11. Crépuscule

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"Cet effrayant univers sans fond et sans limite, qu'on appelle la pensée."

Victor Hugo.














11. Crépuscule

















Ice





Debout devant la grande baie vitrée, je contemple le soleil couchant, un dégradé orange flamboyant. Le dernier acte du soleil. Peu de choses captent mon intérêt morne, mais si je dois confesser mon admiration, c'est pour ce spectacle quotidien.

Mon affection particulière pour ce crépuscule ? Elle réside dans sa prédiction tranquille de l'arrivée de la nuit, une obscurité enveloppante qui apaise avec son silence.

Les mains ancrées dans mes poches, mes yeux suivent la disparition progressive du soleil. Il se couche ici pour renaître ailleurs. La vérité, c'est qu'il ne connaît pas le sommeil, alors pourquoi perpétuer ce mensonge évident ?

"Il se couche."

Une assertion trompeuse.

Tout comme moi.

Mes raisons sont multiples, mais quelles sont les tiennes ?

Pourquoi t'acharner à illuminer un monde qui semble mériter la noirceur que ton absence accentue ?

Cette noirceur, c'est l'œuvre des humains pour ce monde.

Alors, pourquoi t'éveiller chaque jour, ramenant ta lumière dans l'intention de dissiper cette obscurité ?

— Alors Ice, qu'en penses-tu, toi ? m'interrompt Felipe, me ramenant brutalement de mes pensées obscures.

— Et qu'est-ce que tu veux que j'en pense ? je demande, le regard toujours fixé sur le crépuscule.

En cet instant, rien d'autre ne peut me captiver. Je suis déterminé à le voir disparaître complètement.

— Étant celui qui a passé le plus de temps avec la puta, tu peux sûrement nous dire si elle est plutôt docile ou féroce, lance-t-il avec des sous-entendus, arborant un rire diabolique.

Le genre de rire...

Qui me fait saigner des oreilles.

Qui me donne envie d'exploser son crâne.

C'est à ce moment que je me retourne pour lui faire face.

Mes yeux fixent les siens.

Felipe Ramirez. Il dirige le Cartel mexicain nommé Feroz. Le trafic de drogue entre les États-Unis et le Mexique est sous son contrôle. Il était présent cette nuit-là lorsque nous avons été interrompus par elle.

— Elle n'est pas soumise comme ta mère, Felipe, si c'est ce que tu veux entendre.

Voir son visage se décomposer esquisse un léger sourire narquois sur mes lèvres. Il fronce les sourcils de colère et serre les dents. Puis il serre ses poings sur la table.

— Qu'est-ce qui te prend, mierda ?!

— La prochaine fois, tes insinuations, tu te les fout dans le cul.

— La baise était si mauvaise que ça ?

Son ton provocant me fait froncer les sourcils.

Je déteste ça.

— Préviens-moi, ça m'évitera de lui passer dessus ! continue-t-il un sourire provocateur ourlant son visage.

D'un geste brusque, mes mains quittent mes poches et se posent sur mon visage que je frotte vigoureusement. Puis, ma main caresse mon menton. Je continue de le fixer.

AMARAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant