur. Tu vois le genre ?

Louis reste silencieux, fronçant les sourcils comme s’il réfléchissait intensément.

– Quoi ? demandé-je, agacée par son air mystérieux.

– Chut ! dit-il en levant un doigt devant lui. Je visualise la scène.

Je l’observe, incrédule, tandis qu’un sourire goguenard s’étire lentement sur ses lèvres.

– Quoi encore ?

– Toi et moi, et ton père... murmure-t-il, son expression espiègle.

– Ça suffit ! Soupiré-je exaspérée. Tu es fatiguant. Et peut-être un peu éméché aussi, non ?

– Pas du tout, je t’assure !

Je suis presque désespérée. Ce gars est ingérable ! Tout ce que je veux, c’est retrouver ma couette et me réchauffer. Ce froid glacial s’infiltre partout, jusqu’au bout de mes orteils. J’aurais dû mettre des chaussettes plus épaisses...

– Bon, finis-je par dire, résignée, on y va.

– Où ça ? Quzstionne-t-il, feignant l’innocence.

– Très drôle, Louis ! Ne me fais pas croire que tu n’attendais pas exactement ça.

Son sourire carnassier confirme mes soupçons. Il avait tout prévu, évidemment.

Il m’a bien eue, mais à charge de revanche, il ne m’aura pas si facilement la prochaine fois.

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