Chapitre 32

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Jour 34 : samedi soir

Il est vingt et une heures lorsque je rejoins ma chambre. Je ne suis pas fatiguée, mais mon père est allé se coucher tôt et je préfère m'installer dans mon lit avec un bon bouquin au lieu de rester seule dans un énorme salon rien que pour moi.

Je reprends ma lecture du week-end dernier. En fin de semaine, je lis autre chose que les livres du lycée, cela me permet de me changer les idées et de me vider la tête. Alors ce soir, j'opte pour du fantastique, L'Appel de Cthulhu de Lovecraft.

Mon téléphone se met à vibrer sur ma table de chevet, je me redresse en sursaut, surprise. Visiblement, j'ai été mauvaise langue, car je me suis assoupie le livre à la main. Je jette donc un œil à mon écran et m'aperçois que j'ai reçu un message.

Intriguée par l'heure tardive, je l'ouvre et le lis, prise de court :

« Tu dors ? »

C'est un message de Louis. Où a-t-il bien pu dégoter mon numéro ? Je suis quasiment certaine que je ne lui ai jamais donné ! Prise de court, je réponds laconiquement, ne sachant pas à quoi m'attendre depuis que je lui ai écrit ce petit pavé sur sa feuille.

« Plus maintenant... »

Sa réponse arrive en quelque seconde. Quel record !

« Viens me chercher, stp », me demande-t-il.

Il se moque de moi ? Je suis en pyjama, dans mon lit bien au chaud et il me demande de venir le chercher quelque part dans cette immense ville, en pleine nuit dans un climat froid et humide ? N'importe quoi ! Et puis qu'est-ce qu'il fait dehors à cette heure-ci ?

« Ha ha ha ! » je réponds en reposant mon téléphone et en me recouchant bien confortablement dans ma couverture.

Hélas, l'accalmie ne dure pas longtemps, deux minutes après je reçois de nouveau un message de sa part. Excédée, je soupire et me bouche les oreilles. Malheureusement j'entends quand même le son du vibreur résonner dans mon oreiller. Quelle poisse !

« Heavan ! »

« Heavan

Il y a peu de secondes entre ces deux messages, je me dis que c'est peine perdue, il ne me lâchera pas de sitôt si je ne lui répond pas :

« Quoi encore ? »

« Viens me chercher ! » renvoie-t-il comme s'il avait fait un copier-coller.

C'est qu'il est téméraire ce garçon, mais se rend-il compte qu'il y a des gens qui dorment à une heure pareille ?

« Je dors. »

« Menteuse ! Tes doigts te trahissent. Viens ! »

« Non. Pas à l'heure qu'il est, soit 23h53 ! Et puis comment veux-tu que je vienne te chercher dans ta jungle ? »

« Je suis non loin du lycée. Viens ! »

« Sans moi ! D'ailleurs, qu'est-ce que tu fiches là-bas à cette heure-là ? »

« Fête chez une copine... »

Chez une copine ? Je ne sais pas pourquoi, mais rien que de lire cette phrase, mon cœur se serre. Est-ce qu'il la trouve intéressante ? Pourquoi il était chez elle ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Je me fais tout un tas de films alors que Louis est juste... Un ami ? Oui, c'est ça, Louis un mon ami, rien de plus.

« Demande-lui de te ramener chez toi. » je réplique en attendant sa réponse.

« Impossible. Elle est occupée... »

« Quoi ? Elle pourrait au moins avoir la décence de ramener ses amis chez eux, non ? »

« Mmh... Ça va être compliqué là. »

« Pourquoi ? »

« Occupée, je te dis. »

Je ne comprends pas bien où il veut en venir, à moins que j'aie les idées trop bien rangées pour m'imaginer autre chose.

« Bon, tu viens oui ou non ? » me relance-t-il, clairement impatient, « Je caille ! »

« Je ne peux pas. Je n'ai pas le permis ici et mon père dort. »

« Tant mieux ! Donc t'es open. Viens vite. »

Décidément, il est têtu ce mec ! Je me sens presque obligée d'y aller. C'est désolant...

« J'arrive... Mais je serais à pied. Heureusement pour toi, je n'habite pas très loin. »

« Contrairement à moi. Dépêche ! »

« Détends-toi, sinon je reste bien au chaud dans les bras de mon copain. »

Je ne sais pas si mon message l'a déstabilisé, néanmoins il met beaucoup plus de temps à me répondre.

« ??? Je le connais ? »

Je pensais qu'il allait comprendre, mais son cerveau ne doit pas bien tourner, peut-être à cause du froid qui gèle ses neurones.

C'est amusant, alors je ne dis rien et me prépare à la hâte avant de me mettre en route, le laissant gamberger sur ce possible copain qui n'est autre que mon lit bien aimé.

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